Les prix de l’or poursuivent leur ascension vers de nouveaux sommets jamais atteints depuis avril 2013 et tutoient désormais la barre des 1500 USD l’once. A ce titre, le parcours réalisé depuis le début de l’année est remarquable, l’or s’appréciant de plus de 15% depuis le 1er janvier et de près de 22% en glissement annuel.

Cette performance est évidemment à mettre au crédit de la chute des taux obligataires, alimentée par l’assouplissement de la politique monétaire de la Fed, contrainte de baisser ses taux directeurs d’un quart de point, une première depuis 2008. Il n’est pas sans rappeler que les principales banques centrales du globe sont engagées dans ce même processus de soutien monétaire, à l’image de la BCE qui œuvre à ancrer les anticipations de marché vers de nouvelles mesures accommodantes, ou encore la BoJ qui n’est pas prête à mettre fin à sa politique ultra-accommodante. Par conséquent, les rendements « sans risque » s’enfoncent en territoire négatif, rendant la relique barbare mécaniquement plus attractive, puisque cette dernière ne délivre par définition, aucun rendement, aucun coupon, et présente en plus l’avantage de n’être adossée sur la dette d’aucun Etat.

La lancinante thématique de la guerre commerciale contribue aussi à embellir les cours du métal doré. Celle-ci s’intensifie et tend à prendre un nouveau visage vers une guerre des changes, actant ainsi l’intensification des frictions entre Washington et Pékin. Dans ce contexte, les opérateurs aspirent à plus de sécurité et demeurent enclins à couvrir leur exposition longue avec des valeurs refuges. La demande en or a ainsi atteint un plus haut en trois ans au premier semestre 2019, portée par la demande des banques centrales et des investisseurs financiers selon les données du World Gold Council. Sur les six premiers mois de l'année, la demande totale d'or (investisseurs professionnels, particuliers et banques centrales) est montée de 8% par rapport à celle du premier semestre 2018 pour atteindre les 2.181,7 tonnes, une première depuis 2016.


Explosion des avoirs au sein des ETF mondiaux liés à l'or et produits similaires - source : World Gold Council 

Enfin, après l’assouplissement des politiques monétaires et le retour de l’aversion au risque, le dernier levier de croissance du marché de l’or est lié à l’appétit grandissant des banques centrales, particulièrement celles des pays émergents menant une politique de diversification des réserves de changes. Les banques centrales ont acheté 224,4 tonnes d'or au deuxième trimestre 2019. Cela porte les achats du premier semestre à 374,1 tonnes, soit la plus forte augmentation nette des réserves d'or en données semestrielles constatée sur 19 ans.

En données journalières, l’or s’est bien extrait de sa zone de congestion pour reprendre de la hauteur. Les cours progressent ainsi dans le sens de la tendance, qui demeure fermement haussière, à l’image de la pentification des différentes moyennes mobiles journalières. Les acheteurs gardent ainsi la main à court terme tant que les anciennes résistances, qui font désormais offices de supports, seront sauvegardées. Le prochain obstacle majeur se situe dans la zone des 1530-50 USD, un niveau clé en données hebdomadaires datant du début de la décennie.

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