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(Easybourse.com) Quelles sont les perspectives d'évolution des marchés financiers à l'heure actuelle ?
Le marché risque de continuer à être assez volatil dans les semaines à venir. En particulier, le marché interbancaire et le marché du crédit qui ne sont pas encore stabilisés.
Globalement, les marchés actions ont plutôt bien résisté. Ils ont connu une baisse de 6 % par rapport à leur plus haut niveau  dans une situation financière pourtant assez sérieuse eu égard aux injections massives de liquidités supérieures à ce que nous avions eu en 2001.

Que pensez-vous des injections massives de capital faites par les banques centrales ?
Les banques centrales ont joué leur rôle de prêteur de dernier ressort. La situation était complètement bloquée que ce soit sur le marché du crédit ou sur le marché interbancaire.

Mais ne pensez-vous pas que cette intervention n'a fait que reporter le problème à plus tard ?
Ce n'est pas le rôle des banques centrales d'intervenir pour remédier à la mauvaise qualité des crédits octroyés ou des différents montages financiers qui ont été réalisés.
Elles sont là pour s'assurer que l'économie soit financée dans de bonnes conditions et qu'il y ait pour cela suffisamment de liquidités sur les marchés interbancaires.

Ne pensez-vous pas que l'intervention des banques centrales va alimenter le marché de la spéculation ?
Non je le ne pense pas. C'est d'ailleurs pour cela que les banques centrales n'ont pas agi directement en diminuant les taux directeurs mais en diminuant les taux d'escompte.
Une situation de crise est toujours délicate à piloter. Si elles étaient intervenues directement en diminuant les taux directeurs, elles auraient envoyé un signal fort au marché avec le risque d'être alarmistes.
Elles ont simplement voulu donner de la respiration au marché interbancaire. La restauration d'un climat plus serein nécessite plusieurs étapes : tout d'abord réinstaller de la liquidité sur les marchés puis réinstaurer la confiance.
Concernant ce dernier point, les choses ne sont pas évidentes parce que justement nous sommes actuellement dans une véritable crise de confiance liée à un manque crucial de transparence de la part de certains opérateurs. Malgré toute la liquidité injectée, la situation reste tendue.

Qui sont selon vous les  responsables de cette crise : les banques ou les fonds d'investissement ?
Les fonds d'investissement sont des opérateurs qui prennent des risques généralement en lien avec leur horizon de placement et qui assument ce risque. Certains fonds monétaires réputés sans risque mais impliqués dans cette crise ont sans doute fait preuve d'imprudence. Les banques ont quant à elles participé à l'explosion de montages financiers complexes en mettant hors bilan les risques alors portés par d'autres acteurs.

Comment voyer vous évoluer la situation aux Etats-Unis dans les prochaines semaines, les prochains mois ?
Du point de vue des marchés financiers, si nous considérons les actions, les valorisations sont revenues à des niveaux attractifs que ce soit en termes de prime absolue ou de prime de risque.
Par ailleurs et pour l'instant la croissance des bénéfices est plutôt supérieure aux attentes.
Néanmoins des incertitudes portent sur l'évolution macroéconomique. La crise aura certainement des répercussions sur la consommation. Et il risque d'y avoir alors de la volatilité. Nous sommes remontés de 7/8 % par rapport au plus bas. Par rapport au plus haut, nous avons eu une correction de 6% pour une crise qui était assez grave. Les marchés ne nous semblent donc pas stabilisés.

Qu'en est-il du secteur de l'immobilier ?
La situation est déjà suffisamment grave et ne semble pas se stabiliser. Elle aura de toute façon des impacts sur la consommation.

Quels impacts aura la crise financière sur les pays émergents ?
La croissance dans ces pays reste forte. Les investissements directs qui génèrent de la croissance et des débouchés pour les autres économies que ce soit l'Europe ou les États-Unis dans le domaine des biens d'équipement et des commodités perdurent.
Ces pays doivent rattraper leur retard. En réalité, le fait que la consommation américaine ralentisse ne change pas fondamentalement la donne tant que le risque de récession est écarté. Les investissements continuent que ce soit pour créer des réseaux d'électricité, des routes, des chemins de fer,...
Ainsi si nous observons ce qui s'est passé au premier trimestre de cette année, la croissance du PIB a été assez faible aux États-Unis pour autant, la Chine a continué à connaître une croissance importante.
L'enjeu consiste aujourd'hui à mesurer quel impact pourrait avoir sur la Chine et les émergents, une tétanie du consommateur US, quel relais de consommation domestique pourrait être pris localement en Chine et ailleurs ? Un peu tôt pour le dire avec certitude !

Croyez-vous que la BCE procédera à un  relèvement des taux d'intérêt ?
Cela ne me semble pas plausible dans l'immédiat .Si la situation se normalise, la BCE pourrait toutefois achever son cycle de resserrement 25bp plus haut, tant la croissance monétaire reste forte.

Qu'en est-il de votre stratégie d'investissement ? Quels sont les valeurs ou les secteurs que vous privilégiez ?
Nous étions sous-pondérés dans les financières depuis le début de l'année. Non pas parce que nous avions anticipé la crise, mais nous avions considéré que les banques, en Europe essentiellement, avaient bénéficié d'un contexte historiquement favorable au cours des trois années précédentes avec un effondrement des taux d'intérêt qui avait suscité un engouement pour les crédits de manière phénoménale notamment dans l'activité immobilière.
Dans le contexte de l'aplatissement de la courbe des taux, nous avons estimé qu'il serait plus difficile de faire des marges d'intérêt. Il y avait alors une limite à la croissance des crédits immobiliers, le tout sur des retours sur fonds propres qui culminaient à leur plus haut niveau historique.
De ce fait nous n'avons pas changé notre stratégie. Nous n'avons quasiment pas de financières dans nos portefeuilles. Nos principaux paris résident dans le pétrole, la technologie et les biens et services industriels.
En ce qui concerne le pétrole, nous sommes davantage dans le parapétrolier que dans les opérateurs intégrés. La sismique en particulier nous semble être une activité très porteuse car elle est très importante pour les nouvelles ressources. En cela parmi les valeurs qui nous intéressent nous pouvons citer Géophysique.
Concernant les technologies, nous pouvons citer Nokia et Business Project.
Et pour ce qui est des biens et services industriels SKF et Vossloh nous intéressent particulièrement.

Propos recueillis par Imen Hazgui

- 10 Septembre 2007 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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