PARIS (Reuters) - La direction d'EDF chiffre à un milliard d'euros les pertes de production liées aux grèves contre la réforme des retraites en France depuis début mars, notamment dans les centrales nucléaires, et a par conséquent suspendu son plan d'embauches pour 2023, a-t-on appris auprès de deux sources syndicales.

Un porte-parole du groupe a confirmé "un moratoire" en matière de recrutements mais n'a pas fait d'autres commentaires.

Le ministère de l'Economie n'a pas souhaité commenter ces informations.

Selon les sources interrogées par Reuters, qui ont eu des échanges distincts avec deux dirigeants d'EDF en fin de semaine dernière, l'entreprise a demandé à l'ensemble de ses responsables de divisions de revoir leurs plans pour déterminer les embauches prioritaires et celles qui pouvaient être reportées en 2024.

Une de ces sources a précisé que l'entreprise prévoyait à l'origine 3.000 à 3.500 recrutements en France cette année, en particulier dans le nucléaire et le commerce.

La même source a ajouté que les grèves contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, qui affectent non seulement la production mais aussi la maintenance des centrales, risquaient d'entraîner des retards de 18 à 24 mois dans les plannings d'arrêts de réacteurs et donc de mettre en péril l'objectif de production nucléaire d'EDF pour 2023.

Le nouveau PDG d'EDF, Luc Rémont, avait estimé fin février que le groupe était en cours de redressement après avoir enregistré une perte nette historique de 17,9 milliards d'euros en 2022, en raison d'une faible disponibilité du parc nucléaire français et des mesures du gouvernement pour limiter la hausse des tarifs de l'électricité.

EDF, en voie de renationalisation complète, est confronté à d'importants besoins en matière de recrutements pour faire face aux travaux nécessaires à la prolongation du parc nucléaire français et au projet d'Emmanuel Macron de construire au moins six nouveaux réacteurs de type "EPR2".

(Reportage Benjamin Mallet, avec Leigh Thomas ; édité par Kate Entringer)