Le bureau d'études Berenberg a réalisé hier une étude fort prudente sur les constructeurs automobiles, dans la lignée de ses commentaires récents, annonçant une fin de cycle. Il était donc logique que la banque mette aussi à jour ses anticipations sur les sous-traitants de cette industrie, ce qu'elle a fait dès ce matin. Sur les huit dossiers suivis, certains trouvent encore grâce à ses yeux (Aptiv, Hella et Leoni, suivis à l'achat), à l'inverse du compartiment des constructeurs, qui ne contient aucune recommandation positive.


Un parcours récent à relativiser au regard des 5 dernières années (cliquer pour agrandir)
 

En revanche, l'analyste reste en position d'attente sur Valeo (conserver), dont l'objectif de cours est amputé de 10 EUR, puisqu'il passe de 50 à 40 EUR. 2018 est l'année des déceptions pour le groupe, jadis vénéré par les investisseurs. Jusqu'à présent, le management a révisé en baisse ses anticipations à court terme, mais ce sont les objectifs de moyen terme qui chiffonnent Berenberg.

"Pour Valeo, le pire pourrait être à venir lorsque la société mettre à jour ses prévisions de moyen terme, selon toute probabilité lors des résultats 2018", explique l'analyste Fei Teng, qui entrevoit un "risque substantiel" de révision en baisse des objectifs 2021 à cette occasion. Côté rentabilité, le millésime 2018 s'annonce médiocre avec la première contraction des marges depuis 2012 pour la société. Teng pense que le projet 2021 d'atteindre 9% de marge opérationnelle lorsque la coentreprise avec Siemens sera devenue rentable est lui aussi à risque. Même scénario pour l'objectif de générer 3,7 milliards d'euros de cash-flow libre sur 2017-2021 : il va falloir cravacher.

Au final, l'analyste pense que Valeo n'a pas encore mangé son pain noir. "L'incapacité à transformer un carnet de commandes apparemment conséquent en chiffre d'affaires et le manque de visibilité sur la reprise de la croissance signifient que la révision en baisse des prévisions de moyen terme est une éventualité crédible".

Les grandes caractéristiques du dossier Valeo selon Berenberg :
• Historiquement l'un des moteurs du secteur, mais une croissance inférieure à celle des rivaux depuis peu
• Des objectifs 2021 à risque
• Une croissance des marges grevée par les développements et les coûts de lancement des innovations, alors que ces marges ont précédemment bénéficié d'un effet comptable de capitalisation de la R&D
• Sur le podium pour l'efficacité des investissements, mais avant prise en compte d'une piètre croissance 2018
• Risque sur la demande pour les fournisseurs de groupes-propulseur, même si Valeo est très bien positionné grâce à son avance technologique et à sa faible exposition au diesel
• Objectif de cours de 40 EUR dérivé du P/E moyen sectoriel de 9,6 sur la base d'un bénéfice par action 2019 attendu à 4,35 EUR.