Ironiquement, la majeure partie du problème vient de la diversification tant vantée par les manuels de finance. N'importe quel investisseur un peu d'aplomb vous dira qu'il ne faut pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Les propositions d'investissement des professionnels sont donc diversifiées. En particulier les supports de type assurance-vie. Ça vous évite d'avoir perdu le tiers de votre pécule en un an si vous avez acheté uniquement du Nasdaq Composite début 2022.

Le CAC40 domine

Sur trois ans, le CAC40 (ici dividende réinvestis) surperforme largement les indices américains et allemands et à fortiori les produits obligataires

Dans un tel contexte, la performance stratosphérique du CAC40 est diluée au milieu des contrats multisupports. A cause de cette exposition au marché chinois qui apportait un peu d'exotisme à votre portefeuille et qui n'a pas suivi la trajectoire prévue. Ou de ce fonds très à la mode tourné vers l'environnement, qui n'a pas bien digéré les records pétroliers de l'année dernière. Donc même si votre ligne CAC40 est à +15% sur un an, il est possible que votre épargne globale affiche un déprimant +0,6%, voire des performances négatives si le rouleau-compresseur inflationniste vous est passé dessus.

J'ajouterais même qu'un CGP roublard et terriblement chanceux n'aurait probablement pas pu vous offrir la lune en misant toutes vos économies sur le seul indice parisien. Les intermédiaires financiers doivent respecter certaines contraintes réglementaires pour éviter de détenir des positions trop agressives ou trop concentrées.

Dans la même veine, les gérants actifs qui se comparent au CAC40 ont la tête au fond du seau : la performance de l'indice est très difficile à atteindre parce que personne ne peut prendre le risque d'accroître son exposition au luxe dans de telles proportions. Parce que c'est du luxe que vient une partie du problème.

Pourquoi le CAC40 est-il si performant depuis quelques années ?

Là encore, la réponse est assez simple : le luxe est devenu au CAC40 ce que les GAFAM étaient au S&P500 pendant des années. LVMH pèse 13% du CAC40. L'Oréal 6%, Hermès 3,63% et Kering 2,5%. Soit environ 25% de l'indice. LVMH est la valeur qui génère le plus de volumes, même si son flottant est limité par la détention de la famille Arnault. En capitalisation brute, LVMH, L'Oréal, Hermès et Kering pèsent plus de 1 000 milliards de dollars.

D'ailleurs si l'on compare le parcours de LVMH et d'un indice très performant, disons le CAC40 😉, eh bien le CAC40 est humilié :

Humiliation
Surperformance sur 3 ans...

Ce qui signifie en d'autres termes que LVMH prend de plus en plus de poids dans l'indice, à l'image des autres acteurs du secteurs. J'ai mis aussi le graphique sur dix ans pour montrer à quel point ce phénomène est important et continu. Il a même accéléré en début d'année.

Sur 10 ans
... et sur 10 ans

Donc pour résumer : le luxe est le moteur du CAC40. Donc le luxe prend de plus en plus de poids dans le CAC40. Donc le CAC40 continue à grossir. Donc le luxe continue à grossir encore plus. Etc. C'est l'effet GAFAM qui a rendu le S&P500 et a fortiori le Nasdaq si performants depuis la crise financière de 2008. Et pour l'instant, le phénomène continue.

C'est la raison pour laquelle les CGP vont devoir continuer à expliquer à leurs clients pourquoi les performances sont moins flamboyantes que celles du CAC40.