Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Vous me pardonnerez je l'espère cet impudent parallèle entre un grand vers de la poésie française et la fermeture de Wall Street hier, mais il faut bien dire qu'il ne se passe pas grand-chose en début de semaine sur les marchés quand le chef d'orchestre a décidé de se la couler douce. Pendant que les financiers américains célébraient la journée des Présidents, les places boursières européennes n'ont pas fait preuve d'une activité débordante. L'indice large Stoxx Europe 600 a grappillé 0,07%, pendant que les destins nationaux, si je puis dire, étaient disparates. Dans le rouge à Paris, Berlin, Madrid, Milan ou Amsterdam et dans le vert à Londres, à Zurich, à Bruxelles ou à Oslo. Ceux qui connaissent un brin les marchés peuvent conclure de cette cartographie sommaire que les valeurs défensives, de l'énergie et des matières premières ont (un peu) mieux fonctionné que les autres. Et ils ont raison, même si les variations étaient plutôt contenues.

La prudence et la pandiculation étaient donc de mise hier, dans le sillage d'une fin de semaine précédente déjà assombrie par les doutes sur la trajectoire de la politique monétaire de la banque centrale américaine. Des doutes qui semblent assaillir les banquiers centraux eux-mêmes, sans que j'arrive à me décider entre "c'est terriblement inquiétant" ou "finalement, c'est rassurant qu'ils ne contrôlent pas tout". A moins qu'il ne soit terriblement inquiétant qu'ils tentent de faire croire qu'ils maîtrisent la situation alors que non, pas du tout. Bref, il est toujours un peu vertigineux d'imaginer qu'en dépit de toutes les données qui nous inondent et dictent nos comportements, il n'y a peut-être personne au contrôle (comme dans ces Mathématiques Souterraines).

Mais puisqu'il faut quand même essayer de prévoir le coup d'après, les marchés américains reviennent en selle aujourd'hui au moment où S&P publiera les indicateurs PMI avancés de février. Ils sondent en direct le moral des directeurs d'achat d'entreprises dans l'industrie et les services, pour donner une bonne image de la dynamique économique du moment. Ils vont être égrenés tout au long de la journée, en commençant par le Japon où ils sont ressortis mitigés, avec des services dynamiques mais une industrie manufacturière bien plus prudente. D'autres pays vont suivre, jusqu'aux Etats-Unis à 15h45. Les PMI américains résonneront plus fort que les autres parce qu'ils sont censés donner des indications sur la politique monétaire à venir de la Fed. Enfin, selon l'interprétation qu'en fera le marché et qui est loin d'être une science exacte. Le scénario qui renforcerait les craintes de court terme des investisseurs est celui de l'annonce de PMI plus robustes que prévu, qui feraient craindre un durcissement de la politique de la Fed, qui ne veut pas laisser repartir l'économie sans avoir mis l'inflation en coupe réglée.

Ailleurs dans l'actualité, les résultats des entreprises continuent à tomber, avec des chiffres solides. Les bénéfices restent élevés et les perspectives ne sont pas particulièrement dégradées. Tout porte à croire que les sociétés continuent à faire passer leurs hausses de coûts sur le consommateur sans se heurter, pour le moment, à des revers de fortune. Peut-être que c'est cela aussi qui inquiète les banques centrales, puisque cette situation est loin d'être déflationniste. Sur l'agenda du jour, plusieurs valeurs européennes emblématiques (HSBC dans la banque, BHP dans la mine, Capgemini dans le consulting) et le duo de la distribution Walmart / The Home Depot aux Etats-Unis.

Dans le volet géopolitique, la visite de Joe Biden à Kiev fait couler beaucoup d'encre, surtout après la multiplication des engagements d'envoi de matériel de l'OTAN à l'Ukraine. La Russie, isolée, ne bénéficie pas véritablement de soutiens officiels majeurs, même si la Chine a appelé à une désescalade du conflit. Xi Jinping doit prononcer un discours important vendredi, un an jour pour jour après le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine. Vladimir Poutine, de son côté, est attendu aujourd'hui avec un discours sur l'état de la nation à la Douma. Pendant ce temps à Londres, le premier ministre Rishi Sunak s'emploie à convaincre l'aile dure des conservateurs d'adhérer à son projet d'accord post-Brexit en Irlande du Nord.

Sur les marchés d'Asie-Pacifique ce matin, c'est encore la baisse qui domine. Le Nikkei 225 a perdu 0,2% à Tokyo, comme l'ASX 200 à Sydney. Shanghai cède 0,3% et Hong Kong plus de 1,5%. L'ambiance est meilleure à Séoul (+0,2%) et à Bombay (+0,4%). Les indicateurs avancés européens regardent légèrement vers le bas, de concert avec les "futures" américains. Le CAC40 a démarré la séance en baisse de 0,2% à 7320 points, comme le SMI, à 11243 points.

Les temps forts économiques du jour

Profusion d'indicateurs PMI flash pour le mois de février, notamment dans la zone euro (10h00) et aux Etats-Unis (15h45). Il faut ajouter à cela le sondage ZEW des milieux financiers allemands (11h00) et les chiffres de l'immobilier ancien aux Etats-Unis (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro varie peu autour de 1,0665 USD. L'once d'or est au diapason à 1838 USD. Le pétrole est relativement stable, avec un Brent de Mer du Nord à 83,13 USD le baril et un brut léger américain WTI à 76,64 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 3,85%. Le bitcoin revient à portée de 25 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : reprend le suivi à surpondérer en visant 2,30 EUR.
  • Antin Infrastructure : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 25 EUR.
  • Asos : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 850 à 1050 GBp.
  • CD Projekt : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 100 PLN.
  • Currys : Numis Securities passe de vendre à alléger en visant 65 GBp.
  • Deutsche Börse : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 190 EUR.
  • DFS Furniture : Numis Securities passe de conserver à alléger en visant 135 GBp.
  • EasyJet : Barclays démarre le suivi à pondération en ligne en visant 510 GBp.
  • Freenet : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 27 à 28 EUR.
  • Howden Joinery : Berenberg passe de conserver a acheté en visant 870 GBp.
  • Idorsia : Vontobel reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 28 à 25 CHF.
  • International Consolidated Airlines : Barclays démarre le suivi à pondération en ligne en visant 160 GBp.
  • Lufthansa : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 14,80 EUR.
  • Meier Tobler : Research Partners passe de vendre à conserver en visant 39 CHF.
  • Next : Numis Securities passe d'acheter à conserver en visant 6700 GBp.
  • Pets at Home : Numis Securities passe d'acheter à conserver en visant 410 GBp.
  • Puma : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 96 à 100 EUR.
  • Ryanair : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 23 EUR.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 292 à 322 CHF.
  • Technip Energies : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 17 à 22 EUR.
  • Umicore : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 38 à 32 EUR.
  • Wizz Air : Barclays passe de surpondérer à souspondérer en visant 2400 GBp.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Capgemini : la croissance organique devrait ralentir dans la fourchette 4 à 7% cette année.
  • Edenred : les résultats 2023 seront conformes au plan de moyen terme 2022/2025. Le free cash-flow a atteint un pic historique en 2022.
  • Engie : vise pour 2023 un résultat net récurrent part du groupe entre 3,4 et 4 Mds€.
  • Worldline : les résultats 2022 sont conformes aux attentes. Pour le nouvel exercice, les revenus devraient progresser de 8 à 10% avec une marge en hausse.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le fonds activiste britannique TCI a demandé à Airbus de renoncer immédiatement à son projet d'achat d'une participation de 29,9% au capital d'Evidian (Atos).
  • S&P a relevé la perspective de la notation crédit "BB+" de Renault de négative à stable.
  • Le directeur général adjoint de la Société Générale, Sébastien Proto, candidat malheureux à la succession de Frédéric Oudéa, va quitter la banque en juin.
  • Kering émet pour 1,5 Md€ d'obligations en deux tranches.
  • Sodexo lance Vita, un socle minimum commun d’avantages sociaux pour ses collaborateurs.
  • Catana rachète Composite Solutions pour créer un pôle motonautique au Portugal.
  • Namr vend son cadastre solaire SolaR à l'agglomération de La Rochelle.
  • Shell et Global Bioenergies ont signé une extension au contrat initial de recherche sur les carburants routiers renouvelables.
  • NFL Biosciences obtient 1,7 M€ de Bpifrance dans le cadre des Investissements d'avenir.
  • Winfarm renforce son management.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Covivio, Altamir, MyHotelMatch, Atland, Covivio Hotels, DLSI

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BHP : le titre souffre après l'annonce des résultats et la réduction du dividende.
  • HSBC : le bénéfice du T4 atteint 6,83 Mds$. La banque réfléchit à verser un dividende exceptionnel de 0,21 USD par action.
  • Straumann : la croissance organique 2023 a atteint 15,7%. La marge a légèrement reculé à 26%. Elle devrait ressortir autour de 25% cette année. Un dividende en hausse de 0,80 CHF sera proposé.
  • Temenos : les résultats 2022 sont en baisse. Le groupe s'attend à une stabilité de ses revenus cette année, alors que les banques sont toujours frileuses pour investir.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures