Berne (awp) - Swisscom a franchi le pas en Italie, concluant le rachat de Vodafone Italia pour 8 milliards d'euros (7,7 milliards de francs suisses) en numéraire. Cette acquisition, approuvée par le Conseil fédéral, doit considérablement renforcer la présence du géant bleu au sud des Alpes où il pourra désormais aussi proposer des services de téléphonie mobile.

Le groupe bernois avait dévoilé fin février des "négociations exclusives" avec le britannique Vodafone concernant une reprise totale de Vodafone Italia. C'est désormais chose faite. "Vodafone Italia et Fastweb réuniront leurs infrastructures, leurs compétences et leurs aptitudes mobiles et fixes (...) pour faire émerger un fournisseur leader d'offres convergentes sur un marché qui se caractérise par des opportunités de croissance", a indiqué Swisscom vendredi dans un communiqué.

Selon l'opérateur helvétique historique, "la transaction constitue une opération cruciale permettant à Swisscom de réaliser son objectif stratégique de croissance rentable en Italie" et de "renforcer considérablement son positionnement" au sud des Alpes où il est présent avec Fastweb depuis 2007.

Quant à Vodafone Italie, il est décrit comme étant "un opérateur de communication mobile de qualité desservant une très nombreuse clientèle". Son rachat permettra de combiner le réseau fixe de Fastweb aux service de communication mobile du désormais ex-opérateur britannique.

Le Conseil fédéral a quant à lui estimé que le rachat de Vodafone Italia par Swisscom - détenu majoritairement par la Confédération - "n'est pas contraire aux objectifs stratégiques assignés" au groupe helvétique.

"L'une des principales attentes du Conseil fédéral est que les activités italiennes et suisses restent séparées sur les plans organisationnel et structurel. L'exigence selon laquelle Swisscom ne doit pas assumer de mandat de service universel à l'étranger reste inchangée", a insisté le gouvernement dans un communiqué, ajoutant que la fusion "relève de la compétence et de la responsabilité du conseil d'administration de Swisscom".

Berne, qui détient 51% de Swisscom, compte par ailleurs examiner cette année la privatisation totale ou partielle du géant bleu.

Ce rachat avait créé des remous dans la classe politique. L'UDC avait rappelé que les aventures internationales de Swisscom s'étaient soldées par "des amortissements de plusieurs milliards". La direction de Swisscom avait, elle, été conviée par plusieurs commissions parlementaires pour s'expliquer.

Synergies attendues

Sur le plan opérationnel, cette transaction doit permettre de réaliser des synergies de 600 millions d'euros par an et d'augmenter le dividende à 26 francs suisses au titre de 2025. L'acquisition sera entièrement financée par un emprunt, qui portera l'endettement de Swisscom à l'équivalent de 2,6 fois la dette nette par rapport au résultat brut d'exploitation (Ebitda) fin 2025, "tout en maintenant un bilan solide", a insisté Swisscom, qui espère conserver sa notation de crédit "A".

Dans l'après-midi, l'agence de notation américaine Moody's a annoncé examiner une révision à la baisse de la note A1 du géant bleu car l'acquisition "entraînera une détérioration importante de ses paramètres de crédit". La transaction implique aussi "une politique financière moins conservatrice que par le passé", même si elle "va renforcer la position de Swisscom sur le marché italien".

Le rachat doit être finalisé au 1er trimestre 2025. La nouvelle entité italienne de Swisscom pourra utiliser la marque Vodafone en Italie pendant cinq ans. Le groupe britannique fournira certains services moyennant une redevance annuelle initiale totale d'environ 350 millions d'euros, qui diminuera au fil du temps. Les deux groupes examineront par ailleurs "une relation commerciale plus étroite".

Bien qu'attendue, cette transaction a réjoui les marchés. Le titre Swisscom a clôturé en hausse de 4,9% à 528,40 francs suisses, à contre-courant d'un SMI en retrait de 0,4%.

Les analystes étaient aussi conquis. Christian Bader de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) a évoqué "un pas de géant" pour Swisscom, tandis que pour Mark Diethelm, de Vontobel, la fusion "va créer un solide concurrent sur le marché télécom le plus difficile d'Europe".

Cette combinaison d'activités va créer le numéro deux des télécoms en Italie, derrière l'opérateur historique TIM. Les deux entités fusionnées affichent un chiffre d'affaires combiné de 7,3 milliards d'euros et un résultat brut d'exploitation (Ebitda) de 2,4 milliards, ont rappelé les experts de Mirabaud Securities. Les deux sociétés se complètent bien, Fastweb étant établi dans le réseau câblé et Vodafone Italia dans le mobile.

Auparavant, la filiale italienne de Swisscom devait louer des capacités de téléphonie mobile à d'autres opérateurs pour ses propres clients, ce qui sera désormais caduc, ont ajouté les spécialistes de la banque genevoise. La nouvelle entité pourra ainsi proposer des offres combinées à ses abonnés.

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