Paris (awp/afp) - Vente d'une partie du capital de SFR ou de centres de données en France: des premières pistes ont commencé à filtrer sur les options que pourrait choisir le groupe de télécoms et médias Altice pour se désendetter, au moment où il est éclaboussé par un scandale de corruption au Portugal.

Son patron, Patrick Drahi, a rencontré ses investisseurs à Londres et New York cette semaine pour rassurer les marchés sur le lourd endettement du groupe de télécoms et médias (SFR, BFM...), estimé à près de 60 milliards d'euros au total.

Parmi les cessions d'actifs, Arthur Dreyfuss, le PDG d'Altice France, a assuré jeudi en comité de groupe que "plusieurs options (sont) en cours d'étude", selon des sources syndicales, et plusieurs possibilités ont filtré.

Selon une information du quotidien Les Echos, Altice a ainsi des "discussions avancées" avec le fonds d'infrastructure de la banque américaine Morgan Stanley pour la vente de ses 92 centres de données en France, des actifs valorisés "autour du milliard d'euros".

"Parmi les options, une cession partielle est évoquée, rapportant potentiellement moins de la moitié", a encore précisé le quotidien économique mercredi.

"Se limiter (...) à des petites opérations de cession d'infrastructures ne peut complètement suffire à éponger la dette du groupe", souligne auprès de l'AFP Sylvain Chevallier, associé au sein du cabinet BearingPoint.

"Il y aura probablement la nécessité de passer aussi soit par des ouvertures de capital d'un certain nombre d'acteurs, soit carrément par des cessions complètes d'activités du groupe. Encore faut-il le faire au bon moment et dans de bonnes conditions", ajoute-t-il.

Ouverture du capital de SFR ?

C'est justement une autre piste évoquée jeudi par le Monde. Altice, selon le quotidien, envisage de vendre "une partie du capital de SFR", son principal actif en Europe, qu'il avait acquis pour 13,4 milliards d'euros en mars 2014, après une bagarre homérique contre son rival Bouygues.

La banque d'affaires Lazard a été chargée de ce dossier avec l'appui de BNP Paribas, afin de "trouver les meilleurs acheteurs potentiels et les mettre en concurrence pour faire monter le prix", assure encore Le Monde, tandis que la part du capital mise en vente et le prix espéré ne sont pas connus.

Contacté par l'AFP, Altice, Lazard et BNP Paribas ne font pas de commentaire.

Concernant les actifs du pôle médias (BFMTV, RMC...), les dirigeants d'Altice ont toutefois déjà assuré qu'ils "ne sont pas à vendre", malgré les "marques d'intérêt".

Depuis l'arrestation à Lisbonne le 13 juillet d'Armando Pereira, bras droit de Patrick Drahi et cofondateur d'Altice mis en examen dans le cadre d'une enquête pour corruption et blanchiment, le groupe a commencé à faire le ménage dans ses rangs.

"Nous avons immédiatement suspendu une quinzaine de personnes au Portugal, en France et aux Etats-Unis", à la suite d'une enquête interne, avait annoncé M. Drahi début août, promettant de faire "toute la transparence" sur cette affaire avec de "vastes enquêtes internationales" internes.

Altice a suspendu Tatiana Agova-Bregou, la directrice exécutive des contenus, acquisitions et partenariats, mise en cause dans des écoutes de la justice portugaise.

Alexandre Fonseca, co-PDG d'Altice, ex-président exécutif d'Altice Portugal et nommé en mars à la tête de la filiale américaine, a communiqué lui-même sur LinkedIn sa mise en retrait, tandis que Yossi Benchetrit, patron des achats aux Etats-Unis et gendre d'Armando Pereira, a été licencié.

afp/buc