Nous sommes à la fin des années 80 et  l’activité « montagne » connaît une crise sérieuse avec une désaffection glissante des vacanciers dans les stations de sports d’hiver, due en partie à la démocratisation des nouvelles destinations ensoleillées. A cela s'est rajouté le défaut de renouvellement des infrastructures ce qui rendait l’offre de plus en plus obsolète.
C’est le moment choisi par la Caisse de Dépôts, sous l’enseigne de la Compagnie des Alpes pour investir dans ce secteur, qui représentait incontestablement un des fleurons du tourisme français, par son savoir faire et ses domaines uniques au monde.
En 1989, l’établissement public via sa filiale va s’engager dans un processus d’acquisition d’un certain nombre de sociétés d’exploitation de domaines skiables parmi ces dernières, citons les prestigieuses stations françaises comme Tignes, les Arcs, La Plagne, Les Menuires.
Pour financer son développement, cœur de la stratégie du groupe, l’introduction en bourse se réalise sur le second marché en 1994.
Une fois le développement, dans le segment des domaines skiables, assuré, la stratégie s’élargît avec un premier investissement dans le secteur des loisirs. En effet, en 2002 le groupe lance une opa sur "Grévin and Cie" ; c’est le véritable lancement de l’activité des parcs et loisirs. En 2007, c'est une nouvelle étape de croissance avec notamment la prise de contrôle de la STVI (Domaine de Val d’Isère).

La Compagnie des Alpes, filiale de la Caisse des Dépôts, détenue à hauteur de 39,1 %, devient, par conséquent, un acteur majeur des loisirs en Europe, via les deux grands segments dans lequel le groupe opère.
Cotée en Bourse sur Euronext Paris, la CDA possède des domaines skiables en France de grande renommée tels que le Paradiski (La Plagne ,Les Acs, ), l' Espace Killy, les Trois Vallées, le Grand Massif, Serre-Chevalier et dernièrement Les Deux-Alpes. Le groupe vient d’acquérir le Futuroscope pour compléter sa gamme de parcs de loisirs parmi lesquels nous pouvons citer le Parc Asterix (n° 1 de leurs actifs loisirs), le Musée Grévin et Walibi .
L'activité domaines skiables représente environ 60% du chiffre d'affaires consolidé. Elle est marquée par une concentration saisonnière (décembre à avril) et géographique (les Alpes française).
L'activité parcs de loisirs (40% du chiffre d'affaires) rééquilibre la saisonnalité, puisque l'essentiel des revenus de cette branche est réalisé entre avril et septembre. Elle élargit la zone d'activité au Nord et à l'Ouest de la France et à cinq autres pays d'Europe : les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse et l'Angleterre.
 
Fondamentalement, le groupe dirigé par Dominique Marcel (Pdg) possède un grand nombre d’avantages concurrentiels, avec un remarquable positionnement des stations (hébergement, altitude élevée), avec un remplissage régulier tout au long de la saison grâce à une forte augmentation de la clientèle étrangère. L'activité reste très capitalistique mais des économies d’échelle peuvent s’effectuer en mettant en place une politique commune des achats et des investissements.
Dans le cadre du segment des « parcs et loisirs », après la dernière opération de croissance externe (la récente prise de contrôle du Futuroscope), la filiale de la CDC vient de lancer un nouveau projet à l’international. En effet, le musée Grévin ouvrira sa première déclinaison à Montréal en 2013 et investira environ 10 million € .
 
Dernièrement, le titre a connu quelques séances de grande volatilité avec l’annonce  d’une éventuelle remontée du taux de TVA de 5.5 % à 19.6 % suite à la volonté par le gouvernement de mettre en place des mesures d’austérité afin de récupérer 90 millions d’euros. Cette initiative se justifiait par la distorsion de concurrence entre les activités de loisirs et celles des parcs aquatiques qui appliquent déjà le taux standard de TVA ; mais ce projet a été rapidement abandonné.

La CDA a publié dernièrement son chiffre d’affaires cumulé des neuf premiers mois, qui ressort à 498 M€ soit une hausse de 7.24%. Cette progression est favorisée par le bon comportement du segment « parcs et loisirs » qui connaît une hausse de plus de 34% alors que le « domaine skiable » se dégrade légèrement (-3%). Il convient néanmoins de nuancer ce dernier chiffre par des conditions climatiques peu favorables (grosse chaleur) à  la fin de la saison dernière, d’autant plus que la recette moyenne par skieur progresse, tout de même, de 2.4% .
 
L’action du groupe  vient de perdre plus de 20 % de sa valorisation depuis la crise estivale des marchés financiers. Cette descente digne d’un « grand huit » ou d’une « belle piste noire » reste néanmoins relativement modérée par rapport à l'indice CAC 40 qui pendant cette même période a cédé plus de 30% !

La croissance de la Compagnie des Alpes, depuis son existence s'est appuyée principalement sur des acquisitions.
Cette stratégie s’associe également à l’ambition du groupe d’accélérer la croissance organique grâce à une politique d’investissements sélectifs a forte valeur ajoutée dans les parcs de loisirs comme dans les domaines skiables, ceci afin de devenir une référence dans l’industrie des loisirs en Europe .
 
Les cours actuels constituent une réelle opportunité pour un investissement moyen terme ; le PER revient sur des niveaux d’achat  (le titre se paie moins de 10 fois les résultats estimés de 2012), et la perspective d’un désendettement couplée d’un développement qualitatif permet d’envisager un potentiel d’appréciation du groupe au cours de ces prochains mois.