Aux Etats-Unis, le bilan de la semaine écoulée s'est joué dans les deux dernières heures de cotation de vendredi, lorsque les indices ont piqué du nez après avoir flirté avec l'équilibre. Le Dow Jones (-0,1% sur la semaine), le S&P500 (-0,4%) et le Nasdaq (-1,5%) ont basculé pour les raisons que nous allons voir un peu après. En Europe à l'inverse, le vert a dominé sur la semaine, en particulier à Paris (+1,6%), à Francfort (+1,1%) et à Londres (+1,8%). L'indice large Stoxx Europe 600 s'est adjugé 1,4%.

Pour comprendre les derniers mouvements de la tectonique boursière, il faut remonter un peu en arrière. Depuis le début de l'année, les investisseurs ont valorisé la combinaison entre une saison des résultats plutôt correcte et la solidité des indicateurs économiques américains. Ils ont donné plus de poids à ce double facteur qu'au principal nuage noir qui encombre leur horizon, je veux parler du report de l'assouplissement monétaire à cause d'une reprise de l'inflation. D'autant plus de poids que tout cela a été pimenté par la poudre de perlimpinpin de l'intelligence artificielle. Ça a créé un puissant courant d'avidité, qui commence à ressembler furieusement à tout ce qui portait un .com à la fin du siècle précédent, ou à tout ce qui contenait le terme crypto-quelquechose il y a trois ans. Attention, je ne dis pas que c'est immérité, je dis juste que le principe est d'investir d'abord et de réfléchir ensuite, pour éviter d'être le crétin qui a raté le train de l'histoire : ça crée forcément de la volatilité, des réactions idiotes, de grosses joies et d'intenses déceptions, à répéter à l'envi et dans l'ordre qui vous plaira.

Donc pour résumer le bout de paragraphe précédent, l'optimisme est là, comme toujours en bourse. A tel point que les investisseurs acceptent assez bien que leurs espoirs de baisse de taux soient régulièrement rabotés, alors que l'assouplissement monétaire à venir était le principal moteur du réveil des actions en 2023, après un millésime 2022 calamiteux. Ainsi, depuis le début du mois de janvier, la hausse des marchés actions a résisté au report de mars à juin de la première baisse de taux et à la division par deux du nombre desdites baisses de taux envisagées sur 2024. En d’autres temps, ça aurait probablement mis les investisseurs en PLS, mais cette fois, ils ont préféré le mantra "tant que l'économie va, tout va, même avec des taux élevés" (et un peu de poudre de perlimpinpin).

Du moins, c'était la situation jusqu'à la semaine dernière. Mardi, je posais une question sans grande originalité, puisque tous les financiers se la posent : est-ce que la donne monétaire est en train de changer ? C'était suite à la publication d'une inflation de janvier moins favorable que prévu aux Etats-Unis. Assez logiquement, la statistique a conduit les financiers à décaler dans le temps le début de la baisse des taux de la Fed, ainsi que son amplitude sur l'année. Après avoir accusé le coup, les indices boursiers ont rebondi à Wall Street, aidés jeudi par des données assez faibles sur les ventes de détail et la production industrielle, qui suggéraient une absence de surchauffe économique, donc un moindre risque sur les prix. Mais vendredi, la publication de prix à la production en vive hausse en janvier a provoqué de nouvelles inquiétudes, qui ont renvoyé aux chiffres de l'inflation de mardi. C'est la cause de la baisse des indices vendredi aux Etats-Unis. Le marché pense désormais en majorité que la première baisse de taux de la Fed aura lieu en juin. Mai était majoritaire jusque-là, après que les espoirs d'un assouplissement en mars eurent été douchés plus tôt dans l'année (il n'y a pas de réunion en avril).

Ce paragraphe un peu indigeste, pardonnez-moi, permet de comprendre que le marché navigue à vue au gré des statistiques. La Fed a l'air plus droite dans ses bottes, puisqu'elle avait prévenu que les investisseurs étaient trop optimistes, et qu'ils le sont probablement encore. Le compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale (réunion des 30 et 31 janvier dernier), sera publié mercredi soir et apportera de nouveaux éléments. Il est probable que tout finisse par rentrer dans l'ordre et que les taux commencent à baisser au début de l'été. Mais il est impossible de chasser complètement la réapparition de l'inflation. Je vous laisse imaginer le foutoire si un banquier central un peu trop faucon et un peu trop zélé se mettait à évoquer du bout des lèvres la nécessité de relever les taux.

Mais nous n'en sommes pas là et voici d'autres éléments à retenir depuis le début du weekend et jusqu'à la suite de la semaine :

  • Les marchés actions ont récupéré la Chine continentale après une semaine de fermeture pour le nouvel an lunaire, mais perdent les Etats-Unis, qui seront clos pour l'anniversaire de George Washington ce lundi.
  • Les principaux indicateurs macroéconomiques attendus sont les PMI flash des grandes économies (jeudi).
  • La dernière grosse série de résultats d'entreprises se profile : Walmart, The Home Depot et Air Liquide (mardi), la vedette du moment Nvidia et HSBC (mercredi) ou Nestlé, AXA et Mercedes (jeudi).
  • Sur le front géopolitique, l'Occident s'offusque du décès d'Alexander Navalny dans les geôles russes et s'inquiète d'une défaite ukrainienne à Avdiivka, dans l'est du pays. Au Proche-Orient, Israël menace toujours d'intervenir à Rafah si les otages ne sont pas libérés.

En Asie Pacifique, Tokyo démarre la semaine près de l'équilibre, pour digérer une hausse de 4% la semaine dernière. La reprise de Shanghai est positive, avec un CSI300 en progression de 0,7%. Hong Kong perd en revanche 1%. L'Inde et l'Australie sont en légère progression, pendant que la Corée du Sud gagne 1%. Les indicateurs avancés européens sont baissiers, ce qui n'est pas illogique au vu de la configuration de la clôture de vendredi par rapport aux Etats-Unis.

Le CAC40 démarre la séance en repli de 0,3% à 7742 points. Le SMI recule de 0,1% à 11 295 points, pendant que le Bel20 est proche de l'équilibre à 3688 points.  

Les temps forts économiques du jour

Aucun indicateur majeur en vue aujourd'hui. Tout l'agenda ici.

L'euro est stable à 1,0777 USD. L'once d'or remonte à 2018 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 82,34 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,89 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est stable à 4,28%. Le bitcoin s'échange à 52 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus Se : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 200 à 195 EUR.
  • Allfunds Group Plc : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours relevé de 6,60 EUR à 7 EUR.
  • Autostore Holdings Ltd. : Arctic Securities passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 18 NOK à 21 NOK.
  • Aéroports De Paris : Société Générale maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 114 à 125 EUR.
  • Bechtle Ag : Barclays démarre le suivi à souspondérer avec un objectif de cours de 40 EUR.
  • Diös Fastigheter Ab : Pareto Securities passe d'une recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 75 SEK à 84 SEK.
  • Equinor Asa : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 264 NOK à 285 NOK.
  • Euronext N.v. : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 79 à 82 EUR. Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 80 à 87 EUR.
  • F-Secure Oyj : Inderes passe d'achat à accumuler avec un objectif de cours relevé de 2,10 EUR à 2,20 EUR.
  • Ipsen : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 120 à 125 EUR.
  • Jde Peet's N.v. : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 36,40 EUR à 26,70 EUR.
  • Metso Outotec Oyj : Inderes passe d'achat à accumuler avec un objectif de cours relevé de 10,50 EUR à 11 EUR.
  • Mitchells & Butlers Plc : Barclays cesse la couverture de l'action après avoir suspendu la notation.
  • Pernod Ricard : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 205 à 216 EUR.
  • Qt Group Oyj : Inderes améliore sa recommandation de alléger à accumuler avec un objectif de cours de 84 EUR.
  • Repsol S.a. : Morgan Stanley passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 15,60 EUR à 17,50 EUR.
  • Rexel : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 24,40 à 26,50 EUR.
  • Rheinmetall Ag : Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 350 à 450 EUR.
  • Schindler Holding Ag : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 210 à 230 CHF.
  • Sika Ag : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 232 CHF à 224 CHF.
  • Sse Plc : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 1620 GBX à 1850 GBX.
  • Takkt Ag : Landesbank Baden-Wuerttemberg passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 10,50 EUR à 13 EUR.
  • Temenos : Bank Vontobel AG passe de acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 96 CHF à 72 CHF. HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 85 CHF à 60 CHF.
  • Tf1 : Société Générale maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 10,60 à 11,20 EUR.
  • Totalenergies Se : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 72,40 à 71 EUR.
  • Unibail-Rodamco-Westfield Se : Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 53 à 70 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Forvia améliore ses marges et renoue avec les bénéfices en 2023. Les marges devraient progresser cette année. Le groupe lance un plan de compétitivité à 5 ans qui devrait aboutir à la suppression de 10 000 emplois.
  • Icade prévoit un recul de son cash-flow net courant en 2024.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Alstom condamné au Brésil à une amende de 45 M€ pour l'effondrement d'un chantier de métro en 2007.
  • Veolia rachète une centrale électrique au gaz de 430 MW en Hongrie à Uniper.
  • TotalEnergies lance son opération annuelle d'actionnariat salarié.
  • Klépierre émet 600 M€ d'obligations 9,6 ans à 3,875%.
  • L'autorité suédoise de surveillance financière a approuvé le document d'offre de l'offre publique d'achat de La Française des Jeux sur Kindred. L'offre démarre le 20 février.
  • Ubisoft sort le jeu Skull and Bones.
  • Stef annule 1,15% de ses actions.
  • Casino a déposé le 15 février 2024 des requêtes aux fins d’ouverture d’une procédure de Chapter 15 du code des faillites américain (le distributeur a de la dette soumise au droit américain).
  • Atawey propose 11 à 12 M€ fixe plus un variable à McPhy pour ses stations de recharge.
  • Hoffmann Green Cement émet 5 M€ d'OCEANE au profit d'Eiffel Investment.
  • Anh Nguyen quitte la présidence du conseil de surveillance de Medincell.
  • Crypto-blockchain Industries émet des BSA pour ses actionnaires.
  • BD Multimedia prend le contrôle d'Olympus Game.
  • Les principales publications du jour : Forvia, Robertet, Prodware, Icade, Bic...

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'UE devrait sanctionner Apple d'une amende de 500 M€ dans le dossier du streaming musical.
  • Nintendo chute de 8,5% en séance après des rumeurs de décalage de sortie de la Switch 2.
  • La vedette de l'IA, Super Micro Computer, plonge de 20% après avoir touché le cap symbolique de 1000 USD l'action.
  • Carl Icahn obtient deux sièges au conseil de JetBlue.
  • Currys rejette l'offre de rachat de 700 millions de livres sterling d'Elliott.
  • Petrus Advisors, un actionnaire de Temenos, demande la révocation du CEO intérimaire.
  • Rheinmetall prévoit de produire des munitions directement en Ukraine.
  • OpenAI, dont Microsoft est actionnaire, est valorisée 80 Mds$ dans le cadre d'une nouvelle levée de fonds, selon le NYT.
  • Les Etats-Unis envisagent d'accorder plus de 10 Mds$ de subventions à Intel, selon Bloomberg.
  • Xpeng va embaucher 4 000 personnes et investir dans l'intelligence artificielle.
  • ABB aurait induit en erreur les enquêteurs allemands dans le cadre de l'affaire de corruption concernant la construction de la centrale électrique de Kusile en Afrique du Sud, selon le Welt am Sonntag.
  • JPMorgan doit payer une amende d'environ 350 M$ pour des lacunes dans la déclaration des transactions.
  • Polymetal vend ses actifs russes pour 3,7 Mds$.
  • Anglo American Platinum va supprimer 4 300 postes dans le cadre d'une restructuration.
  • Le tribunal de commerce de Zurich a rassemblé en un seul dossier la trentaine de plaintes d'investisseurs dans le cadre de la fusion forcée l'année dernière entre UBS et Credit Suisse.
  • DR. Reddy's en course pour acquérir la participation de Novartis dans Novartis Inde.
  • Appel à la grève mardi dans les principaux aéroports allemands chez Lufthansa.
  • Volkswagen annonce la deuxième phase d'un investissement d'environ 1 Md$ au Mexique.
  • Softbank veut créer un fonds AI en partenariat, doté de 100 Mds$.
  • Les principales publications du jour : BHP, Temenos, AlmirallTout l’agenda ici.

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