PEKIN/SHANGHAI, 7 novembre (Reuters) - Baidu, le principal moteur de recherche chinois, a commandé des puces d'intelligence artificielle (IA) à son compatriote Huawei cette année, ont rapporté deux sources familières du sujet, alors que les Etats-Unis durcissent les conditions d'exportations des semi-conducteurs les plus avancées, notamment de Nvidia , vers la Chine.

Le gouvernement américain a annoncé en octobre prévoir d'interrompre les livraisons à la Chine de puces d'IA plus avancées dans le cadre d'une série de mesures visant à empêcher Pékin d'obtenir des technologies américaines de pointe pour renforcer son armée.

Selon une des sources, Baidu, qui développe le robot conversationnel Ernie, a passé commande en août, soit avant les annonces de Washington, qui étaient cependant largement anticipées.

Baidu a commandé 1.600 puces Ascend AI 910B à Huawei Technologies - que l'entreprise a développées comme alternative à la puce A100 de Nvidia - pour 200 serveurs, a déclaré la source. En octobre, Huawei avait livré plus de 60% de la commande, soit environ 1.000 puces, a-t-elle ajouté.

La commande vaudrait au total environ 450 millions de yuans (57,76 million euros), a dit la seconde source, ajoutant que Huawei devait livrer toutes les puces d'ici la fin de l'année.

Les deux sources ont refusé d'être nommées en raison de la confidentialité des détails de l'accord.

Si la commande paraît dérisoire par rapport aux milliers de puces que les grandes entreprises technologiques chinoises commandent habituellement à Nvidia, les sources estiment qu'elle montre que des société chinoises peuvent se passer du géant américain.

Baidu, tout comme des entreprises nationales telles que Tencent et Alibaba, est connu pour être un client de longue date de Nvidia, mais pas de Huawei dans le domaine des puces d'intelligence artificielle.

Les puces Ascend de Huawei sont considérées comme bien inférieures à celles de Nvidia en termes de performances mais elle sont l'option nationale la plus sophistiquée disponible, a commenté la première source.

"Ils ont commandé des puces 910B pour se préparer à un futur où ils ne pourront plus s'approvisionner auprès de Nvidia", a-t-elle déclaré.

Baidu et Huawei n'ont pas répondu aux demandes de commentaires. Nvidia s'est refusé à tout commentaire.

Après que les États-Unis ont imposé l'année dernière des règles empêchant Nvidia de vendre ses puces A100 et H100 en Chine, l'entreprise a développé de nouvelles puces A800 et H800 comme alternative. Nvidia n'est plus en mesure de vendre ces puces à la Chine en raison des règles annoncées en octobre.

L'OPPORTUNITÉ HUAWEI

Les analystes ont prédit le mois dernier que les restrictions imposées par les États-Unis permettraient à Huawei de se développer sur son marché intérieur d'une valeur de 7 milliards de dollars. L'entreprise fait l'objet de contrôles américains à l'exportation depuis 2019.

Pékin investit par ailleurs dans son industrie nationale des semi-conducteurs pour l'aider à rattraper ses concurrents et exhorte les entreprises publiques à remplacer les technologies étrangères par des alternatives nationales.

Huawei a attiré l'attention du monde entier en août lorsqu'elle a dévoilé un nouveau smartphone qui, selon les analystes, utilise des processeurs développés en interne et dotés d'une technologie de semi-conducteurs avancée, soulignant ainsi les progrès réalisés par l'entreprise en dépit des sanctions.

En septembre, Reuters a rapporté que l'unité interne de conception de puces de Huawei, HiSilicon, avait commencé à expédier à ses clients en 2023 des processeurs de fabrication chinoise récemment développés pour des caméras de surveillance. (Reportage de Yelin Mo, Zhang Yan et Brenda Goh, avec la contribution de Josh Ye à Hong Kong ; version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)