Le gouvernement brésilien cherche à créer un marché du carbone réglementé, avec des plafonds d'émissions pour les grandes entreprises et des protections pour les communautés indigènes impliquées dans des activités de compensation des émissions de carbone, a déclaré un haut fonctionnaire.

La proposition présentée par Rafael Dubeux, qui coordonne les actions du plan de "transformation écologique" du ministère des finances, constitue l'un des éléments les plus ambitieux du programme environnemental très médiatisé du président Luiz Inacio Lula da Silva.

Lula a fait campagne en promettant de lutter contre la déforestation illégale dans la forêt amazonienne, et la destruction a été réduite de plus de 40 % au cours des sept premiers mois de son mandat. Aujourd'hui, son gouvernement se concentre sur d'autres sources d'émissions de gaz à effet de serre.

La législation soumise au Congrès ce mois-ci structurerait le nouveau marché du carbone autour d'un plafond pour les entreprises émettant plus de 25 000 tonnes d'équivalent de dioxyde de carbone par an, a déclaré M. Dubeux lors d'une interview mercredi après-midi.

Ce plafond toucherait les entreprises pétrolières et gazières, ainsi que les conditionneurs de viande et les producteurs d'acier, de ciment et d'aluminium, a-t-il précisé, ajoutant que les entreprises concernées ne représentent que 0,1 % des entreprises brésiliennes, mais qu'elles produisent près de la moitié des émissions.

Une fois adoptée par le Congrès, la réglementation exigerait deux années de contrôle des émissions avant que le plafond ne prenne effet. À ce moment-là, les entreprises qui réduisent leurs émissions plus rapidement que nécessaire pourront générer des crédits qu'elles pourront échanger sur une bourse avec celles qui peinent à suivre le rythme.

Les entreprises pourraient également compenser leurs émissions par des crédits générés par des projets de reboisement, a expliqué M. Dubeux.

Au Brésil, les projets de reforestation et de conservation offrent déjà aux entreprises un moyen de compenser volontairement leurs émissions. Toutefois, selon Mme Dubeux, l'absence de réglementation a ouvert la voie à des "cow-boys du carbone" irresponsables qui profitent de certains participants.

Par exemple, certains promoteurs ont approché des communautés indigènes avec des contrats injustes offrant de maigres paiements. La législation proposée établirait des critères pour de tels accords, garantissant un large consensus et des conditions équitables pour les communautés autochtones concernées.

Lula a présenté le vaste plan de transition écologique comme la pièce maîtresse de son troisième mandat non consécutif. Dans le cadre de ce plan, les fonds provenant des premières obligations souveraines durables du Brésil, prévues pour cette année, seront principalement alloués au Fonds climatique supervisé par la banque de développement nationale BNDES, a déclaré M. Dubeux.

Il a ajouté que le plan comprenait une révision des incitations fiscales et de nouvelles taxes sur les produits nuisibles à l'environnement. Le gouvernement souhaite également stimuler le développement régional, notamment la production d'équipements éoliens dans le nord-est du pays. (Reportage de Marcela Ayres et Bernardo Caram, édition de Brad Haynes et Devika Syamnath)