CHICAGO (Agefi-Dow Jones)--Le directeur général de Boeing, David Calhoun, a averti lundi ses actionnnaires que le trafic aérien de passagers pourrait ne pas rebondir avant deux ou trois ans en raison des répercussions de la pandémie de coronavirus.

"Cette crise sanitaire ne ressemble à rien de ce que nous avons connu", a indiqué le dirigeant dans son discours prononcé lors de l'assemblée générale du groupe, organisée en visiconférence. "Il faudra des années pour que nous revenions aux niveaux d'avant la pandémie", a-t-il ajouté.

David Calhoun a détaillé dans son exposé les conséquences de la pandémie de coronavirus sur le secteur: les revenus du transport aérien dans le monde devraient chuter de 314 milliards de dollars cette année alors que le trafic passager s'inscrit en baisse de 95% par rapport à l'année dernière.

"Nous sommes dans un environnement imprévisible et en rapide évolution, et il est difficile de déterminer quand la situation va se stabiliser", a-t-il ajouté. "Mais quand ce sera le cas, le marché sera plus restreint et les besoins de nos clients seront différents".

David Calhoun a donné peu de précisions sur les mesures prises par l'avionneur pour répondre à la crise, comme la baisse de la production et d'éventuelles suppressions de postes, réservant ses annonces pour la publication des résultats du premier trimestre, qui aura lieu mercredi. Boeing a récemment envisagé de baisser sa production et de mettre en oeuvre un plan de licenciements, qui pourrait toucher près de 10% de ses effectifs.

Avec la crise du Covid-19, le géant de l'aéronautique américain doit faire face à des annulations de commandes et à des reports de livraison de ses clients alors qu'il est déjà sous forte pression financière en raison de l'immobilisation de son 737 MAX, cloué au sol par les régulateurs à la suite de deux accidents mortels à cinq mois d'intervalle.

Face à ces difficultés, Boeing est en pourparlers avec le gouvernement américain pour bénéficier d'une aide publique potentielle de plusieurs milliards de dollars. Le groupe a également annoncé samedi qu'il renonçait à son rapprochement avec Embraer, une décision qui pourrait lui permettre d'économiser 4 milliards de dollars destinés au règlement de la transaction.

Le groupe aéronautique brésilien a cependant indiqué lundi qu'il avait entamé une procédure d'arbitrage, jugeant que la rupture de l'accord était "illégale".

Lors de l'assemblée générale, la totalité des 12 administrateurs de Boeing ont été réélus à leur poste, en dépit du fait que deux influentes sociétés de conseil actionnarial avait recommandé de s'opposer à la réélection de certains d'entre eux en raison de leur rôle dans la crise du 737 MAX.

-Andrew Tangel, The Wall Street Journal (Version française Jérôme Batteau) ed: LBO

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