ANKARA, 17 décembre (Reuters) - Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a demandé dimanche à son homologue américain Antony Blinken d'user de son influence sur Israël pour mettre fin aux attaques israéliennes contre Gaza et la Cisjordanie, a indiqué une source diplomatique turque.

La Turquie, qui soutient une solution à deux États dans le conflit, a sévèrement critiqué Israël, appelant à un cessez-le-feu total et à ce que les dirigeants israéliens soient jugés par des tribunaux internationaux pour crimes de guerre, tout en critiquant le soutien de l'Occident à Israël.

Washington, le plus proche allié d'Israël, a déclaré à plusieurs reprises qu'il soutenait le droit du pays à se défendre après le massacre transfrontalier perpétré par les militants du Hamas le 7 octobre.

Les Etats-Unis ont cependant multiplié les appels à Israël pour qu'il fasse preuve de retenue dans sa campagne militaire, qui a tué près de 19.000 personnes, selon les responsables de la santé à Gaza, et détruit une grande partie de la bande de Gaza.

Hakan Fidan a déclaré à Antony Blinken que la situation à Gaza et en Cisjordanie s'aggravait en raison des attaques israéliennes, selon la source. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré jeudi au président américain Joe Biden que les États-Unis avaient une responsabilité historique dans l'obtention d'un cessez-le-feu à Gaza.

"M. Fidan a insisté sur la nécessité d'obliger Israël à s'asseoir à la table (des négociations) après un cessez-le-feu total, afin d'entamer un processus visant à instaurer une paix juste et durable basée sur une solution à deux États", a ajouté la source.

Bien que la Turquie ait qualifié Israël d'État "terroriste" pour ses attaques contre Gaza, elle a maintenu leurs liens commerciaux, s'attirant les critiques des partis d'opposition et de certaines puissances régionales.

Le ministre du commerce, Omer Bolat, a déclaré vendredi que les échanges commerciaux entre la Turquie et Israël avaient chuté de 48% depuis le 7 octobre, précisant que la plupart de ces échanges étaient réalisés par des entreprises internationales opérant en Turquie. Il a ajouté que les marchandises envoyées aux Palestiniens devaient également passer par Israël.

La source a déclaré que Hakan Fidan et Antony Blinken avaient également discuté des relations bilatérales, de la candidature de la Suède à l'adhésion à l'Otan, que le Parlement turc doit encore ratifier, et de la demande d'Ankara d'acheter des avions de combat F-16 aux États-Unis.

En octobre 2021, la Turquie a demandé à acheter 40 chasseurs F-16 de Lockheed Martin Corp et 79 kits de modernisation pour ses avions de guerre existants. L'administration Biden est favorable à cette vente de 20 milliards de dollars, mais le Congrès américain a émis des objections quant au respect des droits de l'homme par la Turquie, membre de l'Otan, et au fait qu'elle ait retardé la demande suédoise.

Après une longue période de non-alignement, la Suède a demandé à rejoindre l'Otan pour renforcer sa sécurité en réponse à l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie en février 2022, mais elle est restée dans l'expectative en raison de la résistance de la Turquie et de la Hongrie, deux États membres de l'alliance. (Reportage Tuvan Gumrukcu ; rédigé par Alexander Smith et Alex Richardson, version française Benjamin Mallet)