Cette situation inédite pousse les opérateurs à la réflexion, d’autant plus qu’une majorité d’analystes tablait il y a encore quelques semaines sur un rééquilibrage du marché, voire un déficit d’offre en raison du "retrait" iranien, tout en visant un prix du baril proche de 100 USD d’ici la fin de l’année.

Les fondamentaux sont revenus sur le devant de la scène, dynamitant les thèses de l’imminence d’un choc pétrolier. Le sentiment de marché a été violemment ébranlé, en passant d’une crainte de pénurie à des inquiétudes de surabondance. Dans les grandes lignes, ce retournement est à mettre sur le compte d’un gonflement de la production de l’OPEP, qui tente de compenser une offre iranienne qui ne faiblit pas (ou peu), d’une offre américaine opulente portée par les « shale oil » de plus en plus compétitifs et d’une croissance de la demande incertaine, victime collatérale d’un essoufflement de la croissance mondiale et des guerres commerciales.

Dans ce contexte, les problématiques liées au manque chronique d’investissement dans les appareils productifs sont reléguées au second plan. Le Royaume saoudien essaie tant bien que mal d’éteindre l’incendie et tente de réunir un consensus au sein du cartel et de ses partenaires autour d’une remise en place des quotas de production d’au moins un million de barils par jour. Toutes les attentes sont ainsi braquées sur la prochaine réunion de l’OPEP, qui se tiendra les 6 et 7 décembre prochain. La volatilité ne devrait pas retomber d'ici ce rendez-vous et les mouvements pourraient rester erratiques.

De l’autre côté de l’atlantique, le rythme des exportations de brut américain peine à suivre celui imposé par la production, entraînant une forte augmentation des stocks de pétrole, qui progresse pour la neuvième semaine consécutive de près de 53 millions de barils. Conséquence notable, le spread Brent – WTI s’est considérablement élargi.

Techniquement, en données hebdomadaires, la cassure des 72 USD a entrainé un violent retournement de tendance, à l’image du retournement des moyennes mobiles à 20 et 50 semaines. La tendance apparait désormais fragilisée, synonyme d’une mainmise des vendeurs sur le marché. La correction initiale a ramené les cours au contact d’un support majeur à 62 USD, coïncidant avec la moyenne mobile à 100 périodes. Cette plage de prix, si elle échouait à contenr les velléités baissières, verrait les cours déraper jusqu’à 55 USD.