New York (awp/afp) - Airbus, Boeing, Embraer: la compagnie American Airlines a fait des emplettes tous azimuts pour assurer le renouvellement de sa flotte pour les prochaines décennies, misant notamment sur le Boeing 737 MAX qui multiplie les déboires et même sa version MAX 10 dont la certification tarde.

Elle a annoncé lundi une mégacommande ferme de 260 avions monocouloirs répartie entre l'Européen Airbus, l'Américain Boeing et le Brésilien Embraer. Elle dispose aussi d'options et droits d'achats portant sur 193 avions supplémentaires.

"Au cours de la dernière décennie, nous avons beaucoup investi pour moderniser et pour simplifier notre flotte, qui est à la fois la plus grande et la plus jeune des compagnies aériennes américaines", affirme Robert Isom, patron d'American Airlines, cité dans les communiqués des avionneurs.

"Ces commandes continueront à alimenter notre flotte avec des avions plus récents et plus efficaces", ajoute-t-il.

Pour cela, il compte notamment sur 85 exemplaires du MAX 10, la plus grande version de la famille du 737 MAX. Mais le MAX 10 n'est toujours pas certifié par l'Agence américaine de l'aviation (FAA).

La compagnie a confié "avoir hâte" que ce soit fait.

Début février, Boeing avait reçu des commandes pour 1.180 exemplaires dont les livraisons devaient initialement débuter en 2023. La compagnie irlandaise Ryanair en attend à elle seule 300.

Vedette

Face à l'incertitude, plusieurs compagnies les ont retirés fin janvier de leurs plannings pour 2024 (United, Southwest).

Outre les 85 MAX 10 commandés pour un prix catalogue dépassant 11,5 milliards de dollars, le contrat avec Boeing prévoit la conversion d'une précédente commande de trente MAX 8, plus petits, en MAX 10.

Le 737 MAX, avion vedette de Boeing, a souffert tout au long de 2023 de problèmes de production qui ont culminé avec un incident le 5 janvier sur un 737 MAX 9 d'Alaska Airlines.

Des dizaines d'avions de même configuration ont été cloués au sol pendant trois semaines et la FAA a, entre autres mesures, lancé un audit sur le contrôle qualité du constructeur.

Mais cela n'a pas dissuadé American Airlines de miser sur l'appareil.

En janvier, Robert Isom avait expliqué considérer "très sérieusement" la "fiabilité et la sécurité, immédiatement, dès la sortie d'usine".

Par ailleurs, le 737 MAX 8 était impliqué dans les accidents en 2018 et en 2019, qui ont fait 346 morts au total. Ce modèle a été interdit de vol pendant de très longs mois.

Le constructeur américain s'est également tourné vers l'Europe pour étoffer sa flotte.

Il a annoncé lundi avoir signé pour 85 Airbus 321neo pour un prix catalogue --jamais appliqué en raison des rabais consentis-- à plus de 11 milliards de dollars.

La compagnie porte ainsi à 219 le nombre d'A321 --dont 70 déjà livrés-- commandés au géant industriel européen. Elle va aussi moderniser ses A319 et A320, en les réaménageant à partir de début 2025.

Le MAX 10 pourra embarquer un maximum de 230 passagers sur 5.740 kilomètres contre 244 passagers sur 7.400 kilomètres pour l'A321.

Montée en gamme

Et, pour finir, elle a passé une commande ferme auprès d'Embraer pour quatre-vingt-dix E175, un monocouloir pouvant embarquer 76 passagers, pour un prix catalogue de plus de 7 milliards de dollars, selon Embraer.

La commande est assortie de droits d'achats pour 43 appareils supplémentaires.

La compagnie a mis l'accent pour cette mégacommande sur une montée en gamme, en augmentant le nombre de sièges premium et de première classe. Grâce aux livraisons attendues et aux réaménagements, elle va augmenter de plus de 20% sa capacité de sièges en premium d'ici 2026, a-t-elle relevé.

Depuis 2014, American Airlines a pris possession de plus de 600 avions et dispose désormais de 440 en commande.

Airbus et Boeing, dont les carnets de commandes sont remplis pour plusieurs années, ont engagé une forte remontée en cadence pour livrer les avions escomptés.

Mais, après l'incident du 5 janvier qui n'a fait que quelques blessés légers, la FAA a gelé la cadence de Boeing le temps que le groupe règle ses problèmes de production.

Les compagnies aériennes du monde entier renouvellent leur flotte avec des avions plus économes en carburant, donc émettant moins de CO2, et pour faire face à la croissance du trafic aérien.

Avec des constructeurs à saturation, elles commandent des années à l'avance les avions dont elles auront besoin au cours de la prochaine décennie.

afp/rp