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(Easybourse.com) Comment avez-vous réagi face à la crise ?
Nous avons eu un troisième trimestre assez difficile, qui a été marqué d'une part, par un retournement du marché : en particulier le marché américain qui s'était extrêmement bien comporté jusqu'en octobre 2008 inclus, puis il s'était retourné à partir de novembre-décembre jusqu'au début de l'année 2009.

Quant aux marchés d'Europe Orientale, la Russie incluse, ils ont peut-être connu l'évolution la plus brutale. Pour la Russie par exemple, nous étions sur des tendances de croissance de plus de 20%, et on estime aujourd'hui que le marché est plutôt sur une tendance de baisse autour de -8% à -10%

Donc quand vous passez de plus 20-25% à -10%, le choc est assez brutal…

Au total, les mois de janvier et février ont été très impactés, d'une part par ces éléments de marché, mais également par le déstockage.

Or pour ce dernier, il y a deux causes : la première, c'est l'évolution du marché, comme je vous l'ai indiqué, qui implique donc un «ajustement» des stocks -il s'agit donc d'une nécessité économique simple-, et la seconde, c'est que la crise du crédit touchant plus ou moins inégalement nos clients, nous avons décidé de réduire les encours que nous pourrions avoir avec nos clients. En revanche, si vous prenez les grandes chaînes de distribution occidentales, il n'y a pas de problème de financement,  mais ce sont elles qui ont décidé de réduire leur niveau de stocks…

Avez-vous perdu ou gagner des parts de marchés ?
Nous nous portons plutôt pas mal, nous avons même gagné des parts de marché comme en Espagne, qui a pourtant été assez impactée par la crise…

Nous avons gagné des parts de marché grâce à nos stratégies d'investissement…

Globalement, je pense que le groupe performe très bien malgré un environnement difficile.

Quelles sont vos prévisions pour la suite de l'exercice et au-delà ?
Je ne sais pas lire l'avenir, mais nous avons des signes positifs et d'autres négatifs… Aux Etats-Unis par exemple, les indices de confiance ont l'air de remonter, les tendances de ventes des marques premium y sont plutôt positives mais cela ne préfigure de l'avenir…

La meilleure hypothèse que nous faisons aujourd'hui, c'est de dire que le marché se situera entre stable et légèrement négatif…

Avez-vous une stratégie de baisse ou de hausse de prix ?
Il est clair que dans l'environnement actuel, la «premiumisation» consiste d'abord à maintenir nos prix et résister à la baisse des prix imposée par nos concurrents sur le marché.

Cela n'empêche pas toutefois que dans certain pays encore très dynamiques, des augmentations de prix soient possibles…

Qu'en est-il de la marque Kahlua dont le principal marché se situe aux Etats-Unis ?
Nous avons mis en place une nouvelle plateforme aux Etats-Unis et dont les premiers résultats des tests sont apparus positifs.

C'est une marque qui reste stratégique pour nous, or notre ambition, sur la base de cette nouvelle plateforme, est d'explorer les pistes de développement en dehors des Etats-Unis…

Quel est l'état de votre dette ?
Je ne peux pas vous en dire grand-chose aujourd'hui si ce n'est qu'elle va profiter de l'augmentation de capital…

Comment comptez-vous poursuivre votre programme de cession de marques non stratégiques ?
Cela fait maintenant plusieurs mois que nous travaillons sur ce programme de cessions de manière très volontariste mais également de manière très discrète. Vous avez d'ailleurs pu le constater avec la vente du bourbon Wild Turkey à l'italien Campari, cession qui s'est déroulée sans grand battage médiatique.

Nous allons donc poursuivre avec cette ligne de conduite qui nous a bien réussie jusqu'ici.

Il y a actuellement plusieurs choses en cours de discussion, mais je ne peux pas encore vous en parler. Il est clair que nous avons eu des idées mais qui n'ont pu se matérialiser faute d'intérêt évident en termes de prix…

Il nous reste 12 mois pour terminer le programme de cessions de 1 milliard d'euros que nous avions prévu, et nous le ferons mais encore une fois, de manière sereine et discrète.

La holding contrôlée par la famille Ricard est passée au-dessous des 15% du capital, cela a-t-il une signification particulière ?
Il y a eu deux évènements : lors de l'augmentation de capital, la SA Paul Ricard n'avait pas de cash disponible, elle a donc fait une opération blanche, c'est-à-dire qu'elle a vendu une partie de ses droits préférentiels de souscription ce qui lui a permis de financer sa souscription à une partie des actions auxquelles elle avait droit ; ensuite, il y a eu le rachat des titres qui étaient détenus  par Kirin Holdings au travers d'une transaction dont je ne peux pas donner le contenu.

La somme de ces deux opérations a fait que la détention de la SA Paul Ricard est passée de 12,4% à 14% du capital et, en termes de droit de vote, de 19% à quasiment 20%.

Pour ce qui est des prévisions pour l'avenir, je vous laisse leur poser la question…

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

- 28 Mai 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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