Le rendement du bund allemand à 10 ans a légèrement augmenté vendredi, le laissant un peu plus haut sur la semaine et autour de son plus haut niveau depuis le début du mois de décembre, alors que les traders digèrent les données mondiales mitigées de la semaine et ce qu'elles signifient pour la politique de la banque centrale.

Le rendement de la référence de la zone euro a augmenté de 2 points de base (pb) à 2,38%, non loin du plus haut de deux mois et demi de mardi à 2,415%, atteint après que les données sur l'inflation américaine plus élevées que prévu aient fait grimper les rendements obligataires des deux côtés de l'Atlantique.

Le rendement à 10 ans de l'Allemagne a peu changé sur une base hebdomadaire, cependant, car d'autres données, y compris les ventes au détail américaines plus faibles que prévu jeudi, et les données d'inflation britanniques plus faibles que prévu mercredi, ont quelque peu compliqué la situation mondiale.

Le principal événement de vendredi est la publication des prix à la production aux États-Unis, que Jim Reid, stratège à la Deutsche Bank, a qualifié de "plus importante publication de l'IPP américain depuis un certain temps ... (car elle) fournira une mise à jour sur certains composants clés de l'inflation PCE".

L'inflation PCE est la mesure d'inflation préférée de la Réserve fédérale américaine et elle s'est quelque peu écartée de l'inflation des prix à la consommation au cours des derniers mois.

Les obligations d'État du monde entier sont très sensibles aux changements attendus dans la politique des banques centrales. Ces attentes sont proches d'une évolution à l'unisson, car les marchés pensent que la plupart des grandes banques centrales préféreraient maintenir leur politique à peu près alignée sur celle de la Fed, et en raison de la nature mondiale de la poussée inflationniste qui a suivi la crise COVID et de son récent déclin.

Le marché estime qu'il y a environ 50 % de chances que la Banque centrale européenne réduise ses taux de 25 points de base lors de sa réunion d'avril, et qu'elle prévoit 50 points de base de réduction lors de ses réunions d'avril, de juin et de juillet.

Une baisse en mars, désormais considérée comme très improbable, était pratiquement prévue pour la fin de l'année 2023, et ce changement a entraîné la vente d'obligations d'État cette année.

Les investisseurs ont également digéré les dernières remarques des décideurs politiques. François Villeroy de Galhau, membre de la BCE et directeur de la Banque de France, a déclaré au journal belge L'Echo que la BCE ne devrait pas attendre trop longtemps avant de procéder à une première baisse des taux d'intérêt.

M. Villeroy a ajouté que la BCE disposait de "trois degrés de liberté" en ce qui concerne sa future politique monétaire, à savoir le moment de la première baisse des taux, le rythme de l'assouplissement ultérieur de la politique monétaire et le niveau auquel les taux pourraient descendre.

En revanche, Isabel Schnabel, responsable de la politique monétaire de la BCE, a déclaré que la BCE devait faire preuve de prudence avant d'ajuster prématurément sa politique.

Le rendement italien à 10 ans a augmenté d'environ 2 points de base à 3,87 %, à environ 11 points de base de son sommet de deux mois atteint mardi après la publication des chiffres de l'inflation aux États-Unis.

Il se dirige vers une petite baisse hebdomadaire, de près de 10 points de base, aidant l'écart très surveillé entre les rendements allemands et italiens à 10 ans à se réduire à 147,3 points de base vendredi, proche de son plus bas niveau en deux ans. (Reportage d'Alun John, édition de Mark Potter)