Zurich (awp) - La Bourse suisse peinait au démarrage jeudi, malgré une 8e séance consécutive clôturée en hausse la veille par l'indice Dow Jones à Wall Street. Les investisseurs semblent nerveux à une semaine de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de son homologue européenne la BCE, alors qu'une nouvelle salve de résultats semestriels est intervenue, avec notamment ceux de Givaudan et ABB.

A Wall Street mercredi, le Dow Jones a signé un nouveau plus haut niveau de l'année, les principaux indices américains terminant en légère hausse. Les banques ont poursuivi leur hausse malgré des résultats plus que médiocres pour Goldman Sachs, observe dans son commentaire John Plassard, de Mirabaud Banque. "Concernant une potentielle récession aux États-Unis, au lendemain de l'abaissement des prévisions de Goldman Sachs (leurs probabilités de récession passent de 25 à 20%), et des commentaires constructifs du CEO de Bank of America (il pourrait n'y avoir qu'une récession technique au début 2024), il convient une nouvelle fois de se référer aux statistiques historiques", rappelle l'expert.

Depuis la Deuxième Guerre mondiale, aucune récession n'a jamais débuté au cours d'une année préélectorale. Ce qui tendrait à dire que les États-Unis pourraient éviter de connaitre une croissance négative pendant deux trimestres (ou plus) en 2024, poursuit M. Plassard.

Sur le front des premières informations macroéconomiques, le Japon a enregistré un mini-excédent commercial en juin, le premier depuis près de deux ans. Mais la croissance des exportations s'est tassée sur fond de la reprise poussive en Chine. Le commerce extérieur suisse a marqué le pas dans les deux directions du trafic au deuxième trimestre. Le plus important contributeur aux exportations helvétiques, l'industrie chimique et pharmaceutique, n'a pas échappé à la tendance morose.

Après avoir débuté la séance sur un repli de 0,21%, le SMI ne parvenait pas à s'extraire de la zone rouge dans les premiers échanges, notant à 09h10 à 11'094,48 points, soit un recul de 0,23%. Le SLI cédait quant à lui 0,27% à 1751,21 points et l'indicateur élargi SPI 0,32% à 14'652,05 points.

Sur les 30 valeurs constitutives de l'indice Swiss Leader Index, sept, dont le poids lourd Novartis, gagnaient du terrain et 22 en perdaient, alors que Julius Bär faisait du surplace. Quant aux deux autres plus grosses capitalisations du marché, Roche et Nestlé abandonnaient chacun 0,5%.

En haut de tableau, Geberit (+1,5%) s'échappait seul en tête, le titre du spécialiste st-gallois des équipements de salles d'eau tirant profit du relèvement par Goldman Sachs de son objectif de cours et de sa recommandation. Zurich Insurance (+0,9%) était lancé à sa poursuite, précédant un autre assureur, à savoir Swiss Life (+0,7) et le géant zougois des matériaux de construction Holcim (+0,7%).

Le vert était aussi de mise pour Novartis (+0,6%), le réassureur Swiss Re (+0,5%) ainsi que le gestionnaire de fortune zurichois Julius Baer (+0,1%) et celui d'actifs Partners Group (+0,1%).

A l'autre extrémité du classement provisoire, VAT Group (-2,5%) héritait de la lanterne rouge, alors que Vontobel en a réduit l'objectif de cours, derrière la toujours volatile ams-Osram (-2,1%). Givaudan (-1,8%) était aussi à la peine, le numéro un mondial des arômes et parfums ayant vu son chiffre d'affaires reculer au premier semestre à 3,5 milliards de francs suisses. Le groupe genevois a cependant confirmé ses objectifs de croissance à moyen terme.

Les deux autres plus grosses capitalisations du marché, Roche et Nestlé cédaient chacun 0,5%. Le géant zurichois de l'électrotechnique ABB (-0,2%) est parvenu à améliorer recettes et rentabilité au deuxième trimestre. Dans un contexte de ralentissement économique, la société zurichoise table pour l'ensemble de 2023 sur des ventes en hausse d'au moins 10%.

Sur le marché élargi, Medmix dégringolait de plus de 14%. Si le fabricant de dispositifs d'application variés est parvenu sur les six premiers mois de l'année à compenser l'essentiel de la perte de recettes liée à l'abandon de ses activités en Pologne, la construction d'un site de remplacement à Valence, en Espagne, de même que les efforts consentis pour répondre à la demande dans l'intervalle, ont toutefois bridé la rentabilité.

L'équipementier thurgovien du bâtiment Arbonia chutait de 7,1%, quand bien même le groupe d'Arbon a fait part de mesures d'économies, dont la fermeture de sites de production qui entraînera la suppression de 600 postes.

En perdition également, le conglomérat industriel schaffhousois Georg Fischer (-5,1%) a affiché sur les six premiers mois de l'année une croissance organique de 7,5%, pour un chiffre d'affaires de 1,96 milliard de francs suisses. Les entrées de commandes par contre ont ralenti de près de 300 millions de francs suisses à 1,93 milliard. L'essor de la rentabilité a par ailleurs marqué le pas.

Cembra Money Bank (-5,1%) n'a pas renouvelé au premier semestre la performance qualifiée de "record" enregistrée lors des six premiers mois de 2022. Le bénéfice net a reculé de 17% à 75,1 millions de francs suisses.

L'émetteur de produits de structurés Leonteq (-3,8%) a souffert au premier semestre d'une faible volatilité des marchés et d'une base de comparaison forte. Recettes et rentabilité ont fortement baissé pour le groupe financier zurichois.

Le fabricant de machines textiles Rieter (-2,6%) a retrouvé les chiffres noirs au premier semestre, grâce notamment à un bond des recettes. Le groupe winterthourois lance un plan d'économies qui devrait conduire à la suppression d'au moins 300 postes de travail.

Bossard (-1,8%) a vu sa performance écornée au premier semestre, dans un environnement économique marqué par un ralentissement en Europe et en Asie. La direction du spécialiste des systèmes de visserie et de fixation zougois se veut prudente pour la seconde partie de 2023.

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