Qui l'eut cru ? Electricité de France a atteint cette semaine la seconde marche du podium des performances du SBF120 en 2018, avec un gain qui avoisine 50%. A 15,70 EUR, le titre évolue même au-dessus de l'objectif moyen des 18 analystes qui suivent le dossier, 14,30 EUR. L'Etat, qui détient 83,66% du capital, peut se réjouir d'une participation dont la valeur de marché est passée de 27 à 39,4 milliards d'euros, soit 12,4 milliards d'euros de plus, en l'espace de dix mois.

Un contexte enfin plus porteur

Plusieurs facteurs expliquent le redressement des cours de l'énergéticien. D'abord, la hausse du prix de l'énergie attendue de longue date, qui est en train de se concrétiser. C'est en partie grâce à l'effet du marché du CO2, dont les prix, longtemps déprimés, sont revenus sur des niveaux qui comptent. Les investisseurs spéculent aussi sur un contexte réglementaire plus porteur pour EDF, après les travaux de réforme menés par le gouvernement. Même sans aller jusqu'au serpent de mer d'une scission de l'énergéticien, le scénario en circulation depuis plusieurs mois qui séduit les financiers. Enfin, le groupe s'extirpe peu à peu d'une période délicate sur le plan de la communication. C'est vrai au niveau de la vétusté de son parc nucléaire, après avoir mené les investissements requis par les autorités de sûreté, mais aussi sur le plan des résultats, après plusieurs millésimes perclus d'avertissements. Il reste beaucoup de défis liés à la transition énergétique et à la facture nucléaire, mais le quotidien du groupe n'est plus un empilement d'événements tous plus déprimants les uns que les autres.

Sur un plan purement financier, l'Etat peut donc se frotter les mains. Dans le dernier bilan reproduit ci-dessous, la ligne EDF est la seule qui s'affiche uniformément en vert depuis le début de l'année 2017.
 

Portefeuille de l'APE au 7 novembre (Source APE - Cliquer pour agrandir)

Mais j'en vois déjà qui sont rouge de colère. Sur le long terme, il faut bien sûr relativiser. L'entrée en bourse de la société en 2005 avait eu lieu à 32 EUR (et même à 33 EUR pour les institutionnels). Quant à son pic, juste avant la crise des subprimes, il se situait au-delà des 80 EUR. Depuis, l'Etat a certes récupéré des dividendes, mais il a aussi dû participer à la recapitalisation de la société en signant un chèque de 3 milliards d'euros. Les pouvoirs publics ont une grosse part de responsabilité dans les déboires d'EDF, comme l'a mis en lumière la Cour des comptes dans le rapport très instructif publié au début de l'année 2017, dont les conclusions sont toujours valables. Mais vu de la lucarne 2018, EDF reste une très bonne surprise boursière.