"Le secteur des cleantech peine encore à attirer les investisseurs, malgré un gros potentiel de croissance annoncé depuis plusieurs années. Comment expliquez-vous une telle prudence ?

Le secteur des cleantech est un secteur encore jeune et présente un caractère cyclique. Au cours des cinq dernières années, les activités liées aux énergies renouvelables ou au recyclage des déchets ont pâti du ralentissement de la croissance mondiale et d’une plus grande difficulté à trouver des financements. De nombreux producteurs d’électricité verte ont du mal à lever les fonds propres nécessaires à leur développement (auprès des banques ou en bourse). Mais ils se sont adaptés. Theolia par exemple a créé son propre véhicule d’investissement avec deux producteurs d’énergie suisse et allemand pour pouvoir financer sa croissance. Aujourd’hui c’est un secteur plus mûr, prêt à répondre à une demande sous-jacente forte.

Est-ce le bon moment d’investir dans les valeurs cleantech françaises et, si oui, lesquelles ?

Nous conseillons d’investir aujourd’hui dans le secteur mais en se montrant sélectif. Dans le domaine de l’énergie solaire ou de l’éolien, les producteurs qui ont déjà de nombreux parcs en exploitation et bénéficient de tarifs de rachat élevés, comme Séchilienne Sidec ou Voltalia, sont à privilégier. De même, les producteurs présents dans les Dom-Tom, où les énergies renouvelables représentent une part beaucoup plus importante du « mix », offrent du potentiel. Je pense notamment à Séchilienne Sidec.

Nous suivons également de près les sociétés de collecte et de traitement de déchets comme Pizzorno ou Séché Environnement. Elles bénéficient de contrats pluriannuels avec les collectivités et certains industriels qui doivent s’adapter à une réglementation de plus en plus stricte (interdiction de l’amiante et des PCB, etc). Compte tenu de cette réglementation, la tendance est à l’augmentation des volumes de déchets dangereux à traiter. Dans le domaine du recyclage, certaines sociétés se sont spécialisées dans la récupération de métaux rares (cuivre, zinc, or…) issus notamment de déchets électriques et électroniques. C’est le cas d’Aurea et de Derichebourg qui bénéficient de bonnes positions dans ce domaine. Attention cependant, cela rend leurs titres sensibles aux variations des cours de ces métaux. Enfin dans la biomasse, il n’y a pas de gros acteur français mais Séchilienne Sidec – encore lui- mise beaucoup sur le développement de cette énergie. C’est un relais de croissance intéressant qui renforce notre sentiment positif sur la valeur.

Vos deux recommandations pour 2013 sont Séchilienne Sidec et Séché Environnement. Pouvez-vous dire un mot sur ce dernier ?


Séché Environnement a plusieurs atouts à nos yeux. Tout d’abord l’année 2013 devrait marquer un rebond significatif à la fois du niveau d’activité et de la rentabilité de l’entreprise, qui a regagné des contrats après avoir touché un point bas en 2012. Son activité de traitement des déchets dangereux va bénéficier d’un effet de base favorable, grâce à la stabilisation de l’activité PCB en 2013. Et puis il y a un côté spéculatif lié à la possible cession de la participation de Séché dans la Saur (ndlr : numéro trois français de l’eau) qui permettrait au groupe de se désendetter et de dégager du cash pour son développement. Cette opération serait très bénéfique pour le titre.

Le développement de l’éolien offshore peut-il être le catalyseur d’un nouvel engouement pour les énergies renouvelables ?

En matière d’éolien offshore, la France est à la traîne malgré le lancement d’un 2e appel d’offres cette année. Les premières éoliennes offshore ne seront installées qu’en 2016-2017 au large des côtes normandes alors que de nombreux parcs sont déjà en service en Mer du Nord (en Grande-Bretagne notamment). Le gouvernement souhaite surtout positionner les grands groupes français (Alstom, Areva, EDF…) sur les futurs appels d’offres internationaux et créer une filière industrielle, mais cela prendra plusieurs années. Cela nous semble encore trop éloigné pour en faire un thème d’investissement.
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