Cela fait deux ans que la Russie a envahi l'Ukraine, provoquant la guerre en Europe pour la première fois depuis des décennies, tandis que le taureau IA des marchés poursuit sa course apparemment inarrêtable et que la Chine revient d'une semaine de vacances dans un climat d'incertitude économique.

Voici l'essentiel de l'actualité des marchés mondiaux pour la semaine à venir : Rae Wee à Singapour, Lewis Krauskopf à New York, Marc Jones, Dhara Ranasinghe et Naomi Rovnick à Londres.

1/ UN ANNIVERSAIRE MALVENU

Le 24 février marque le deuxième anniversaire de l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie. Si les marchés ont depuis longtemps surmonté leur panique initiale, cet anniversaire est un rappel malvenu du bilan actuel et multiforme de la guerre.

Outre la tragédie humaine, le coût de la reconstruction est estimé à près de 500 milliards de dollars, soit 2,8 fois la production économique annuelle de l'Ukraine. Les gouvernements occidentaux ont fourni 100 milliards de dollars - 60 milliards de dollars d'aide militaire et 40 milliards de dollars d'aide budgétaire - par an depuis l'invasion.

La grogne monte à Washington, où le principal adversaire républicain de Joe Biden, Donald Trump, se prépare aux élections de novembre, auxquelles il compte bien participer. Les dirigeants européens pourraient également être sur le point de faire main basse sur une partie des avoirs russes gelés qui sont actuellement inutilisés.

2/ ADIOS RISQUE DE RÉCESSION

La résilience de l'économie américaine, avec un marché du travail solide, explique pourquoi les craintes de récession mondiale se sont dissipées.

Pourtant, même si la Chine est en plein marasme et que l'Allemagne, puissance économique, est désormais l'homme malade de l'Europe, les données sur l'activité économique publiées jeudi à l'échelle mondiale devraient montrer qu'au-delà des États-Unis, le tableau n'est pas si sombre.

Bien qu'en contraction, l'indice PMI de la zone euro a atteint en janvier son plus haut niveau depuis six mois et le bloc a évité la récession à la fin de l'année dernière, comme le suggèrent les dernières données sur le PIB. Les données allemandes sur le PIB du quatrième trimestre et l'indice de sentiment Ifo sont publiés vendredi. Notez que le moral des entreprises allemandes s'est amélioré le mois dernier.

Les marchés émergents en dehors de la Chine, notamment l'Inde et le Moyen-Orient, sont solides et l'indice PMI américain reste probablement en territoire expansionniste après avoir atteint des sommets de six mois en janvier.

Il n'est donc pas surprenant que les investisseurs ne s'attendent plus à une récession.

3/ LES EFFORTS DE SAUVETAGE

Les marchés chinois reviennent lundi de la semaine de vacances du Nouvel An lunaire, et les investisseurs attendent avec impatience les prochaines mesures prises par Pékin pour redresser son marché boursier malmené.

À l'approche des fêtes de fin d'année, les autorités se sont efforcées de mettre tout en œuvre pour enrayer les pertes subies par les actions de la Chine continentale, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis cinq ans.

Elles ont notamment nommé un nouveau responsable de l'autorité de régulation des marchés du pays, surnommé le "boucher des courtiers" en raison de sa position intransigeante en matière de limitation des risques.

La semaine sera également marquée par une décision de la Banque populaire de Chine sur ses taux de prêt de référence, bien que les vents contraires persistants pour le yuan pourraient limiter le champ d'application de tout assouplissement monétaire.

Les prix de l'immobilier, quant à eux, seront publiés vendredi, ce qui montrera à quel point le ralentissement du secteur de l'immobilier est profond.

4/ LES DARLINGUES DE L'IA

Alors que les gains stupéfiants des "Sept Magnifiques" ont été l'histoire du marché boursier américain au cours de l'année écoulée, l'une de ces méga-capitalisations technologiques et de croissance en a été le personnage principal : Nvidia, qui publiera ses résultats trimestriels le 21 février.

Après que son action a plus que triplé en 2023, le fabricant de puces, au cœur de l'effervescence autour de l'IA, a vu ses actions grimper encore d'environ 50 % depuis le début de l'année.

Nvidia a désormais dépassé Amazon et Alphabet en termes de valeur de marché, ce qui en fait la troisième plus grande entreprise américaine en termes de capitalisation boursière depuis le 14 février.

Des gains boursiers aussi considérables placent la barre très haut pour les résultats que l'entreprise publiera après la clôture du marché américain mercredi. Toute déception pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble du marché, compte tenu du poids croissant de Nvidia dans les principaux indices et de son importance pour les perspectives financières de l'IA.

5/ DES RÉSULTATS DÉCEVANTS

Les plus grandes banques britanniques s'apprêtent à publier leurs résultats financiers pour 2023, montrant qu'elles ont connu la meilleure année jamais enregistrée. Il est peu probable que les investisseurs s'en réjouissent.

HSBC, Barclays, NatWest, Standard Chartered et Lloyds devraient annoncer des bénéfices combinés avant impôts de 51,6 milliards de livres (64,8 milliards de dollars), supérieurs au record de 2007 de 35,8 milliards, selon les calculs de l'agent de change AJ Bell.

Les marchés ont toutefois tendance à se concentrer sur l'avenir. Et pour les banques britanniques, l'avenir est incertain.

Les taux d'intérêt élevés, que les banques ont répercutés sur les emprunteurs tout en rejetant les pressions exercées sur les épargnants pour qu'ils bénéficient d'une compensation équivalente, ont pour l'instant gonflé leurs marges bénéficiaires.

Mais une nouvelle guerre des prix des prêts hypothécaires et la nécessité de rembourser les aides accordées par la Banque d'Angleterre à la suite de la pandémie menacent les bénéfices futurs. Le stress des emprunteurs s'accroît également, les faillites atteignant leur niveau le plus élevé depuis 1993.

Les actions des banques britanniques, qui se négocient avec une forte décote par rapport à la valeur des actifs des prêteurs, suggèrent que l'année record que le secteur est sur le point d'annoncer s'est déjà évanouie dans l'esprit des investisseurs. (1 dollar = 0,7966 livre)