Zurich (awp) - Elargir la direction générale, verser un dividende même en cas de déficits, protéger le climat ou assurer la pérennité du système de prévoyance sont autant de revendications qui mettent en péril le mandat de la Banque nationale suisse (BNS). La présidente du Conseil de banque Barbara Janom Steiner a mis en garde jeudi contre des "attaques", "dangereuses pour notre pays".

"Ces demandes - ou devrais-je dire: ces attaques? - témoignent pour certaines d'une imprudente légèreté, relèvent pour d'autres de la défense d'intérêts particuliers", a tancé Mme Janom Steiner lors de l'assemblée générale de la BNS, selon le texte de son allocution.

L'élargissement de la direction générale est présenté par ses partisans comme une mesure visant à accroître la diversité. Pour la présidente, cela reviendrait plutôt à faire prévaloir des critères politiques ou idéologiques et les intérêts particuliers. L'institut d'émission prend des décisions de politique monétaire dans l'intérêt du pays et non pas "au bénéfice de tel ou tel groupe d'intérêt ou secteur économique", a souligné Mme Janom Steiner.

Conformément aux dispositions légales, le Conseil de banque doit proposer au gouvernement des personnes bénéficiant d'une réputation irréprochable et ayant une expérience reconnue dans les domaines monétaire, financier et bancaire.

Pas d'obligation de verser un dividende

Barbara Janom Steiner s'est également érigée contre l'"instrumentalisation" de la notion d'intérêt général. La présidente cible tout particulièrement les "contestataires" qui souhaitent que la BNS intègre la protection du climat dans ces décisions ou qu'elle assure la pérennité du système de prévoyance-vieillesse. Cela irait à l'encontre des dispositions de la Constitution fédérale au sujet de la banque centrale. "De politique climatique ou sociale il n'est point question, même s'il s'agit incontestablement de sujets importants", note-t-elle.

Alors que certaines voix s'élèvent pour réclamer des versements systématiques aux cantons et à la Confédération, Mme Janom Steiner rappelle que cela ne figure pas au cahier des charges de la BNS. "Celle-ci n'a pas pour mandat de procéder à de telles distributions ni, du reste, de réaliser un bénéfice." Des dividendes garantis pourraient mettre en péril le bilan de l'institut. Les cantons, surtout, utilisent cette manne pour équilibrer leurs finances.

"La BNS n'est pas fermée aux critiques, elle est même prête à les écouter", a averti la présidente. "Les personnes qui la critiquent ces temps-ci devraient toutefois se demander si elles ne cherchent pas à imposer des changements qui n'ont pas lieu d'être." La dirigeante a relativisé la portée des attaques, les attribuant à des détracteurs "peu nombreux" mais qui "parlent fort". Le monde politique, dans sa majorité, soutiendrait ainsi l'indépendance de la banque centrale.

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