(Actualisation: réaction de marché, commentaires d'analystes, déclarations du directeur général sur les résultats et la coopération au sein de l'Alliance)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les nombreux vents contraires n'ont pas empêché Renault d'accélérer son redressement. Le groupe au losange a relevé vendredi ses objectifs annuels et publié des résultats semestriels nettement supérieurs aux attentes, portés notamment par les hausses de prix.

Le marché apprécie l'ensemble des annonces du constructeur automobile. En fin de matinée, l'action Renault s'adjugeait 3,8%, à 28,40 euros, signant l'une des plus fortes hausses du SBF 120. Bernstein salue des résultats "robustes" et estime que la stratégie du groupe privilégiant la valeur aux volumes "semble porter ses fruits". Renault est "à nouveau en pleine forme", juge de son côté Stifel.

Pour l'exercice 2022, Renault compte désormais dégager un taux de marge opérationnelle supérieur à 5% et générer un free cash-flow opérationnel de l'automobile de 1,5 milliard d'euros. Le groupe au losange prévoyait auparavant un taux de marge opérationnelle de 3%, ainsi qu'une génération de flux de trésorerie opérationnel de l'automobile positive. La réalisation du nouvel objectif de marge de Renault lui permettrait d'atteindre dès cette année celui de 5% qu'il s'est fixé pour 2025 dans son plan stratégique.

"Je pense que nous pouvons dire que la phase de 'Résurrection' [le premier volet du plan stratégique Renaulution, NDLR], c'est-à-dire la phase d'urgence, est achevée", a déclaré le directeur général du groupe, Luca de Meo, au cours d'une conférence téléphonique. "Après deux années de sacrifices, nous sommes prêts pour ouvrir un nouveau chapitre", a-t-il clamé.

Une génération de trésorerie au plus haut depuis 10 ans

Le groupe a livré ces nouvelles perspectives après avoir accusé une perte nette au premier semestre, en raison de la charge exceptionnelle de 2,3 milliards d'euros liée à la sortie de ses activités en Russie.

La perte nette part du groupe s'est ainsi inscrite à 1,36 milliard d'euros, à comparer avec un bénéfice de 354 millions d'euros au premier semestre 2021. Le résultat net des activités poursuivies, qui excluent donc les activités russes, s'est établi à 657 millions d'euros, contre 199 millions d'euros sur les six premiers mois de 2021. La contribution de Nissan a été positive à hauteur de 325 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires du groupe s'est établi à 21,1 milliards d'euros, en hausse de 0,3% sur un an en données publiées et de 1,1% à taux de change constants. Le chiffre d'affaires de l'automobile a progressé de 0,3%, à 19,6 milliards d'euros. Les augmentations de prix ont notamment eu un impact positif de 7,4 points au premier semestre et de 8,4 points au deuxième trimestre.

La marge opérationnelle du groupe s'est établie à 988 millions d'euros, à comparer à un montant de 432 millions d'euros au premier semestre 2021. Rapporté au chiffre d'affaires, le taux de marge opérationnelle s'est s'inscrit à 4,7%, contre 2,1% un an plus tôt.

Le free cash-flow opérationnel de l'automobile est positif à hauteur de 956 millions d'euros, un plus haut de 10 ans pour un premier semestre, a souligné Luca de Meo.

Selon un consensus communiqué par la société, les analystes tablaient en moyenne sur des revenus de 20,7 milliards d'euros, une marge opérationnelle de 610 millions d'euros, soit 2,9% du chiffre d'affaires, et sur un free cash-flow opérationnel de l'automobile de 30 millions d'euros.

Le "pire environnement" en 15 ans

Luca de Meo a souligné que le groupe avait été capable de publier ces résultats en évoluant "probablement" dans le "pire environnement depuis quinze ans", avec notamment la crise des semi-conducteurs, les répercussions du conflit en Ukraine et l'inflation des matières premières, qui a eu un impact négatif de près de 800 millions d'euros sur la marge opérationnelle au premier semestre.

Le dirigeant a toutefois prévenu que son groupe ne se reposerait pas "sur [ses] lauriers", reconnaissant que Renault avait encore du chemin à faire "pour rattraper ses meilleurs concurrents". Jeudi, Stellantis a publié des résultats semestriels stratosphériques avec une marge opérationnelle courante record de plus de 14%.

Renault tiendra à l'automne une journée dédiée aux investisseurs au cours de laquelle il mettra à jour ses objectifs financiers de moyen terme ainsi que sa stratégie.

Le constructeur automobile donnera alors davantage de détails sur son projet de création de deux "pôles" dédiés d'une part aux véhicules et technologies 100% électriques et d'autre part aux moteurs et transmissions thermiques et hybrides. Parmi ses options, Renault envisage d'introduire en Bourse l'an prochain le pôle dédié à l'électrique tout en conservant une participation majoritaire.

Luca de Meo a indiqué vendredi que ce projet annoncé en février "avan[çait] très bien" et qu'entre 300 et 400 personnes s'y consacraient à plein temps au sein de Renault. Le dirigeant a également expliqué que le groupe "laiss[ait] la porte ouverte" à ses partenaires japonais, Nissan et Mitsubishi, pour participer à ce projet. "C'est à eux de décider [de participer ou non, NDLR]", a-t-il ajouté.

Le directeur général de Renault a également déclaré que les membres de l'Alliance travaillaient pour "ouvrir un nouveau chapitre". Luca de Meo a indiqué discuter avec ses partenaires d'"une dizaine, une quinzaine de projets". "Nous serons plus précis et clairs après l'été", a-t-il ajouté.

Le dirigeant a également annoncé que Renault dévoilerait en septembre un plan pour améliorer "drastiquement" son efficacité énergétique, comprenant notamment des initiatives dans les énergies renouvelables.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH - LBO

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July 29, 2022 06:23 ET (10:23 GMT)