Les questions de gouvernance n'intéressent le marché que lorsqu'elles se sont transformées en scandale. C'est un peu l'enseignement de l'affaire Renault, comme cela fut le cas avec Volkswagen il n'y a pas si longtemps.
Pourtant… Un commentaire de la rubrique "Valuation Wise" d'AlphaValue a attiré notre attention aujourd'hui. Il permet de prendre de la hauteur par rapport à la masse des enterrements de première classe offerts à Carlos Ghosn depuis hier matin. Parmi les métriques que le bureau d'études intègre dans ses grilles de valorisation, la qualité de la gouvernance n'est pas oubliée. D'ailleurs, Volkswagen affichait un score médiocre de 40 sur 100 à ce petit jeu au moment des révélations du dieselgate. Renault n'a pas vraiment de raisons de pérorer avec ses 41 points.
Taquin, va !
AlphaValue est taquin quand il note que Carlos Ghosn risque de se faire éjecter du conseil de Renault par le vote de 19 membres "qui n'ont jamais eu leur mot à dire ni pu exprimer leur point de vue". Taquin encore, quand il ajoute que trois ans après le dieselgate, le score de gouvernance de VW est de… 39 points, "peut-être au prix de 25 milliards d'euros de liquidités". Taquin enfin, quand il conclut "on peut avoir un actionnaire public et afficher de grossières carences de gouvernance".
"Les deux crises de gouvernance ont des origines différentes mais elles ont en commun la présence de conseils d'administration castrés", poursuit AlphaValue, qui reconnaît que le terme peut paraître excessif, mais qu'il dépeint somme toute assez bien une réalité dans laquelle même l'Etat français a du mal à se faire entendre au conseil "quand M. Ghosn transforme les réunions en one man show".
C'est comme ça
En réalité, c'est tout le secteur automobile qui pâtit de pratiques de gouvernance archaïques. La moyenne de notation des 462 sociétés suivies par le bureau d'études ressort légèrement au-dessus de 60%, une constante depuis 2009. Sur la même période, le score moyen de l'automobile est passé de 56 à 46 points. Le secteur "ne modifie pas ses pratiques… Cela nous rend perplexes pour une industrie qui se trouve au milieu de plusieurs tempêtes politiques et qui est confrontée à une révolution technologique", note AlphaValue.
Score de gouvernance moyen de l'automobile (en rose) par rapport à la moyenne globale (Source AlphaValue - Cliquer pour agrandir)
Mais que ceux qui se fichent des bonnes pratiques se rassurent. Pris ensemble, les 64 dossiers plus mal notés que Renault dans le classement AlphaValue ont surperformé le STOXX 600 Net Return sur un an. Par contre quand les affaires sortent, c'est une autre paire de manches.
Renault figure parmi les 1ers constructeurs automobiles mondiaux. Le CA par activité se répartit comme suit :
- vente de véhicules (91,9%) : 2,2 millions de véhicules particuliers et utilitaires vendus en 2023, répartis par marque entre Renault (1 548 748), Dacia (658 321), Renault Korea Motors (21 980), Alpine (4 328) et autres (1 968) ;
- prestations de services (8,1%) : prestations de financement des ventes (achat, location, crédit-bail, etc.), de services associés (entretien, extension de garantie, assistance, etc.) et de services de mobilité.
A fin 2023, le groupe dispose de 38 sites industriels dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (29,2%), Europe (49,3%), Amériques (8,7%), Eurasie (6,1%), Asie-Pacifique (3,5%), Afrique et Moyen Orient (3,2%).
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