Dollarama est un acteur majeur de l'industrie du commerce de détail à bas prix. Cette société canadienne exploite 1 486 magasins, tous loués avec des baux généralement d'une durée de 10 ans, ce qui assure une visibilité à long terme sur sa structure financière. Dollarama détient également une participation majoritaire de 50,1% dans Central American Retail Sourcing, la société mère de Dollarcity, qui suit un modèle similaire à celui de Dollarama et opère au Salvador, au Guatemala, en Colombie et au Pérou. Dollarcity exploite 440 magasins dans ces pays.

Un détaillant à bas prix sur deux continents (source : Dollarama) 

Les ventes de Dollarama se répartissent principalement entre deux grandes catégories de produits. Tout d'abord, les produits consommables représentent 44% du chiffre d'affaires. Cette catégorie englobe les produits ménagers, les soins de santé, les articles pour animaux, ainsi que les friandises et les boissons. Ensuite, les marchandises générales englobent 41% des revenus et regroupent une variété d'articles tels que les articles de fête, la papeterie, les fournitures artistiques et artisanales, les cartes, les articles de cuisine, les jouets, les vêtements, la quincaillerie, etc. Enfin, les produits saisonniers complètent le tableau avec une part de 15% du chiffre d’affaires. Il s'agit notamment de produits vendus à l'occasion de fêtes telles que la Saint-Valentin, la Saint-Patrick, Halloween, Pâques, etc.

On l’aura compris, la part des produits alimentaires est très faible par rapport à l'ensemble des ventes de Dollarama. Cela constitue la principale différence entre le modèle de vente au détail à bas prix au Canada et celui aux États-Unis, où la part des produits alimentaires est beaucoup plus importante. On comprendra ainsi que le modèle de la société ne correspond pas au modèle américain, d'où le fait que le groupe reste cantonné à son périmètre national. Néanmoins, la société à recours aux Etats-Unis et à la Chine pour son approvisionnement puisqu’elle y trouve une grande partie de ses fournisseurs. 

Un modèle qui repose aux deux tiers sur les marques privées, moins chères (source : Dollarama)

Dollarama nourrit de fortes ambitions de croissance. La société prévoit d'augmenter le nombre de ses magasins en exploitation à 2 000 d'ici 2031, tandis que Dollarcity vise 850 magasins d'ici 2029. Cette expansion se fera tout en maintenant un bilan solide. En effet, le ratio d'endettement s'établit à seulement 1,4 fois l'EBITDA à la fin de l'année 2023, soit un niveau légèrement inférieur à celui des dix années précédentes (1,5 fois). Cela s'explique par le fait qu'ouvrir un nouveau magasin nécessite un investissement initial moyen de seulement 920 000 $. Étant donné que les deux premières années d'exploitation génèrent généralement un chiffre d'affaires solide de 2,9 millions de dollars et une rentabilité robuste, comme nous le verrons ci-dessous, l'entreprise maîtrise efficacement son niveau d'endettement.

De faibles coûts d’investissements qui permettent un retour sur investissement nettement supérieur aux concurrents (source : Dollarama) 

La rentabilité de Dollarama se distingue par son caractère exceptionnel dans le secteur de la vente au détail à bas prix. Sa marge nette dépasse régulièrement les 15% et n'est pas descendue en dessous de 14% depuis 2016. Le dirigeant de l'entreprise, Neil Rossy, en poste depuis 2016 et détenteur d'un peu plus de 2,8% du capital, y est pour beaucoup dans ces performances. Sa recette comprend des économies d'échelle considérables et un réseau de distribution extrêmement efficace et bien optimisé. De plus, la marge de free cash flow est souvent bien supérieure à 15%. Les profits cash s'élevaient à 906 M$ en 2022 et 712 M$ à la clôture de l’exercice 2023 récemment fini. Ils sont utilisés pour financer la croissance de l'entreprise et payer des dividendes. Ce dernier, bien que relativement modeste, est en constante augmentation depuis plus de 10 ans, tandis que les rachats d'actions ont réduit le nombre de titres de près de 47% depuis 2014. Ces éléments positifs justifient une valorisation élevée, avec un ratio cours/bénéfices de 26,7 pour l'exercice 2024 (clôture en janvier), soit seulement un point de moins que sa moyenne des 10 dernières années. Les bénéfices projetés pour 2025 sont valorisés à un multiple de 23,4.

De très solides retours aux actionnaires, bien que freinés entre 2019 et 2021 (source : Dollarama)

Malgré le secteur traditionnellement peu attractif des détaillants, souvent faute de perspectives alléchantes et de qualité du business, Dollarama se distingue en tant qu'exception. Son modèle commercial est très rentable et ses perspectives d'avenir sont solides et cohérentes. La compétence de sa direction est un atout, d'autant plus qu'elle est également investie dans l'entreprise. De plus, bien que les possibilités d'augmentation des prix soient quasiment nulles dans ce marché, étant donné que l'entreprise se concentre justement sur un modèle à bas prix, Dollarama n'est pas pénalisée par l'inflation et a affiché d'excellentes marges au cours des deux derniers exercices. Au contraire, l'inflation peut être considérée comme un avantage car elle incite les consommateurs à se tourner vers les magasins du groupe. Enfin, notons que la croissance des bénéfices de Dollarama repose presque exclusivement sur l'expansion du nombre de magasins, comme en témoigne le tableau ci-dessous. 

Evolution des principaux indicateurs (source : Dollarama)