Jeudi, la bourse était branchée sur courant alternatif, comme cela s'était déjà produit mercredi. Les indices ont exploré plusieurs configurations haussières et baissières avant d'opter pour les gains en France et en Allemagne et pour des pertes aux Etats-Unis. L'indice parisien a été tracté par les valeurs du luxe après qu'Hermès eut imité LVMH en publiant des ventes trimestrielles qui défient les craintes économiques actuelles. A Wall Street, il n'y a pas grand-chose à dire sur la séance, qui a vu le S&P500 glisser de 0,8%. L'indice large affiche toujours un bilan positif sur la semaine, grâce aux séances de lundi et de mardi, mais il est à peu près au même endroit que jeudi dernier.

Les actions sont prises entre deux feux actuellement. D'un côté des publications d'entreprises qui sans être flamboyantes sont relativement rassurantes parce que les chiffres d'affaires sont tirés par les relèvements de prix. De l'autre, un marché obligataire qui se réveille d'une façon un peu curieuse. Pas en matière de direction puisque la hausse des rendements va dans le sens des craintes d'une plus grande fermeté des banques centrales, mais plutôt en matière de timing : pourquoi ne l'ont-ils pas fait plus tôt ? En tout cas la dette américaine à 10 ans affiche un rendement de 4,25% ce matin, contre 3,93% il y a une semaine. En Europe, le Bund est à 2,39% pour 2,19% vendredi dernier. Il en va de même un peu partout. Sauf bien sûr au Royaume-Uni où le taux des Gilts est passé à 3,89%, contre 4% en fin de semaine dernière et près de 5% au plus fort de la crise qui a secoué la Perfide Albion.

Le piteux départ de Liz Truss fait les choux gras de la presse internationale, ou plutôt les salades grasses puisque The Economist avait estimé que la première ministre avait conservé un semblant de contrôle pendant sept jours, soit la durée de vie d'une salade. Une comparaison que le tabloïd Daily Star a repris à son compte pour moquer Truss et conclure hier que la salade avait gagné la bataille de la longévité. Mais qui la remplacera ? Pour l'instant, on a surtout assisté à un sauve-qui-peut. A tel point qu'un courant "rendez-nous Boris Johnson" a émergé chez les conservateurs. Ceci dit, ce ne serait pas une si mauvaise idée pour que la pantalonnade continue. Et puisqu'on y est, rendez-nous aussi Gerhard Schroeder, pour copiner à nouveau avec Poutine. Et rendez-nous Patrick et Isabelle Balkany, pour inonder à nouveau le marché de liquidités. Et puis histoire d'y aller franco, rendez-nous Donald Trump, pour le hair-contest avec Boris.

Il y a eu pas mal d'annonces depuis hier au niveau macroéconomique. A commencer par une rumeur propagée par Bloomberg selon laquelle les Etats-Unis seraient prêts à étendre à l'informatique quantique et à l'intelligence artificielle les restrictions technologiques visant la Chine. On se souvient que l'annonce du durcissement de la politique de Washington vis-à-vis de Pékin en matière de semiconducteurs n'avait pas fait beaucoup de bien aux marchés il y a deux semaines. Le découplage technologique entre les deux pays accélère. En parallèle, les dirigeants européens ont trouvé un compromis dans la nuit de jeudi à vendredi sur une "feuille de route" destinée à calmer les prix de l'énergie. Dans le jargon administratif, le terme "feuille de route" signifie que les protagonistes se sont écharpés pour trouver un compromis sans parvenir encore à déployer des mesures concrètes. Les optimistes-incantateurs (les Français) ont estimé que les mécanismes pourraient être déployés "fin octobre, début novembre". Les grincheux-orthodoxes (les Allemands) ont prévenu que rien n'est encore fait. La feuille de route comprend surtout des mesures de bon sens : achats groupés et renforcement des relations avec des producteurs hors-Russie notamment. Mais pas de mécanisme précis, pour le moment, pour réduire l'impact du prix du gaz sur celui de l'électricité. Toutefois, l'enjeu principal est pour l'hiver 2023/2024, puisque les jeux sont plus ou moins faits pour l'hiver qui vient.

L'agenda des entreprises est bien garni avec depuis hier soir avec Whirlpool, Snap, Adidas, EssilorLuxottica, Sika, Renault ou Kering.

Côté marchés financiers ce matin, on est donc un peu tiraillé entre d'un côté les résultats des entreprises qui ne sont pas si mauvais, les rumeurs d'assouplissement de la politique zéro covid en Chine et la fameuse feuille de route précitée. Ça c'est pour ce qui est un peu porteur. Et de l'autre côté les bruits de couloir sur le contrôle technologique accru voulu par Washington et la hausse des rendements obligataires. Ça c'est pour ce qui pèse. Avec bien sûr au milieu la resucée d'Anarchy in the UK.

C'est jour de compensation mensuelle aujourd'hui, comme chaque troisième vendredi du mois sur les marchés. Une séance de débouclage des dérivés donc, qui donne lieu à quelques pics de volatilité. Les bourses d'Asie Pacifique terminent la semaine dans le rouge, entre 0 et 1% pour la plupart des marchés. Les indicateurs avancés européens sont baissiers. Le CAC40 perdait 1,1% à 6015 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Un seul indicateur ce jour, les ventes de détail britanniques de septembre (8h00). Tout l'agenda macro ici. Cette nuit, le Japon a annoncé que son inflation avait atteint 3% en septembre, comme prévu, ce qui ne l'empêche pas d'atteindre un plus haut niveau depuis le début des années 1990.

L'euro recule légèrement à 0,9765 USD. L'once d'or baisse à 1620 USD. Le pétrole est en revanche plutôt ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 92,69 USD le baril et un brut léger américain WTI à 84,86 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans poursuit son ascension à 4,26%. Le bitcoin reste scotché dans la zone 19 000 / 19 200 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • ASML : JPMorgan reste à surpondérer avec un objectif réduit de 780 à 690 EUR.
  • ASOS : HSBC passe de conserver à alléger en visant 390 GBp.
  • Ericsson : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 80 à 66 SEK.
  • Glanbia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15,80 à 14,20 EUR.
  • Grenergy : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 35 EUR.
  • Hermès : Goldman Sachs reste à vendre avec un objectif relevé de 1180 à 1234 EUR.
  • HighCo : In Extenso reste à l'achat fort avec un objectif de cours réduit de 8,10 à 7,90 EUR.
  • Idorsia : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 16 CHF.
  • Just Eat Takeaway : Barclays reprend le suivi à pondération en ligne en visant 17 EUR.
  • L'Oréal : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif abaissé de 460 à 440 EUR.
  • Nel : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 17 à 15 NOK.
  • Pernod Ricard : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 230 à 215 EUR.
  • Qiagen : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne.
  • Roche : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 446,50 à 429 CHF.
  • Stellantis : Nomura passe de neutre à l'achat en visant 19,80 EUR.

En France

Résultats des entreprises

  • Bolloré : Le chiffre d'affaires du T3 est en hausse de 16% sur une base comparable.
  • EssilorLuxottica : La croissance organique atteint 8,2% au T3. Les prévisions de moyen terme annoncées mi-septembre sont confirmées.
  • Faurecia : Forvia (Faurecia et Hella) a relevé sa prévision de chiffre d'affaires 2022 et confirmé son objectif de marges.
  • Kering : La croissance organique a atteint 14% au T3. La hausse de Gucci est inférieure aux prévisions.
  • L'Oréal : La croissance organique est supérieure aux attentes à 9,1%.
  • Renault : Le chiffre d'affaires trimestriel de la branche automobile, 8,95 Mds€, est un peu inférieur aux attentes. Mais les prévisions sont confirmées et l'effet prix joue à plein.
  • Vivendi : Le chiffre d'affaires trimestriel est en légère progression.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Schneider Electric, Rexel et Legrand ont été mis en examen dans le cadre d'une affaire relative à la distribution de produits électriques en France, à la suite de perquisitions menées en 2018.
  • Morgan Stanley envisage de vendre sa participation dans la société allemande d'énergies renouvelables PNE, EQT et Engie pourraient être intéressées.
  • Trigano réalise deux acquisitions.
  • Nexity boucle l'acquisition du Groupe Angelotti.
  • Reworld signe un accord avec le Groupe Mondadori en vue de l’acquisition des marques Grazia et Icon dans le monde.
  • Ecomiam étend son réseau.
  • Theranexus et Inserm Transfert s'allient dans les maladies neurologiques rares.
  • Diagnostic Medical Systems va céder ses actions Hybrigenics.
  • Biosynex signe un accord de licence pour la plateforme ProciseDx et se renforce au capital de la société américaine.
  • OSE Immuno est en train de valider le protocole d'une phase III avec Tedopi dans le cancer de l'ovaire et le cancer du pancréas.
  • Autres publications du jour : Compagnie des Alpes, Median Technologies, SRP Groupe, Orapi

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Adidas : Le groupe réduit ses prévisions annuelles.
  • Deliveroo : Le groupe annonce que son chiffre d'affaires annuel se situera dans la partie inférieure de la fourchette.
  • Sika : Les résultats sont en hausse moins vive que les ventes sur neuf mois. Les prévisions sont confirmées.
  • Snap : L'action s'effondre de 25% après la publication de prévisions décevantes.
  • Whirlpool : le fabricant américain d'électroménager a revu en baisse ses prévisions de bénéfices sur l'année, ce qui entraîne une baisse de 4% de l'action hors séance.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Credit Suisse vend sa participation de 8,6% dans l'espagnol Allfunds.
  • Enel vend 50% de son unité de services de réseau à CVC.
  • Facebook (Meta Platforms) renforce la modération des fausses informations dans ses groupes.
  • Exxon Mobil va vendre la raffinerie de Billings à Par Pacific Holdings.
  • Les États-Unis évaluent la sécurité des accords conclus par Musk, dont l'achat de Twitter, selon Bloomberg. Par ailleurs, le milliardaire serait prêt à réduire de 75% les effectifs de Twitter, selon les informations du Washington Post.
  • Contemporary Amperex (CATL) ralentit son plan d'investissement dans les batteries aux États-Unis et au Mexique.
  • Stora Enso va dépenser 977 M$ pour convertir une machine à papier inactive en ligne de production de carton de consommation.
  • Lockheed Martin obtient un contrat de 1,2 Mds$ pour trois vaisseaux spatiaux Orion pour la NASA.
  • Instacart retire son introduction en bourse en raison de la volatilité du marché.
  • Principales publications du jour : Verizon, China Mobile, American Express, EssilorLuxottica, Schlumberger, London Stock Exchange, Sika, Telia, Stora Enso... Tout l'agenda ici.

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