DUBAÏ (awp/afp) - La montée en puissance des relations commerciales entre Israël et les Emirats arabes unis se poursuit, malgré les difficultés liées à la pandémie mais aussi aux récentes opérations de l'Etat hébreu dans les Territoires palestiniens, selon une responsable israélienne présente à Dubaï.

En septembre 2020, les Emirats ont été le premier Etat du Golfe, suivi par Bahreïn, à normaliser leurs liens avec Israël, multipliant depuis les domaines de coopération économique.

Mais la répression de manifestations de Palestiniens par les forces israéliennes à Jérusalem-Est, occupé par Israël, puis les frappes israéliennes sur Gaza ont conduit les nouveaux partenaires commerciaux arabes de l'Etat hébreu à émettre des condamnations.

"En terme de relations commerciales (entre Israël et les Emirats), personne ne connaît le chiffre (précis) mais nous sommes à environ un demi-milliard de dollars jusqu'à présent", a indiqué à l'AFP Fleur Hassan-Nahoum, maire adjointe de Jérusalem et cofondatrice du Business Council Emirats-Israël.

"Il y a eu une véritable poussée ces derniers mois", et cela aurait été encore "plus élevé si, par exemple, il n'y avait pas eu le Covid", selon elle.

"Discussions très ouvertes"

Mme Hassan-Nahoum s'exprimait en marge d'un forum commercial à Dubaï réunissant notamment les deux pays et au cours duquel de nouveaux projets de coopération ont été évoqués notamment dans les domaines de la santé, de l'énergie renouvelable ou des technologies.

Lors de l'entretien, la responsable israélienne a par ailleurs reconnu que la récente flambée de violences entre Israéliens et Palestiniens avait suscité des échanges "pas faciles" avec les partenaires commerciaux émiratis.

"J'ai participé à différents forums entre Israéliens et Emiratis et il y a eu des discussions qui rendaient mal à l'aise, mais c'était important d'en parler", a souligne Mme Hassan-Nahoum.

"Nous avons eu des discussions très ouvertes au sujet de nos désaccords. Les gens avaient beaucoup de questions sur la campagne militaire (...) sur Cheikh Jarrah à Jérusalem, sur ce qui s'est passé à la mosquée Al-Aqsa", sur l'esplanade des Mosquées, a-t-elle ajouté.

Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza se sont livré une guerre de 11 jours en mai, survenue après la répression de manifestations à Jérusalem-Est, notamment sur l'esplanade des Mosquées, les Palestiniens protestant entre autres contre la possible expulsion de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah au profit de colons israéliens.

Du 10 au 21 mai, 260 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, dont 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait 13 morts parmi lesquels un enfant, une adolescente et un soldat, d'après l'armée.

"Provocations"

Amnesty International a dénoncé un "usage illégal et abusif de la force" par Israël contre des manifestants palestiniens "en grande partie pacifiques", notamment autour de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam.

Ces événements ont suscité la vive condamnation des populations arabes, y compris aux Emirats. Dans ce pays du Golfe, des internautes ont appelé à afficher plus de solidarité envers les Palestiniens voire à boycotter Israël.

"Israël a perdu sa campagne de relations publiques menée (...) pour améliorer son image et faire accepter le pays (...) dans la région", avait réagi sur Twitter un célèbre avocat d'affaires, Habib Al-Mulla, dénonçant les "provocations" de l'Etat hébreu.

Lors de ces violences meurtrières, la visite de la ministre du Tourisme israélienne Orit Farkash-Hacohen, prévue à Dubaï mi-mai pour un forum sur l'industrie du voyage, a été annulée.

Nouer une relation d'amitié après tant d'années de tensions, "je pense que ça va prendre du temps", admet pour sa part Mme Hassan-Nahoum.

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