(Actualisé avec prolongement des négociations)

par Nina Chestney et Bate Felix

KATOWICE, Pologne, 15 décembre (Reuters) - Les délégués de près de 200 pays n'étaient pas parvenus à convenir d'un projet sur la mise en oeuvre de l'Accord de Paris contre le réchauffement climatique, vendredi soir, au moment de la clôture officielle de la COP24, la conférence de Katowice sur le climat.

Les négociations devaient se poursuivre tôt samedi matin, après quelques heures de sommeil pour des ministres apparus pour certains épuisés à leur sortie du centre de conférence aux alentours de 22h00 GMT.

Cette conférence doit aboutir à la signature d'un texte explicitant la mise en oeuvre de l'accord conclu en France il y a trois ans avec l'ambition de maintenir le réchauffement climatique mondial "bien en dessous" de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

La présidence polonaise de la COP24 avait demandé que le texte soit prêt jeudi après-midi à l'issue de près de deux semaines de négociations, mais les désaccords politiques ont freiné les débats.

Un projet d'accord a été ébauché dans la nuit de jeudi à vendredi sans susciter beaucoup d'enthousiasme, de nombreuses questions financières étant restées en suspens.

EVITER UN NOUVEAU COPENHAGUE

Le secrétaire général des Nations, Antonio Guterres, avait insisté auprès de la présidence polonaise pour qu'elle fasse en sorte que les discussions s'achèvent vendredi et que le texte final exprime "le niveau d'ambition le plus élevé".

"Il est primordial que Katowice ne soit pas un échec. C'est ce qui pourrait se produire de pire. Cela donnerait une impression de chaos, l'impression, que dans une certaine mesure, ce qui s'est passé à Copenhague s'est reproduit", avait-il dit.

Antonio Guterres a rappelé les délégués au souvenir de la conférence organisée en 2009 dans la capitale danoise et qui s'était achevée par la conclusion d'un accord a minima, contribuant à ralentir le processus qui a abouti à l'Accord de Paris.

Le projet de texte élaboré à l'heure actuelle peut être retouché mais encore faut-il que les pays riches tiennent et améliorent leur promesse de fournir chaque année, entre 2020 et 2025, une aide de 100 milliards de dollars aux Etats plus pauvres afin de les assister dans leur politique de développement durable.

Des progrès ont par ailleurs été constatés sur d'autres points, notamment sur la formulation du caractère primordial du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) selon lequel il est essentiel de limiter à 1,5 degré le réchauffement climatique.

"NOUS NE VOULONS PAS QUE L'ACCORD DE PARIS

PERDE DE SA SUBSTANCE"

Le texte devra également exprimer avec clarté ce que feront les pays après la conférence et expliciter les moyens qu'ils mettront en oeuvre pour en atteindre les objectifs.

"Le texte admet le rapport du GIEC sur le 1,5 degré et il reconnaît que les promesses devront être réadaptées d'ici 2020 mais il n'engage pas les Etats à accélérer le rythme", a constaté Jennifer Morgan, directrice générale de Greenpeace France.

Pour les pays les plus exposés au changement climatique, l'une des questions centrales réside dans la mention d'un dispositif leur permettant d'assumer les coûts de plus en plus élevés des pertes liées aux effets du réchauffement climatique.

Ils tiennent également à ce que les pays industrialisés intensifient leurs efforts pour réduire leurs émissions de gaz polluants et pour financer la lutte contre le réchauffement climatique.

"Nous ne voulons pas que l'Accord de Paris perde de sa substance", a rappelé Mohamed Nasheed, l'ancien président des Maldives. (avec Agnieszka Barteczko, Markus Wacket et Laurie Goering; Guy Kerivel, Jean Terzian et Nicolas Delame pour le service français)