Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a perdu 0,83% mardi, lestée par des prévisions pessimistes concernant l'économie mondiale et le repli des valeurs du secteur du luxe, dans un contexte de forte hausse des taux d'intérêt obligataires.

L'indice CAC 40 s'est enfoncé de 54,56 points à 6.534,79 points, au retour d'un week-end de quatre jours. Jeudi, la cote Parisienne avait fini en hausse de 0,72% après la réunion de la Banque centrale européenne qui n'avait donné aucun calendrier précis sur une éventuelle hausse de ses taux directeurs.

La cote Parisienne a commencé la journée dans le rouge, perdant autour de 1% jusqu'à l'ouverture de Wall Street, après des perspectives pessimistes concernant la croissance mondiale rapportées par deux institutions.

En raison de l'explosion de l'inflation, de la guerre en Ukraine et des restrictions sévères qui se poursuivent en Chine face au Covid-19, la Banque mondiale a en effet abaissé sa perspective de croissance mondiale pour 2022 à 3,2%, contre 4,1% anticipé en janvier.

Le Fonds monétaire international a lui aussi fortement abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2022 en raison des "ondes sismiques" provoquées par la guerre en Ukraine et a prévenu que l'inflation était amenée à durer, en particulier dans les pays émergents.

Concernant la zone euro, l'institution de Washington anticipe désormais une croissance de 2,8%, en baisse de 1,1 point par rapport à ses précédentes prévisions de janvier. L'économie française devrait croître de 2,9% (-0,6 point par rapport à janvier) et la prévision pour l'Allemagne chute de 1,7 point à 2,1%.

La tendance haussière de Wall Street a cependant permis de limiter le reflux de la Bourse de Paris, les résultats d'entreprises apparaissant comme un "motif d'espoir pour les marchés actions, car on peut encore attendre des hausses de bénéfices au premier trimestre", selon Valentin Bulle, gérant actifs chez Dôm Finance.

L'Oréal a rapporté, après la clôture des marchés, un chiffre d'affaires en hausse de 19% au premier trimestre. Danone, Carrefour, Eurofins ou encore Kering sont attendus dans les prochains jours. Aux États-Unis c'est le secteur technologique qui est à l'honneur cette semaine.

Les mouvements étaient plus notables sur le marché obligataire, où les taux souverains montaient "violemment", selon Valentin Bulle, en raison des anticipations de resserrement de la politique monétaire des banques centrales. Le taux d'intérêt de la dette française à 10 ans est monté à 1,377%, contre 1,33% à la clôture de la veille.

James Bullard, l'un des responsables de la Réserve fédérale américaine les plus déterminés à restreindre le soutien monétaire apporté à l'économie, a envisagé lundi un relèvement des taux de 0,75 point.

"Les journées où James Bullard parle, ce sont des journées où les marchés baissent", constate M. Bulle, car il fait pencher la balance vers un resserrement encore plus sévère.

Le luxe plombé

Les valeurs du luxe cédaient du terrain face aux pressions inflationnistes, à des ventes de détail au plus bas depuis deux ans en Chine et à la montée des taux obligataires.

L'Oréal, qui vient de présenter ses résultats, a perdu 2,90% à 350,95 euros, Hermès 3,62% à 1.237 euros, LVMH 0,92% à 634,10 euros et Kering 0,73% à 529,90 euros.

Stellantis suspend l'activité de son usine russe

Stellantis (+2,41% à 13,35 euros) a annoncé la suspension de l'activité de son unique usine russe de Kaluga (sud-ouest de Moscou), en raison des sanctions internationales frappant la Russie et faute de pièces.

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