par Melissa Fares et Silvia Aloisi

Tiffany, cible d'une offre de 16 milliards de dollars de la part du groupe de luxe français LVMH, a annoncé mardi avoir renégocié certains accords sur sa dette afin de disposer de marges de manoeuvre financières supplémentaires face à la crise liée au coronavirus.

Le joaillier américain, dont le chiffre d'affaires a reculé de 44% au premier trimestre, au plus fort de la pandémie, a ainsi pu porter son ratio d'endettement maximum de 3,5 à 4,5.

Certains analystes estimaient avant ces annonces que Tiffany pourrait ne plus respecter ses engagements en matière de dette au deuxième trimestre.

L'action Tiffany gagnait 1,6% en milieu de séance à Wall Street.

Des sources avaient indiqué récemment à Reuters que le PDG de LVMH, Bernard Arnault, avait exploré des moyens d'exercer des pressions sur Tiffany pour qu'il abaisse le prix convenu de 135 dollars par action, y compris en examinant les engagements du groupe américain à l'égard de ses créanciers.

Cependant, des sources ont ensuite indiqué vendredi dernier à Reuters que LVMH avait finalement décidé de ne pas renégocier ce prix.

Cette acquisition, qui doit normalement être finalisée à la mi-2020, n'a cependant pas encore reçu toutes les autorisations réglementaires nécessaires. De ce fait, LVMH a encore le loisir de réexaminer s'il le souhaite cette question avant la clôture de l'opération, surtout si la situation financière de Tiffany se détériorait encore.

"Les nouvelles clauses négociées par Tiffany sur sa dette devraient réduire le risque de violation des covenants qui aurait pu remettre en cause cette acquisition", estime toutefois Michael Binetti, analyste du Crédit Suisse.

Un porte-parole de LVMH n'était pas disponible dans l'immédiat pour réagir à ces informations.

Tiffany, qui a également tiré 500 millions de dollars de l'une de ses facilités de crédit au cours du premier trimestre, estime disposer de liquidités suffisantes et être en conformité avec toutes les clauses sur sa dette au 30 avril.

"HEUREUX DU VOYAGE QUI S'ANNONCE AVEC LVMH"

"Je suis convaincu que le meilleur pour Tiffany est devant nous et je suis très heureux de ce voyage qui s'annonce avec LVMH à nos côtés", a déclaré Alessandro Bogliolo, directeur général de Tiffany, dans un communiqué.

A données comparables, c'est-à-dire hors effets de change, les ventes de bijoux ont chuté au cours des trois premiers mois de l'année, en raison de la fermeture de la majeure partie des quelque 300 magasins de Tiffany à travers le monde.

Basé à New York et surtout connu pour ses bagues de fiançailles en diamant, Tiffany devrait affronter de nouveaux vents contraires au cours des prochains mois, alors que la pandémie a plongé les grandes économies mondiales dans la récession et a mis quasiment à l'arrêt le tourisme international.

Ces problèmes ont été aggravés ces dernières semaines par le mouvement de protestation qui s'est développé aux Etats-Unis à la suite de la mort de George Floyd, et qui a donné lieu à des pillages de magasins.

Au total, le chiffre d'affaires du groupe a été réduit de moitié à 555,5 millions de dollars (489,6 millions d'euros) au premier trimestre, ce qui s'est traduit par une perte nette de 64,6 millions de dollars (56,9 millions d'euros) sur le trimestre, contre un bénéfice de 125,2 millions de dollars (110,3 millions d'euros) un an plus tôt.

Tiffany a toutefois annoncé que les ventes reprenaient en Chine, son marché clé, sorti du confinement plus tôt que les États-Unis et l'Europe, même si les ventes mondiales du groupe étaient encore en repli de 40% en mai dernier.

(Melissa Fares, Silvia Aloisi, Praveen Paramasivam, Sriraj Kalluvila, Bernadette Baum, version française Elena Smirnova, édité par Jean-Michel Belot)