Une offre jugée inadéquate

BHP, le titan minier de Melbourne, a initialement évalué Anglo American à 31,1 milliards de GBP. Par la suite, BHP a revu son offre à la hausse, proposant 34 milliards de GBP. Cette proposition incluait un échange de 0,8 action BHP pour chaque action Anglo, mais elle était assortie d'une condition controversée : Anglo American devrait se séparer de ses divisions de platine et de minerai de fer en Afrique du Sud.

Cette exigence a suscité des frayeurs à Pretoria, surtout avec les élections nationales en ligne de mire.

Anglo American a rejeté l'offre, la jugeant sous-évaluée et trop complexe à mettre en œuvre. Malgré l'augmentation de l'offre à 34 milliards GBP, le conseil d'administration d'Anglo American a de nouveau repoussé la proposition de BHP, la considérant toujours insuffisante pour répondre aux intérêts de ses actionnaires.

Les analystes d'AlphaValue suggèrent qu'une prime d'au moins 50% par rapport au prix de l'action avant l'offre serait nécessaire pour conclure l'affaire.

Anglo American en bref

Anglo American est un des leaders mondiaux du secteur minier, organisé autour de sept divisions principales :

  • Minerai de fer (24,6% du CA) via Kumba Iron Ore (70% de participation)
  • Cuivre (22,6% du CA)
  • Platine (20,7% du CA) via Anglo American Platinum Limited (78,5% de participation), premier producteur mondial avec 40% de part de marché
  • Diamant (13,1% du CA) via De Beers (80% de participation)
  • Charbon sidérurgique (12,8% du CA)
  • Manganèse (2,1% du CA)
  • Nickel (2% du CA)

La répartition géographique du CA est la suivante : Royaume Uni (4%), Europe (13,3%), Chine (24%), Japon (14,8%), Inde (7,5%), Asie (18,6%), Afrique du Sud (3,5%), Afrique (5,5%), Brésil (2,6%), Chili (2,2%), Amérique du Sud (0,1%), Amérique du Nord (3,1%) et Australie (0,8%).

En 2023, Anglo American a fait face à certaines difficultés. Avec une baisse de 13% de ses revenus annuels et une chute plus significative de 31% de son EBITDA, réduisant la marge d'exploitation de 10 points à 23%. 

La baisse des prix des matières premières, notamment le platine et le diamant, a impacté les revenus de 5,5 milliards USD. 

Pour rebondir, le groupe mise sur des projets prometteurs comme le développement d'un projet de cuivre et d'engrais avec Woodsmith au Royaume-Uni et l'exploitation d'un minerai de fer de haute qualité avec Serptina.

Un nouveau plan stratégique

Suite au rejet des offres de BHP, Anglo American a annoncé un plan de réorganisation de ses actifs. L'entreprise envisage de se séparer de ses divisions moins performantes, notamment en scindant ou en vendant ses activités liées au charbon sidérurgique, au nickel, aux diamants et au platine. Une offre d'achat pour la division de charbon sidérurgique est déjà en cours de discussion avec un acheteur anonyme.

Le PDG Duncan Wanblad a souligné que l'intervention de BHP a simplement accéléré un processus déjà en cours. La révision stratégique, initiée en réponse à une chute drastique du bénéfice annuel, a conduit à envisager une scission de l'unité de platine en difficulté, Amplats, cotée à Johannesburg, ce qui a provoqué une baisse initiale de 10% de l'action. Cependant, la valeur a été partiellement récupérée grâce à une hausse de 2,3% des actions de Kumba Iron Ore.

Anglo American se concentre désormais sur le cuivre et le minerai de fer, ses segments les plus rentables, représentant ensemble 47% des revenus.

"Une entreprise profondément simplifiée générera une valeur durable en transformant radicalement la performance opérationnelle et en réduisant les coûts", a déclaré Wanblad.

En parallèle, Anglo ralentit le développement de son projet d'engrais Woodsmith et cherche des partenariats stratégiques pour des alternatives moins coûteuses. La société prévoit également de rationaliser ses capex, passant de 1 milliard de dollars en 2024 à zéro en 2026.