Les séances au terme desquelles Atos SE et Orpea sont les deux plus fortes hausses du SRD parisien sont toujours un peu suspectes. Elles montrent l'appétit insatiable du marché pour les valeurs spéculatives, parce qu'elles peuvent apporter une bonne dose d'adrénaline. Evidemment, à côté de ces dossiers, essayer d'investir dans Bic ou Orange est à peu près aussi excitant que de regarder de la peinture sécher. On va beaucoup parler d'Atos sur les marchés ce matin, parce que le groupe informatique en déconfiture, galvanisé hier par l'intérêt manifesté par Walter Butler, a présenté son plan de redressement. J'attire votre attention sur le fait que compte tenu des besoins du groupe "un accord global de refinancement entraînera une dilution significative des actionnaires existants". C'est ce que dit le communiqué du jour et c'est ce que nous rappelons depuis longtemps : quand une société est dans une telle situation, les porteurs de dette prennent systématiquement le dessus sur les porteurs d'actions, parce qu'ils sont juridiquement mieux positionnés, ce qui aboutit TOUJOURS à une destruction de valeur pour les actionnaires. Gardez toujours ça à l'esprit quand vous voulez tenter de tels paris (on avait prévenu dès le début sur Orpea et Casino en se faisant parfois copieusement injurier, mais ça se passe malheureusement la plupart du temps comme ça). En l'espèce, Atos n'a pas annoncé de plan de sauvetage pour l'instant, mais a présenté ses besoins et ses objectifs à moyen terme, pour attirer des projets de sauvetage, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Pour gérer le court terme, des accords financiers ont été signés avec certaines banques, des porteurs de dette et l'Etat. Les parties prenantes existantes d’Atos et les investisseurs tiers peuvent soumettre des propositions de financement incluant l’apport de nouveaux fonds d’ici le 26 avril 2024, a indiqué l'entreprise.

Pour revenir au parcours des marchés actions hier, l'Europe a rebondi après avoir fort mal terminé la semaine précédente. Les gains ont généralement été compris entre 0,4% pour les marchés les moins dynamiques (Suisse, Royaume-Uni, Belgique) et 0,9% pour les plus inspirés (Italie, Allemagne, France). Il n'y a pas grand-chose à dire sur ces séances du début du mois d'avril, si ce n'est qu'elles sont coincées entre deux saisons de publications et que l'Europe continue à imiter les circonvolutions de Wall Street. La place américaine a rebondi assez fort vendredi en dépit de la confirmation que le chemin vers la réduction des taux de la Fed ne sera pas un long fleuve tranquille. Hier, les principaux indices américains ont végété autour de l'équilibre, au bout d'une séance soporifique. Les grands indices ont évolué dans un canal assez étroit depuis les records du 21 mars. Les investisseurs attendent la première salve de résultats du 1er trimestre, prévue vendredi, pour sortir de sous la couette. A moins que les chiffres de l'inflation américaine du mois de mars, qui seront annoncés demain, ne les forcent à sauter du lit en pyjama pour répondre à un sursaut de volatilité.

Car si l'évolution des taux de la Fed a l'air d'être reléguée au second plan, elle reste le principal facteur susceptible de changer la donne en fracturant le scénario "Boucle d'Or". Vous savez, une économie ni trop chaude, ni trop froide, qui permettrait de faire coïncider baisse de taux et réduction de l'inflation, avec de la bienveillance, des gros câlins et quelques bisous. En attendant la sortie de nouveaux indicateurs, les banquiers centraux américains ont l'air d'être à l'apéro dans le troquet du village. Il y a ceux qui sont relativement sobres et qui continuent à laisser entendre qu'il y aura trois baisses de taux cette année. Ceux qui ont déjà un peu taquiné l'anisette et qui pensent que deux, c'est déjà pas si mal. Et puis on a les bruyants, qui en sont à leur troisième pinte et qui se déchirent entre zéro baisse de taux et quatre ou cinq. D'ailleurs, les banquiers pas centraux s'y mettent aussi. L'ancien membre de la Fed James Bullard, reconverti dans le monde universitaire, a conseillé de prendre au pied de la lettre la position de Jerome Powell et du comité : trois baisses de taux lui semblent raisonnables. Mais Jamie Dimon, l'influent patron de JPMorgan, a souligné hier dans sa lettre annuelle aux actionnaires de la banque que les conditions économiques actuelles pourraient conduire à une inflation et des taux plus élevés que ce que le marché pense. Au final, tout le monde a un avis, un peu comme toujours, et nous ne sommes pas plus avancés. Le dernier pronostic pour la décision de la Fed le 12 juin prochain l'illustre parfaitement : 48,7% de probabilité pour un statu quo et 51,3% pour une baisse de taux.

Sur les marchés financiers, les discussions tournent autour de la rumeur de rachat de L'Occitane par Blackstone. La société de Manosque, cotée à Hong Kong, pourrait être valorisée 6,5 milliards de dollars. Il est aussi question d'Elon Musk et de sa prophétie selon laquelle l'IA sera plus intelligente que l'humain le plus intelligent dès l'année prochaine. Reste à s'entendre sur le terme d'intelligence, ce qui n'est pas le moindre des problèmes.

En Asie Pacifique ce matin, le vert domine avec des hausses de 0,8% au Japon et à Hong Kong, pendant que l'Inde et l'Australie s'adjugent 0,5%. La Corée du Sud et la Chine continentale reculent légèrement. Les indicateurs avancés européens sont hésitants.

Le CAC40 démarre la séance en baisse de 0,35% à 8091 points. Le SMI perd 0,2% à 11 523 points. Le Bel20 abandonne 0,2% à 3844 points.

Les temps forts économiques du jour

Aucun indicateur majeur n'est attendu aujourd'hui, même si les investisseurs gardent en général un œil sur l'indice NFIB des petites entreprises américaines (12h00). Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0856 USD. L'once d'or est ferme à 2343 USD. Le pétrole reste proche de ses pics récent, avec un Brent de Mer du Nord à 90,58 USD le baril et un brut léger américain WTI à 86,04 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se maintient à 4,41%. Le bitcoin se négocie 71 252 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Dassault Aviation : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 215 à 240 EUR.
  • EssilorLuxottica : HSBC passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 210 EUR à 205 EUR.
  • Hornbach Holding : Quirin Privatebank AG démarre le suivi à conserver avec un objectif de cours de 69,10 EUR.
  • Ipsos : Citigroup maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 80 à 85 EUR.
  • Klépierre : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 24 à 26 EUR.
  • Lonza : HSBC maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 540 à 610 CHF.
  • Mips : SEB Bank démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 485 SEK.
  • Renault : Barclays passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 36 EUR à 60 EUR.
  • Rémy Cointreau : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 130 à 120 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 360 à 390 EUR.
  • Thales : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours relevé de 160 à 170 EUR. Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 166 à 180 EUR.
  • Thule Group : SEB Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 335 à 360 SEK.
  • Yellow Cake : Canaccord Genuity maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 645 GBX à 705 GBX.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BioMérieux confirme ses objectifs pour 2024 après une croissance proche de 10% au T1.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • EssilorLuxottica finalise l'acquisition de Washin et renforce sa présence dans la distribution optique au Japon.
  • TotalEnergies étend son partenariat avec Sonatrach en Algérie dans le GNL.
  • Bouygues Immobilier prévoit 225 licenciements en raison de l'affaiblissement du marché de la construction.
  • Atos a présenté le cahier des charges de son sauvetage, qui va nécessairement diluer ses actionnaires.
  • Sonoco Products signe un contrat d'achat d'électricité pour la production du projet éolien Big Sampson d'Engie.
  • Atos a présenté le cahier des charges de son sauvetage, qui va nécessairement diluer ses actionnaires.
  • Le trafic camions de Getlink baisse en mars mais le trafic passagers progresse.
  • Le volume des transactions au comptant d'Euronext baisse en mars.
  • Voltalia lance une centrale photovoltaïque au Royaume-Uni.
  • Bastide remporte un contrat de 10 M€ par an pour une durée minimum de 7 ans au Royaume-Uni.
  • Synergie s'offre IPA Personnel Services en Australie.
  • Miramar est en train d'organiser une rencontre avec les dirigeants de Micropole pour discuter du projet d'OPA.
  • SQLI vend Aston à Talis Éducation.
  • Intrasense et Guerbet annoncent la certification CE de Myrian 2.12.
  • Medincell va recevoir 6 M$ d'Unitaid pour financer l’étude clinique de phase 1 du traitement injectable à durée d'action prolongée mdc-STM contre le paludisme.
  • Global Bioenergies dispose de lettres d'intention représentant 70 M€ de chiffre d'affaires pour sa future usine dont la production doit démarrer en 2027.
  • Hydrogen Refueling Solutions a reçu un financement bancaire de 3,1 M€ pour sa zone de tests de stations de ravitaillement en hydrogène.
  • Vergnet émet un emprunt obligataire de 1,5 M€ au profit d'Hexagon Conseil, non dilutif mais apparemment avec une faculté de remboursement en actions (?).
  • Biophytis lance l'étude clinique de phase II avec BIO101 pour déterminer si le candidat peut améliorer la mobilité et la force musculaire des patients obèses.
  • Cellectis et MAAT Pharma présentent des données lors de congrès médicaux.
  • Les principales publications du jour : Biophytis, Cogra

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

En Europe

  • UBS envisage d'échanger sa participation dans Credit Suisse China avec Pékin, selon Bloomberg.
  • Fincantieri enregistre une commande de quatre nouveaux navires de croisière de la part de Norwegian Cruise.
  • Shell envisage toutes les options, y compris une cotation à New York, selon Bloomberg.
  • Aviva finalise le rachat des activités d'assurance vie d'AIG.
  • Imperial Brands prévoit une hausse de ses bénéfices au premier semestre grâce à une forte augmentation des prix du tabac.
  • HSBC vend ses activités en Argentine à Galicia pour 550 M$.
  • BP Plc en pourparlers pour céder une partie de ses actifs pétroliers et gaziers à Trinité-et-Tobago, selon Reuters.
  • ISS recommande aux investisseurs de Telecom Italia de confier un nouveau mandat à l'administrateur délégué.

Aux Etats-Unis / Canada

  • Eli Lilly lance la construction d'une usine en Allemagne pour augmenter la production de médicaments amaigrissants.
  • Chevron cède ses parts dans le champ gazier de Myanmar à la junte et à la société thaïlandaise PTTEP.
  • Applied Materials pourrait reporter ou annuler la construction d'un centre de R&D californien de 4 Md$, selon le SF Chronicle.
  • Tesla règle à l'amiable un litige concernant un décès lié à son Autopilot.
  • Accenture réalise l'acquisition d'Axis en Espagne.

En Asie Pacifique

  • Blackstone est sur le point de conclure un rachat de L'Occitane International, cotée à Hong Kong, a rapporté Bloomberg.
  • Bain Capital vend 429 M$ d'actions de la banque indienne Axis Bank.
  • Shin-Etsu Chemical va investir 545 M$ dans une usine de matériaux pour puces électroniques.
  • Pegatron, en pourparlers avec le groupe Tata pour une coentreprise en Inde.

Les principales publications du jour : Unite, Public Power Corporation, KaufmanTout l’agenda ici.

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