Le chiffre d'affaires augmente de 8%, largement sur une base organique, pour atteindre $4.2 milliards. L'exploit mérite d'être souligné tant l'année précédente fut exceptionnelle, pandémie et "stay-at-home" oblige : les ventes d'alcools avaient explosé en conséquence.

Diageo, on l'a vu, se remet de l'euphorie avec une certaine gueule de bois. Ses résultats aux Etats-Unis ont déçu, entraînant une chute de la valorisation boursière. Brown-Forman, lui, encaisse mieux le retour à la réalité. Bon point.

Sa performance consolidée est bien sûr portée par l'incroyable force de la franchise Jack Daniel's, dont les ventes augmentent de 11% malgré sa domination déjà écrasante. La catégorie bourbons est épatante en général, avec une croissance de 23% des des marques Woodford Reserve — bien connue du public français — et Old Forester.

L'année qui s'écoule est marquée par une offensive de taille dans la catégorie gin, avec $1.2 milliard investi dans les acquisitions de la marque super premium Gin Mare et du blockbuster Diplomatico, lui aussi bien connu du public français. Sur le segment tequila, qui a si bien réussi à Diageo depuis l'acquisition de Casamigo, les ventes augmentent de 10% grâce aux marques el Jimador et Herradura.

En somme, Brown est positionné sur les trois catégories d'alcools — bourbon, gin et tequila — en plus forte croissance sur les segments mass retail et on-trade. 

Un autre atout de taille dans son positionnement stratégique est  son implantation dans les émergents, par exemple au Brésil ou aux Émirats arabes unis. Les ventes y augmentent de 10%, ce qui permet d'absorber l'anémie des marchés américains et européens, où la croissance n'a pas dépassé l'inflation cette année. 

Brown reste une formidable machine à cash. Avec une marge nette solidement ancrée à 20% — toutes choses égales par ailleurs — et un chiffre d'affaires attendu à $4.5 milliards l'an prochain, on peut tabler sur un free cash-flow d'au moins $900 millions, qui devrait dépasser le milliard de dollars dès 2025.

Au niveau de la gestion, on appréciera tout particulièrement le statut jalousement défendu de "dividend aristocrat" ; l'endettement insignifiant ; et d'avoir vu le management lever le pied sur les rachats d'actions depuis que la valorisation oscille autour de x30 les profits.