"Pouvez-vous commenter vos résultats 2010-2011 et les évolutions du marché des soins à domicile au cours des douze mois écoulés ?
La tendance globale est favorable. Nous avons retrouvé une croissance organique plus dynamique : +6% contre +2-3% sur les deux exercices précédents. Les principaux moteurs de croissance ont été les activités de nutrition-perfusion (+14%), les soins à domicile ainsi que l’activité de nos magasins qui s’est bien tenue en dépit du contexte économique difficile. Il faut dire que nous sommes relativement épargnés par les aléas de la conjoncture. L’essentiel de notre chiffre d’affaires se fait sur des produits de première nécessité ou remboursés par l’Assurance maladie (seul 20% de nos produits sont non remboursés). Dans ces domaines, nous commençons à récolter les fruits des actions commerciales auprès des prescripteurs (médecins spécialistes) avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration.

Et sur nos principaux marchés, il reste d’énormes besoins non satisfaits. Par exemple, le corps médical estime que le syndrome d’apnée du sommeil touche 6 à 8% de la population française. Le nombre de personnes appareillées tourne autour de 400 000 : il y a un déficit d’équipement très important.

Vous avez également réalisé plusieurs acquisitions cette année, pouvez-vous nous en dire un mot ?

Effectivement, nous avons initié pour la première fois depuis de nombreuses années une démarche de croissance externe, avec des acquisitions ciblées. Il y a d’abord eu en octobre 2010 Medikea, une société toulousaine spécialisée dans la stomathérapie et l’autosondage urinaire. Ce marché, nouveau pour nous, est estimé autour de 180 millions d’euros et devrait générer un chiffre d’affaires de 6 millions en année pleine en intégrant également l’activité de la sociét AB2M que nous venons également d’acquérir dans le secteur. Par ailleurs, en juin 2011, nous avons racheté A à Z Santé, une PME parisienne qui est venue renforcer notre positionnement en assistance respiratoire, en particulier sur l’oxygénothérapie. Elle devrait nous apporter un chiffre d’affaires de près de 2 millions d’euros en année pleine.

Ces acquisitions correspondent à la stratégie du groupe de se renforcer dans des métiers à plus forte valeur ajoutée, où le service médical rendu est plus important que dans nos métiers traditionnels de fourniture d’équipements médicaux. Notre objectif, à terme, est de prendre en charge des pathologies lourdes à domicile, au travers à la fois d’équipements (lits médicalisés, consommables) et de traitements (assistance respiratoire, nutrition-perfusion, stomathérapie,…) réalisés par du personnel médical ou spécialement formé.

Les impératifs budgétaires de l’Etat et de l’Assurance maladie ne sont pas une menace pour vos marges ?

Nous sommes constamment en discussions avec nos autorités de tutelle en ce qui concerne la prise en charge tarifaire de nos produits et services. Depuis plusieurs années, l’Etat cherche à réduire les dépenses de l’Assurance maladie. Il n’y a pas une augmentation de la pression cette année, même si ces autorités ont à cœur de prendre en charge les soins au juste prix. C’est le cas notamment dans le domaine de l’assistance respiratoire, où la prise en charge a tendance à diminuer avec la baisse du coût des équipements. Cela a évidemment un impact négatif sur nos résultats mais il est compensé par le développement d’autres activités.

Par ailleurs l’Etat cherche à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, car c’est une solution moins onéreuse que la prise en charge en établissement médicalisé. Il n’y a pas de logique de déremboursement massif comme dans d’autres secteurs de la santé.

En dépit de votre activité peu cyclique, votre cours de bourse n’a pas échappé à la correction de ces derniers mois. Comment voyez-vous votre avenir sur les marchés financiers ?

Nous subissons le contexte macroéconomique au même titre que l’ensemble des autres entreprises cotées. Et nous souffrons de notre statut de « small&mid cap » qui a tendance à faire fuir les investisseurs en période de turbulences sur les marchés. Si cette situation de sous-valorisation perdurait, nous pourrions être amenés à nous poser la question d’une diminution du flottant (autour de 40% aujourd’hui), voire d'un retrait de la cote. Mais cela n’est pas d’actualité. Nous attendons de voir comment les marchés évoluent, et ferons le point début 2012 après nos résultats du premier semestre.
"