Nouveaux retards, nouveaux surcoûts

La nouvelle centrale nucléaire dans le sud-ouest de l'Angleterre a été retardée d'une année supplémentaire et coûtera 3 milliards de livres (3,54 milliards d'euros) de plus, a prévenu EDF, ce qui constitue un revers pour la volonté d'indépendance énergétique du gouvernement britannique.

Le démarrage de la centrale d'Hinkley Point C est désormais prévu pour juin 2027, soit une décennie plus tard que ce qui avait été envisagé à l'origine. Les dépenses liées au projet sont estimées entre 25 et 26 milliards de livres, a déclaré EDF jeudi dernier. EDF a déclaré que la pandémie avait fortement limité les effectifs, les ressources et les chaînes d'approvisionnement, et qu'elle ne pouvait pas exclure de nouveaux retards. "Le risque d'un nouveau retard des deux unités est évalué à 15 mois, en supposant l'absence d'une nouvelle vague de pandémie et l'absence d'effets supplémentaires de la guerre en Ukraine", a-t-elle déclaré. "Les quantités de matériaux et d'ingénierie ainsi que le coût de ces activités, y compris, en particulier, les travaux maritimes, ont augmenté."

Les analystes de Jefferies ont déclaré que l'augmentation des coûts aurait un impact sur la valeur des actions d'EDF, tout en notant que le risque a été signalé dans les résultats du premier trimestre de la société au début du mois. L'action était en hausse de 2,3% à 1111 GMT dans un marché européen en hausse.

Un porte-parole du gouvernement a déclaré vendredi que les retards n'affecteraient pas les Britanniques, qui ont vu leurs factures d'énergie s'envoler en même temps qu'une augmentation plus large des prix due en partie à la guerre en Ukraine. "Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec EDF pour mener à bien Hinkley Point C", a déclaré le porte-parole, ajoutant que les coûts actualisés seraient entièrement supportés par le développeur.

La Grande-Bretagne mise sur le nucléaire pour augmenter son indépendance énergétique

La Grande-Bretagne cherche à augmenter la production d'énergie nucléaire pour qu'elle représente environ un quart de l'électricité totale d'ici 2050, contre environ 15 % actuellement. Elle a proposé un nouveau modèle de financement qui fera peser sur les consommateurs la charge des dépassements de coûts et des retards des projets ultérieurs. Selon le modèle de financement accordé à EDF pour la construction d'Hinkley, les consommateurs ne paient pas pour le projet avant qu'il ne commence à produire de l'électricité.

L'objectif de l'ancien membre de l'Union européenne d'être plus autosuffisant correspond à celui d'autres pays qui s'empressent de sauvegarder leur approvisionnement en électricité pour se protéger de la volatilité des prix dans un contexte de tensions géopolitiques. "Encore des retards et des coûts qui s'envolent ... Le grand pari du gouvernement sur le nucléaire se retourne contre lui avec chaque milliard supplémentaire ajouté à la facture", a déclaré l'association environnementale et antinucléaire Greenpeace.

Ce retard pourrait également contrarier les plans du président Emmanuel Macron visant à rendre la France neutre en carbone d'ici 2050, qui dépendent du déploiement d'une nouvelle génération de réacteurs EDF.