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(Easybourse.com) Vous avez publié les résultats du premier semestre 2008, faisant état d'un bénéfice net en hausse à 33 millions d'euros, le bénéfice opérationnel du groupe a également augmenté de 83,9% à 74 millions d'euros, et votre chiffre d'affaires semestriel a crû de 27,3% à 330,4 millions d'euros. Quels ont été les moteurs de cette croissance ?
Cette croissance, ce qui est logique pour notre activité du 1er semestre, est entièrement imputable à nos domaines skiables. Cette activité a profité de deux phénomènes, d'abord l'entrée dans le périmètre d'une acquisition très importante que nous avons faite au tout début de l'exercice, en prenant le contrôle de Val d'Isère, et de participations minoritaires dans trois autres domaines skiables, ce qui a été très fortement contributif aux résultats ; quant au second élément, il est très lié à la très bonne tenue de l'activité de domaines skiables au 1er semestre, puisque nous enregistrons une progression du chiffre d'affaires, à périmètre comparable, de 11%.

Cette hausse est donc très importante, avec notamment une augmentation de la fréquentation de près de 7%... Cette dernière est liée pour partie à un «effet de base» dans la mesure où la saison de l'année dernière était assez médiocre, il y a un effet de rattrapage, mais au-delà de ça, il y a aussi le fait que la clientèle s'est reportée sur les stations de haute altitude, au regard des déficits d'enneigement constatés dans les autres stations les années précédentes. Or comme nous opérons uniquement en haute altitude, nous avons bénéficié pleinement de ce phénomène…

Et votre activité dans les parcs de loisirs, que vous avez décidé d'ouvrir en période hivernale...
Pour les parcs de loisirs, il y a effectivement une progression du chiffre d'affaires qui est liée à notre stratégie d'ouverture plus large des grands parcs : nous avons ainsi ouvert pour la première fois le parc Astérix à Noël, ce qui a bien entendu généré du chiffre d'affaires supplémentaire.

Quels sont les investissements prévus pour les parcs de loisirs ?
Sur l'ensemble de l'exercice, nous aurons à peu près entre 30 et 35 millions d'euros d'investissements, sachant que le plus gros est déjà fait ; il s'agit de la nouvelle attraction du parc d'Astérix «Le défi de César». Il y a un autre investissement pas important en montant, mais qui sera visible : il s'agit de l'acquisition du droit à bail à côté du musée Grévin, pour qu'on développe son activité… Pour le reste, il s'agit d'investissements classiques, avec des petites nouveautés, de la maintenance, etc.

Au total, il y a en moyenne et chaque année, entre 10 et 15% du chiffre d'affaires qui sont investis dans les parcs de loisirs. 

Quel a été l'impact sur vos résultats, de la fermeture du téléphérique Vanoise Express ?
Nous l'avons effectivement chiffré, bien que ce ne soit pas une science exacte… Ceci étant, nous ne pouvons pas donner ce chiffre, puisqu'il sera âprement négocié avec les assureurs et les personnes que nous indemnisons, puisque ce sinistre est a priori couvert.

Nous avons perdu la possibilité de commercialiser le domaine Paradiski (produit grands domaines). Ce produit a normalement une part de marché d'environ 30% de tout le chiffre d'affaires de Paradiski (les Arcs, La Plagne, Peisey), et nous pouvons d'ores et déjà constater que l'évolution du prix moyen a beaucoup souffert de la fermeture de Paradiski puisque, par rapport aux progressions observées les autres années, nous sommes très en retrait… Donc l'ordre de grandeur de l'impact est de plusieurs millions d'euros, mais nous ne pouvons pas donner de chiffre précis.

Quel bilan faites-vous de votre rapprochement avec l'exploitant Sofival, intervenu en octobre 2007 ?
Cette opération a marqué le premier semestre, et s'est faite en plusieurs volets. Il y a d'abord eu la prise de contrôle de STVI, donc Val d'Isère, mais aussi l'entrée dans le capital de trois autres de leurs sociétés : SERMA, DSV et DSR (Avoriaz, Val Morel et La Rosière).

Ces sociétés ont été très contributives sur ce semestre, puisque ce sont des activités de domaines skiables ; par conséquent, toute la profitabilité de l'exercice, nous l'avons déjà constatée. Il y a évidemment l'écart du second semestre à intégrer, mais compte tenu des performances que nous avons déjà acquises, nous savons que ça aura une contribution très positive au résultat de l'année en cours.

Quelles sont vos perspectives en termes de développement de ces acquisitions ?
Pour ce qui concerne Val d'Isère, il sera objectivement assez difficile de développer encore plus la rentabilité, car cette société est déjà extrêmement rentable, avec des niveaux de rentabilité très élevés. Mais l'intérêt pour nous, c'est d'abord visuellement : Val d'Isère est le nom d'une marque, c'est un actif d'une qualité exceptionnelle.

Par ailleurs, en termes industriels, nous opérions déjà Tignes depuis quasiment le début de la création de Compagnie des Alpes, c'est-à-dire presque 20 ans. Or Tignes et Val d'Isère c'est l'espace killy, qui est une marque très connue des skieurs, notamment à l'étranger. Opérer conjointement les deux domaines, donc en ayant une gestion unifiée de l'espace Killy, c'est clairement porteur de synergies et, dans une certaine mesure, en capacité marketing et de commercialisation…

Pour les autres acquisitions, il s'agit de relais de croissance, mais nous y sommes pour le moment minoritaires. Nous avons un pied dedans, et puis le partenariat avec Sofival est assez structurant… L'histoire voudra qu'un jour ou l'autre, nous prenions le contrôle des domaines skiables, ou du moins de ceux qui nous intéressent.

Des dossiers d'acquisitions sont-ils actuellement à l'étude ? Pour cette année éventuellement ?
Cette année non, je serai peut-être démenti dans les quelques mois qui restent, mais objectivement, je ne pense pas… Cette année est vraiment marquée par l'acquisition des sociétés dont nous avons parlé plus tôt, et puis, nous avons une situation d'endettement qui est, non pas tendue, mais élevée -de l'ordre de 550 millions d'euros- parce que nous avons fait ces acquisitions, mais aussi parce que l'année précédente, en 2006, nous avions fait une acquisition encore plus importante, autant sur le plan stratégique que financier, de cinq parcs de loisirs.

Aujourd'hui, il s'agit davantage d'optimiser la gestion et tirer partie de toutes ces acquisitions, et puis de se développer un peu en marge, notamment avec les partenariats déjà évoqués, ou avec des hébergeurs, éventuellement des centres commerciaux, etc.

L'heure n'est pas à la grosse opération !

Et pour le plus long terme…
Il faudra effectivement restaurer ses capacités de croissance, se désendetter un peu, etc., mais nous serons toujours à l'affût d'opérations de croissance à l'avenir. Nous sommes attachés aux deux métiers que sont les parcs de loisirs et les domaines skiables, nous avons d'ailleurs toujours cette stratégie d'équilibre 50-50, que l'on vient de déformer un peu avec l'opération Sofival, mais nous ne sommes pas statiques sur le 50-50, nous pourrons donc faire des acquisitions dans ces deux métiers, du moment que c'est industriellement pertinent.

Avez-vous des objectifs chiffrés pour le reste de l'exercice ?
Nous n'en communiquons jamais, à part sur les domaines skiables, où nous sommes un peu plus sûrs : la progression du chiffre d'affaires, bon an mal an, doit tourner à peu près autour de 8%. Les charges évolueront par définition moins vite, ce qui donne une marge de progression des domaines skiables assez forte, malgré le fait qu'il n'y aura pas de contribution des ventes foncières, ce qui diminue un peu les perspectives.

Quant aux parcs de loisirs, il est trop tôt pour le dire puisque nous sommes à 30% de la saison.

Dans le contexte économique actuel, relativement incertain, comment voyez-vous évoluer le marché du tourisme ? Restera-t-il vigoureux selon vous ?
Nous sommes présents sur deux marchés très différents. Le ski est vraiment une activité touristique, avec notamment une clientèle étrangère très importante à la Compagnie des Alpes, puisqu'elle représente 40% du total. Or il s'agit d'un tourisme relativement insensible à la conjoncture.

Au contraire, sur les parcs de loisirs, la clientèle n'est généralement pas aussi aisée, mais surtout, elle n'est pas aussi touristique étant donné que la très grande majorité de la fréquentation des parcs s'établit en termes de proximité. C'est une clientèle à la journée qui peut, elle, réagir aux évolutions de l'environnement économique immédiat, mais pas aux grandes tendances du tourisme…

Nous sommes donc assez décorrélés, pour différentes raisons selon le métier, de l'évolution du tourisme en général. En revanche, nous sommes vraiment dans la dépense de loisirs, et cette dernière, notamment dans les parcs de loisirs, est sensible à la conjoncture économique, au pouvoir d'achat, etc.

Nous pouvons donc effectivement avoir quelques craintes là-dessus, sauf si on considère paradoxalement que la population qui renonce à des vacances plus chères, se reporte sur des divertissements plus accessibles…

Votre titre est en repli de près de 18% depuis le 1er janvier 2008. Quel commentaire vous inspire cette évolution de vos cours ?
Historiquement, le titre atténue les fluctuations du marché, c'est-à-dire que lorsque la bourse progresse énormément, il progresse moins, et lorsqu'elle chute fortement, le titre chute moins. Mais sur moyenne période, il rejoint plus ou moins les indices. Il s'agit là d'un phénomène structurel depuis l'IPO de 1996.

Sur la conjoncture immédiate, il y a eu un peu ce phénomène, c'est-à-dire que nous avons moins baissé que la moyenne des midcaps… Aujourd'hui, les midcaps commencent à repartir assez vigoureusement depuis un mois, et nous avons moins remonté. Nous avons donc subi les effets de la crise, mais un peu moins que la moyenne de nos pairs en capitalisation, comme Pierre et Vacances qui a beaucoup baissé, pour des raisons d'ailleurs tout aussi injustifiées puisque les nouvelles sur l'exploitation de ce groupe sont très bonnes…

Pour notre titre, nous avons au final moins diminué que les autres, mais sans raisons structurelles puisque le news flow sur l'activité était très bon.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
Objectivement, les détenteurs d'actions CDA doivent se féliciter de les avoir, puisque les perspectives sont bonnes… Quant à ceux qui ne sont pas encore actionnaires, si les fondamentaux de la société les convainquent, il est temps d'acheter puisque nous sommes en creux de cycle et que la valeur comporte des risques extrêmement faibles.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

- 02 Juin 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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