"Le revenge buying" joue à plein pour le champagne. A l'allégement des restrictions sanitaires, les amateurs de "l'ecstasy de l'an 2000" cher à Thierry Ardisson s'en donnent à cœur joie. Selon l'Union des maisons de champagne (UMC), 2021 s'annonce comme exceptionnelle, comparable à 2019 où le chiffre d'affaires avait atteint un record à cinq milliards d'euros. En Bourse, les valeurs du secteur pétillent. Lanson-BCC gagne 5,3% et Laurent Perrier, 2,1%. Vranken Pommery est à la traîne avec une hausse de 0,3%.

Au premier semestre, les expéditions ont bondi de 48% à 114 millions de bouteilles, soutenues par la demande aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Europe. Seul le Japon reste à la traîne en raison d'une vague de contaminations qui a contraint le pays à fermer à 20 heures les bars et restaurants de 13 départements.

Si la demande reste très forte, c'est du côté de l'offre que la "gueule de bois" guette. Alexandre Ricard, PDG de Pernod Ricard, qui détient Mumm et Perrier Jouet, a récemment évoqué une "pénurie".

Dans une note publiée ce matin, Invest Securities rappelle que les petites récoltes se succèdent, alors que le vieillissement du vin de champagne est incompressible, et la vendange 2021 qui devrait démarrer d'ici le 15 septembre, s'annonce ultra déficitaire (jusqu'à -35% suivant les derniers pointages).

Le broker souligne que champagne dispose d'une interprofession très efficace (CIVC) avec une politique de mise en réserve les années fastes et de redistribution les mauvaises années et n'hésite pas en outre à utiliser le levier de la variation de rendements comme cela sera le cas en 2021.

Pour le bureau d'études, il n'en demeure pas moins que si la pénurie de raisins devait perdurer, les grandes maisons y seraient particulièrement exposées vu le poids de leurs cuvées millésimées ou spéciales, dans les ventes nécessitant une période de vieillissement plus longue que la moyenne ou des disponibilités élargies en raisins (vins millésimés).