La Banque nationale suisse a réduit son taux d'intérêt principal de 25 points de base à 1,50 % jeudi, une décision surprise qui fait d'elle la première grande banque centrale à réduire sa politique monétaire plus stricte visant à lutter contre l'inflation.

Le franc a chuté après la décision, poussant l'euro à son plus haut niveau par rapport à la monnaie suisse depuis la mi-juillet de l'année dernière, tandis que les rendements des obligations d'État suisses ont plongé.

RÉACTION DU MARCHÉ :

STOCKS : L'indice SMI de Zurich a augmenté de 1,3% sur la journée, surperformant l'indice de référence européen STOXX 600.

FOREX : Le franc suisse s'est globalement affaibli, poussant l'euro de 1% à 0,978, son plus haut depuis juillet dernier, tandis que le dollar a gagné jusqu'à 1,2% pour toucher un pic de séance à 0,898.

MARCHÉ MONÉTAIRE : Les rendements des obligations suisses à 10 ans ont chuté de 12 points de base sur la journée à 0,665%, s'apprêtant à connaître leur plus forte baisse en une journée depuis avril de l'année dernière, selon Tradeweb.

COMMENTAIRES :

JUSTIN ONUEKWUSI, CIO, ST JAMES'S PLACE, LONDRES :

"Nous sommes dans un cycle d'assouplissement global et il s'agit de choisir le bon moment pour agir.

"Cela nous surprend un peu qu'ils (la BNS) aient agi plus tôt. C'était 50-50 pour un mouvement.

"En général, les banques centrales préfèrent se montrer prudentes.

COLIN ASHER, ÉCONOMISTE PRINCIPAL, BANQUE MIZUHO, LONDRES :

"L'ampleur du problème de l'inflation en Suisse n'a jamais été particulièrement importante, et la Banque nationale suisse ne risque pas de voir les anticipations d'inflation se désancrer.

"Par conséquent, les perspectives d'inflation étant favorables, la Banque nationale suisse s'est sentie libre d'assouplir sa politique. La BNS ne se réunit que tous les trimestres et, dans le sillage de la réunion dovish de la Fed, il est certainement possible que d'autres banques centrales aient sauté le pas d'ici la prochaine réunion, ce qui les a aidées à franchir la ligne cette fois-ci".

JAN VON GERICH, ANALYSTE EN CHEF, NORDEA, HELSINKI :

"C'est la première banque centrale du monde développé à assouplir sa politique, ce qui montre la direction prise par les autres.

"La BNS a toujours été la première à agir, donc cela ne devrait pas avoir d'impact sur ce que feront les autres.

"Mais du point de vue des marchés, cela ouvre la porte à ce qui pourrait se passer ailleurs.

"Les chiffres de l'inflation en Suisse ont été plus faibles que dans la zone euro, il s'agissait donc de savoir si la BNS interviendrait lors de cette réunion ou de la suivante.