La compagnie nationale d'énergie du Qatar, l'un des plus grands exportateurs de gaz naturel liquéfié au monde, a interrompu l'envoi de navires-citernes en mer Rouge après les frappes menées par les États-Unis contre les militants houthis au Yémen, qui ont ciblé cette route commerciale cruciale.

Les attaques des Houthis contre les navires, qui disent agir par solidarité avec les Palestiniens, ont perturbé le commerce mondial et alarmé les grandes puissances occidentales, dans le sillage de la guerre de plus de trois mois menée par Israël contre les militants du Hamas à Gaza.

Selon une source haut placée, QatarEnergy, entreprise publique, a retenu au moins quatre méthaniers en mer Rouge, ce qui constitue le dernier changement en date de la part d'une grande entreprise, ajoutant que la production se poursuit.

Cette décision fait suite à des dizaines de frappes américaines et britanniques contre les Houthis au Yémen. Ces derniers sont en guerre contre une coalition dirigée par l'Arabie saoudite depuis des années, mais ils se sont également tournés vers la mer voisine afin de faire pression sur Israël.

L'armée américaine a déclaré dimanche en fin de journée que son avion de chasse avait abattu un missile de croisière antinavire tiré par les militants en direction d'un destroyer américain. Aucun blessé ni dégât n'a été signalé, selon un communiqué de l'armée sur X.

Lundi, le constructeur automobile Suzuki a déclaré que la production serait interrompue dans son usine d'Esztergom, en Hongrie, du 15 au 21 janvier, les attaques de la mer Rouge ayant retardé l'arrivée des moteurs fabriqués au Japon.

Les Houthis ont promis de continuer à cibler les navires liés à Israël et de répondre fermement aux attaques dont ils font l'objet.

La Grande-Bretagne, alliée des États-Unis, a déclaré qu'elle ne souhaitait pas être impliquée dans un conflit en mer Rouge, mais qu'elle s'engageait à protéger le droit de libre navigation. "Attendons de voir ce qui va se passer", a déclaré le ministre de la défense, Grant Shapps, à propos d'éventuelles nouvelles frappes.

UNE PAUSE POUR DES CONSEILS EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ

Les données de suivi des navires de LSEG ont montré que les navires qataris Al Ghariya, Al Huwaila et Al Nuaman avaient chargé du GNL à Ras Laffan et se dirigeaient vers le canal de Suez avant de s'arrêter à Oman le 14 janvier. Le Al Rekayyat, qui rentrait au Qatar, s'est arrêté le 13 janvier en mer Rouge.

"Il s'agit d'une pause pour obtenir des conseils en matière de sécurité. Si le passage par la mer Rouge reste dangereux, nous passerons par le Cap", a déclaré la source à Reuters lundi à propos de QatarEnergy.

L'itinéraire plus long qui passe par le cap de Bonne-Espérance, en Afrique, peut ajouter environ 9 jours au voyage vers l'Europe, qui dure normalement 18 jours.

Le gouvernement qatari et QatarEnergy n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

La mer Rouge est reliée à la Méditerranée par le canal de Suez, qui constitue la route maritime la plus courte entre l'Europe et l'Asie, et au golfe d'Aden par le détroit de Bab-al-Mandab, entre le Yémen et Djibouti.

Environ 12 % du trafic maritime mondial transite par le canal.

Les prix de référence du gaz européen pour le premier mois sur la plate-forme néerlandaise TTF étaient en baisse de 1,20 euro à 30,40 euros par mégawattheure (MWh) au début des échanges lundi, selon les données du LSEG.

Les prix spot du GNL en Asie ont chuté à leur plus bas niveau en sept mois de 10,10 dollars par million d'unités thermiques britanniques (mmBtu) vendredi, soutenus par des niveaux de stockage sains en Europe et dans le nord-est de l'Asie.

Les prix du pétrole ont légèrement baissé lundi, les approvisionnements en pétrole n'étant pas affectés, malgré l'escalade des tensions au Moyen-Orient, après avoir augmenté de 2 % la semaine dernière en raison des perturbations potentielles émanant du conflit.