Zurich (awp) - La Bourse suisse, à l'instar des autres places européennes, a fini vendredi en nette baisse sous les 10'600 points. Les investisseurs ont été pris de court par les propos du patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a balayé les espoirs de voir une fin prochaine du cycle de resserrement monétaire.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a en effet averti jeudi qu'il "n'hésitera pas" à relever encore les taux directeurs "si nécessaire" face à la forte inflation aux Etats-Unis. Le 1er novembre, la banque centrale avait, pour la seconde fois d'affilée, pourtant maintenu ses taux dans leur fourchette de 5,25% à 5,50%, faisant naître l'espoir de voir les taux ne plus augmenter.

"Une fois de plus, les espoirs (des investisseurs) d'une fin du cycle de resserrement monétaire aux Etats-Unis ont été refroidis par quelques mots" de M. Powell, a estimé Konstantin Oldenburger, analyste de CMC Markets, dans un commentaire. Mais il ne "s'agit pas de toute la vérité sur le coup de frein sur le marché des actions", le rally observé depuis la dernière décision de la Fed ayant "nécessité une certaine correction", a-t-il ajouté.

Les rares données macroéconomiques de l'après-midi n'ont pas suffi à rassurer les intervenants. Aux Etats-Unis, la confiance des consommateurs se trouve ainsi au plus bas depuis six mois en novembre, plombée par les craintes sur l'inflation, selon l'estimation préliminaire de l'Université du Michigan.

A Wall Street, les trois principaux indices évoluaient par contre en hausse.

La Bourse suisse a quant à elle fini dans le rouge. Le SMI a clôturé en baisse de 0,84% à 10'555,35 points, après être passé en fin de matinée sous les 10'600 points. Ce niveau n'avait plus été atteint depuis mars. Le SLI a abandonné 0,98% à 1661,72 points et le SPI a perdu 0,80% à 13'860,50 points.

La majorité des valeurs vedettes a terminé en baisse, Richemont (-5,2%) conservant jusqu'en fin de séance la lanterne rouge. Si le géant genevois du luxe a renoué avec les chiffres noirs au premier semestre de son exercice décalé, la demande pour les produits de luxe marque le pas, notamment dans l'horlogerie avec une baisse des recettes de 3%.

Le concurrent biennois Swatch Group (-5,2%) a été entraîné dans les tréfonds du classement, suivi par Alcon (-2,1%) qui publiera mardi soir ses résultats au troisième trimestre. Les analystes s'attendent au maintien de la dynamique qui a profité ce printemps au groupe genevois, indépendant de Novartis depuis avril 2019. Les effets de change devraient même être légèrement positifs de juillet à septembre, après avoir affecté négativement le chiffre d'affaires de 3% lors du premier semestre.

A l'autre bout du classement, les quelques rescapés se composaient de Givaudan (+2,3%), Sandoz (+2,0%) et Holcim (+0,6%). Le producteur de médicaments génériques a investi 175 millions d'euros dans l'extension d'une usine en Autriche. Quant au géant des matériaux de construction, il a bénéficié d'un relèvement de recommandation à "hold", contre "sell" précédemment, par Berenberg.

Sur le marché élargi, Vontobel (-5,6%) a creusé ses pertes. Citigroup a dégradé la recommandation du gestionnaire de fortune à "sell", contre "neutral" précédemment, car il affiche une moins bonne rentabilité que ses pairs européens.

A l'inverse, le genevois Lem a pris 3,0% après avoir vu son chiffre d'affaires et son bénéfice progresser au premier semestre de son exercice décalé.

Dätwyler (+3,3%) a aussi accéléré. Le fabricant de machines et de composants industriels, qui a organisé sa journée des investisseurs, confirme ses objectifs annuels et à moyen terme. Vontobel a raboté l'objectif de cours à 196 francs suisses, contre 204 francs suisses précédemment, et maintenu la recommandation à "hold".

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