Cette décision surprise, annoncée tard lundi, fait encore monter les enchères dans la confrontation entre les patrons de Lagardère et le fonds activiste Amber Capital, deux des hommes d'affaires les plus riches de France étant entrés dans la danse cette année et ayant commencé à prendre parti.

Les actions de la société déficitaire Lagardère, qui publie des titres tels que Paris Match, ont fortement chuté en début de séance mardi et étaient en baisse de 2,24% à 1110 GMT, après que la société a annoncé que le mandat d'Arnaud Lagardère avait été renouvelé.

Son précédent contrat de six ans devait expirer en mars 2021.

Vivendi, un groupe de médias contrôlé par le milliardaire Vincent Bollore et qui détient désormais une participation de 23,5 % dans Lagardère, s'est associé à Amber en août dernier pour briguer conjointement quatre des neuf sièges du conseil de surveillance de l'entreprise.

Vivendi et Amber veulent maintenant une assemblée générale des actionnaires dans les semaines à venir pour faire valoir leurs demandes.

Lagardère a déclaré dans un communiqué que le conseil de surveillance, qui comprend l'ancien président français Nicolas Sarkozy, a donné son feu vert au renouvellement du mandat d'Arnaud Lagardère "afin de stabiliser la gouvernance du groupe dans une période sans précédent".

M. Lagardère a également déclaré que le conseil d'administration avait approuvé une nouvelle "feuille de route stratégique", qui mettrait l'accent sur les divisions "travel retail" et "publishing" du groupe en tant que moteurs de croissance et serait supervisée par un conseil d'administration nouvellement élargi.

Une personne au fait de la réflexion de Vivendi a déclaré que ces annonces ne faisaient que renforcer les arguments en faveur d'un remaniement de la gouvernance, sans aborder suffisamment les problèmes sous-jacents de l'entreprise.

"Ce qui est urgent maintenant, c'est de s'attaquer aux problèmes financiers du groupe", a déclaré cette personne.

Vivendi et Amber, qui détient désormais 20 % de Lagardère, ont refusé de commenter. Un porte-parole du groupe français de produits de luxe LVMH - dirigé par le milliardaire Bernard Arnault, qui a investi dans le family office d'Arnaud Lagardère - a également refusé de commenter.

Cette saga a mis en lumière les arcanes d'une structure "commandite" permettant à Arnaud Lagardère, héritier du défunt fondateur Jean-Luc Lagardère, de contrôler l'entreprise par le biais d'une participation de seulement 7% - un élément qu'Amber a fait pression pour abolir.

Lagardère a déclaré dans son communiqué lundi que les divisions autres que l'édition et le travel retail - qui incluent des stations de radio comme Europe 1 - comprenaient des marques fortes et seraient gérées "afin d'optimiser leur valeur", sans donner plus de détails.

Toutefois, le conseil d'administration a également réaffirmé son engagement envers "l'intégrité du groupe" dans un contexte qu'il a décrit comme des "tentatives de déstabilisation" et des "ambitions de démantèlement".