Zurich (awp) - Après un 3e trimestre encore difficile, Clariant veut repartir de l'avant. Bouclant un cycle de restructurations et de désinvestissements consécutif à la fusion avorté avec l'américain Huntsman il y a cinq ans, le chimiste de spécialités bâlois acquiert pour 720 millions de francs suisses le canadien Lucas Meyers Cosmetics. Les investisseurs veulent aussi y croire.

Entre juillet et fin septembre, Clariant a ainsi vu son résultat opérationnel avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) plonger de 28% sur an à 159 millions de francs suisses. La marge Ebitda est passée en l'espace d'un an de 16,8% à 15,4%, ressort-il des chiffres dévoilés lundi par l'entreprise de Muttenz. Celle-ci note toutefois une amélioration en matière de rentabilité au regard du trimestre précédent, l'Ebitda de la période sous revue s'étant étoffé en trois mois de 21%.

Clariant, qui a notamment souffert de la vigueur du franc, indique avoir pu économiser à fin septembre 120 millions, sur un objectif de 170 millions sur l'année. Le site roumain de production de bioéthanol à partir de résidus agricoles Sunliquid, dont Clariant cherche activement à se délester depuis l'été, a continué de peser sur la performance, soit à hauteur de 11 millions de francs suisses sur l'Ebitda, 2 millions de moins qu'un an auparavant. Déficitaire à hauteur de 43 millions de francs suisses en 2022, l'usine a déjà coûté une bonne vingtaine de millions supplémentaires sur la première moitié de 2023.

Côté revenus, le chiffre d'affaires a fléchi de 21% à 1,03 milliard de francs suisses. Exprimé en devises locales, le repli s'est limité à 13%. Les volumes ont légèrement augmenté par rapport au trimestre précédent, bien que la faible demande de biens durables ait persisté, ce qui a principalement affecté l'activité des additifs. Les trois divisions du groupe, à savoir Care Chemicals, Cataylsts et Adsorbens & Additives ont subi un recul de leurs revenus en francs suisses.

Rentabilité supérieure aux attentes

Si le chiffre d'affaires s'est révélé inférieur aux attentes moyennes des analystes, la rentabilité les a dépassées. Sondés par l'agence AWP, les experts anticipaient un chiffre d'affaires de 1,05 milliard de francs suisses et un Ebitda de 151 millions.

Après neuf mois, les ventes ont accusé un tassement de 14% en francs suisses et de 7% à taux de change constants, à 3,31 milliards de francs suisses. L'Ebitda a lui baissé de 24% à 501 millions, la marge afférente diminuant en parallèle à 15,1%, contre 16,9% à fin septembre 2022.

En parallèle aux résultats, Clariant a annoncé le renforcement de Care Chemicals, à la faveur de l'acquisition pour 810 millions de dollars américains du fabricant canadien de composants pour l'industrie des cosmétiques, Lucas Meyer Cosmetics, une société du groupe International Flavors & Fragrances (IFF). la transaction devrait être conclue au premier trimestre 2024.

"Opportunité de croissance importante et attrayante" pour Care Chemicals, Lucas Meyer Cosmetics dégage un chiffre d'affaires annuel d'environ 100 millions de dollars américains. Surtout, la firme québécoise présente une rentabilité "très attrayante", le directeur général de Clariant depuis trois ans, Conrad Keijze, précisant en conférence téléphonique que celle-ci affiche une marge Ebitda de 49%. "De telles opportunités ne se présentent que rarement", a ajouté le Néerlandais.

Action en vive hausse

Lucas Meyer Cosmetics contribuera dès la première année au bénéfice par action. Clariant anticipe des revenus de 180 millions de dollars d'ici 2028 pour sa future unité.

Dans l'immédiat, le chimiste rhénan confirme ses perspectives pour la suite de l'exercice, quand bien même aucune embellie conjoncturelle n'est prévue. Le groupe table sur un chiffre d'affaires annuel entre 4,55 et 4,65 milliards de francs suisses et une marge Ebitda de 14,3 à 15,1%.

Saluant la performance trimestrielle, les analystes ont dans leur ensemble aussi réservé un accueil favorable au maintien des perspectives annuelles, lequel pourrait signaler que le creux de la vague affiché au troisième trimestre est désormais dépassé. Les experts ont jugé l'acquisition de Lucas Meyer Cosmetics coûteuse, mais l'entreprise de la Belle Province présente un solide profil de marge et un important potentiel de croissance.

Des avis que partagaient les investisseurs. À la Bourse suisse, l'action Clariant a fini sur un gain de 2,4% à 12,68 francs suisses, alors que l'indice élargi SPI a terminé à +0,5%.

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