La Banque nationale suisse a donné le coup d'envoi des baisses de taux jeudi, deuxième décision importante de la semaine pour une banque centrale après la Banque du Japon, qui a procédé à sa première hausse de taux en 17 ans.

La Réserve fédérale américaine a maintenu mercredi ses prévisions de réduction des taux de 75 points de base cette année, et la Banque d'Angleterre a déclaré jeudi que l'économie évoluait dans la bonne direction pour qu'elle commence à réduire ses taux.

Voici la position des grandes banques centrales.

RÉDUCTION PRÉCOCE DES TAUX

1/ SUISSE

La Banque nationale suisse a réduit ses taux de 25 points de base à 1,50 % jeudi, une décision surprise qui a poussé le franc à ses plus bas niveaux depuis huit mois face à l'euro, tandis que les obligations d'État suisses se sont redressées.

Il s'agit de la première baisse de taux de la BNS en neuf ans, et elle intervient après que l'inflation ait chuté à 1,2% en février, le neuvième mois consécutif où les hausses de prix sont restées dans la fourchette cible de 0-2% de la BNS.

POURRAIT ÊTRE LE PROCHAIN

2/ SUÈDE

La banque centrale suédoise, qui a maintenu son taux directeur à 4% en février, a déclaré qu'elle pourrait avancer la date d'une première baisse de taux si l'inflation continue à ralentir.

La Riksbank prendra sa prochaine décision sur les taux le 27 mars. Les économistes prévoient un premier assouplissement en mai ou en juin.

3/ ZONE EURO

La BCE a maintenu les coûts d'emprunt à des niveaux record au début du mois, mais a fait un petit pas vers leur diminution, en déclarant que l'inflation diminuait plus rapidement qu'elle ne l'avait prévu il y a quelques mois.

Les marchés prévoient environ 90 points de base de réduction cette année, avec une probabilité d'environ 80 % que la première réduction ait lieu en juin, une perspective sur laquelle certains décideurs politiques de la BCE semblent s'aligner.

Mais les paris sur les réductions de taux du marché pourraient changer en fonction de ce qui pourrait se passer aux États-Unis. En réduisant ses taux avant la Fed, la BCE risque d'affaiblir l'euro, ce qui pourrait relancer l'inflation.

4/ ÉTATS-UNIS

La Fed a maintenu mercredi ses taux entre 5,25 % et 5,5 %, niveau auquel ils se situent depuis juillet 2023.

Plus que la décision elle-même, le président Jerome Powell a déclaré que les récents taux d'inflation élevés n'avaient pas changé l'histoire sous-jacente de l'assouplissement lent des pressions sur les prix, alors que la Fed a maintenu ses prévisions pour trois réductions de taux de 25 points de base cette année.

Les marchés s'alignent largement sur ces prévisions, estimant à environ 75 points de base les réductions des taux américains en 2024, contre 150 points de base au début de l'année. Une première mesure est considérée comme très probable en juin.

AU MILIEU

5/ CANADA

La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d'intérêt est attendue le 10 avril. On s'attend à ce que la banque centrale maintienne son taux d'intérêt au jour le jour à son plus haut niveau depuis plusieurs décennies.

La Banque du Canada a maintenu ses taux à 5% début mars, et a déclaré que l'inflation sous-jacente signifiait qu'il était trop tôt pour envisager une réduction. Les marchés prévoient une réduction d'environ 60 points de base cette année, le mois de juin étant le point de départ le plus probable.

6/ BRETAGNE

La BOE a maintenu ses taux inchangés à 5,25%, leur plus haut niveau depuis 16 ans, mais le gouverneur Andrew Bailey a déclaré que l'économie évoluait dans la bonne direction pour une baisse.

Deux responsables politiques ont abandonné leur vote en faveur d'une hausse des taux.

Les prix du marché montrent que les traders pensent qu'une réduction des taux de 25 points de base d'ici juin est légèrement plus probable qu'improbable, ils prévoient pleinement deux réductions de taux de ce type au cours des trois réunions qui se tiendront jusqu'en septembre.

PLUS TARD ENCORE

7/ AUSTRALIE

La Banque de réserve d'Australie a maintenu ses taux à leur plus haut niveau depuis 12 ans, soit 4,35 %, mais a assoupli sa position en abandonnant l'avertissement concernant de nouvelles hausses qui figurait dans les déclarations de politique monétaire précédentes.

Les marchés suggèrent que la première réduction pourrait intervenir en août ou en septembre.

8/ NOUVELLE ZELANDE

Le gouverneur adjoint de la Banque de réserve de Nouvelle-Zélande, Christian Hawkes, a déclaré à Reuters ce mois-ci que les taux d'intérêt, au plus haut depuis 15 ans (5,5 %), devraient rester restrictifs pendant un certain temps.

Mais l'humeur pourrait changer avant la prochaine décision de taux de la RBNZ en avril. Le ministre des finances, Nicola Willis, a prévenu la semaine dernière que la croissance économique dans les années à venir serait "nettement plus lente" que prévu.

9/ NORVÈGE

La banque centrale norvégienne a laissé ses taux inchangés à 4,50% jeudi, comme prévu, et a indiqué qu'elle prévoyait une seule baisse cette année, moins qu'anticipé par la plupart des économistes.

Les marchés anticipent un assouplissement en septembre comme le plus probable et un autre d'ici la fin de l'année.

POUR TOUJOURS, L'ABERRATION

10/ JAPON

La Banque du Japon continue de creuser son propre sillon. Elle a mis fin à huit années de taux négatifs, ramenant les taux à une fourchette de 0-0,1 % et abandonnant le contrôle de la courbe des taux - où elle achetait de grandes quantités d'obligations du gouvernement japonais pour plafonner les coûts d'emprunt.

L'inflation dépassant l'objectif de la BoJ depuis plus d'un an, on s'attendait à un changement en mars ou en avril. Néanmoins, ces mesures sont une marque de confiance de la part de la BoJ, qui estime que le Japon est enfin sorti de l'emprise de la déflation.