Les actionnaires de Telecom Italia (TIM) voteront le 23 avril pour donner à l'administrateur délégué Pietro Labriola un nouveau mandat lui permettant de poursuivre ses projets de redressement du groupe endetté en vendant son réseau d'accès national à KKR.

Voici les plans de Labriola et les propositions alternatives :

PLAN A

M. Labriola, qui dirige TIM depuis deux ans, a accepté de vendre son réseau national - sa principale infrastructure - au fonds américain KKR pour un montant pouvant atteindre 22 milliards d'euros (23,4 milliards de dollars), ce qui constituerait une première pour un ancien monopole de la téléphonie sur un grand marché européen.

Soutenue par le gouvernement italien, qui détient une participation indirecte dans TIM, la vente devrait marquer un nouveau départ pour un groupe longtemps entravé par l'endettement et une concurrence féroce.

TIM espère finaliser la vente cet été, sous réserve de l'approbation des autorités antitrust de l'UE, ce qui lui permettra de réduire ses dettes de 14 milliards d'euros et de transférer la plupart de ses 37 000 employés de maison sur le réseau.

Mais M. Labriola est sous pression depuis le plongeon record de ses actions le mois dernier, lorsque les marchés ont rejeté les perspectives financières d'une entreprise TIM réduite à sa plus simple expression.

LE RÔLE DE VIVENDI

Vivendi, le plus grand actionnaire de TIM avec une participation de 24 %, a critiqué la vente du réseau, mettant en doute à la fois le prix et la viabilité de l'activité des services résiduels. Le groupe français de médias s'oppose à la vente devant les tribunaux.

Vivendi pourrait faire obstacle au renouvellement du mandat de Labriola s'il décidait de soutenir une liste de candidats alternatifs au conseil d'administration présentée par les investisseurs minoritaires de TIM.

Si Vivendi ne devrait pas soutenir les candidats proposés par le conseil d'administration sortant de TIM et dirigés par M. Labriola, il n'a pas encore indiqué s'il soutiendrait une autre liste. L'année dernière, ses représentants ont quitté le conseil d'administration après une série de négociations infructueuses avec le gouvernement sur l'avenir de TIM.

DÉFIER LABRIOLA

Les investisseurs activistes Merlyn Partners et Bluebell Capital Partners, qui détiennent chacun une participation de 0,5 % dans TIM, ont présenté des listes de candidats distinctes pour défier M. Labriola.

Tous deux ont déclaré qu'ils chercheraient à revoir et à améliorer les conditions de l'accord avec KKR, dans le but d'attirer le soutien de Vivendi.

M. Merlyn souhaite également que TIM vende sa filiale cotée au Brésil cette année et ses activités grand public nationales en 2025, afin de se concentrer sur les grandes entreprises clientes en leur proposant des services numériques à valeur ajoutée.

Merlyn a proposé l'ancien directeur général adjoint de TIM, Stefano Siragusa, comme PDG. Bluebell a nommé Laurence Lafont, vice-présidente sortante pour les industries stratégiques chez Google Cloud, pour le poste.

QUI L'EMPORTERA ?

Difficile à dire, la participation à l'AGA et la position de Vivendi étant les facteurs déterminants.

Selon les statuts de TIM, la liste de candidats qui obtient le plus grand nombre de voix obtient les deux tiers des sièges du conseil d'administration, ce qui signifie qu'elle peut nommer le PDG.

Le taux de participation s'est situé entre 53 % et 59 % lors des trois dernières assemblées générales. Cela signifie que Merlyn ou Bluebell doivent obtenir le soutien de Vivendi et des votes supplémentaires d'autres investisseurs ne détenant qu'une participation cumulée de 3 à 6 % dans TIM pour s'assurer une victoire.

Un taux de participation supérieur à 60 % est considéré comme positif pour les chances de Labriola.

Le prêteur d'État CDP, qui détient une participation de 10 % dans TIM, soutient la liste du conseil d'administration sortant.

Les conseillers en vote par procuration ISS et Glass Lewis, dont les recommandations sont généralement suivies par les investisseurs représentant environ 10 % de TIM, ont conseillé aux investisseurs de soutenir la liste sortante du conseil d'administration.

Si Vivendi décide de s'abstenir, le conseil sortant devrait l'emporter. Mais le groupe français n'a pas encore montré sa main. (1 $ = 0,9402 euro) (Reportage d'Elvira Pollina ; Rédaction de Keith Weir et Alexander Smith)