Le succès de l'opération, qui fait partie des serpents de mer du marché depuis des années, n'est pas garanti car les actionnaires de la filiale allemande sont friands du gros dividende versé depuis des années (6,7% en moyenne sur les neuf dernières années, et 10,5% projeté en 2023, avant la hausse du jour). Pour forcer la décision, Telefonica a annoncé que le dividende de Telefonica Deutschland sera réduit à l'avenir.

"Nous craignons qu'il soit nécessaire d'apporter ses titres à l'offre", explique ce matin l'analyste d'AlphaValue Jean-Michel Salvador à ses clients. Il rappelle que l'événement inattendu d'août dernier, l'accord d'itinérance signé entre 1&1 et Vodafone en Allemagne, ampute l'Ebitda de Telefonica Deutschland de 15% à partir de 2025. L'opération coûtera 1,97 Md€ à Telefonica, pour les 28,2% non détenus.

Telecom
Les 20 plus grosses capitalisations télécoms en Europe (Source Zonebourse)

Les intérêts minoritaires sont nombreux en Europe dans les télécoms

En Europe, les opérateurs télécoms dominants sont souvent les anciens monopoles comme Deutsche Telekom, Orange ou BT Group. Il existe pas mal de participations croisées. Par exemple, l'anglais Vodafone détient 33% de l'italien InWit. Le mexicain America Movil contrôle 51% de Telekom Austria et possède 18,7% du néerlandais Royal KPN. Orange possède 50,7% d'Orange Polska et 77% d'Orange Belgium. Deutsche Telekom n'est pas en reste avec 53% du croate Hrvatski Telekom (Croatie), mais aussi 63,5% de Magyar Telekom (Hongrie) et 52% de Hellenic Telecom (Grèce), sans oublier 55% de T-Mobile US. Telecom Italia est détenu à plus de 23% par Vivendi. Quant à BT Group, c'est Patrick Drahi (Altice) qui possède la plus grosse fraction du capital (24,5%). L'allemand United Internet contrôle 78,3% de 1&1. Même les Etats sont présents : la Belgique est propriétaire de Proximus (53,5%), la Suède de Telia (41%), tandis que l'Allemagne possède encore 30,5% de Deutsche Telekom. La France est à la tête de 13,4% du capital d'Orange.

Pour autant, les OPA sont assez rares dans le secteur. Les opérations transfrontalières ont rarement été couronnées de succès et les opérateurs ne s'y risquent plus. Les rachats de minoritaires, comme l'opération de Telefonica sur Telefonica Deutschland, réveillent parfois le marché. Mais elles peuvent aussi échouer : en 2021, Orange avait proposé une porte de sortie aux minoritaires de sa filiale belge, mais n'avait pas obtenu assez de titres pour retirer Orange Belgium de la cote.