Les dynamiques opérationnelles de BCE — maison-mère de l'opérateur Bell — évoluent au rythme d'un métronome. Côté positif, on salue l'absolue stabilité des marges ; côté négatif, la baisse préoccupante de la rentabilité alors même que l'effet de levier augmentait sensiblement. 

Ceci vaut à l'action de revenir sur les niveaux de cours où elle se trouvait il y a dix ans. Avec un rendement sur dividende de 7.5% et aucune perspective de croissance — hors capacité à répercuter l'inflation — les investisseurs continuent d'approcher le titre comme une obligation. 

Dominé par des grands fonds de pension concentrés en premier chef sur le rendement, le marché canadien, on le sait, regorge de situations de ce type, par exemple dans le secteur des banques ou des opérateurs de pipeline. 

Le dividende par action BCE passe de $2.2 en 2013 à $3.7 en 2023, soit un taux de croissance annualisé de 5.3% supérieur à l'inflation sur la période. Si cette dynamique se poursuivait sur le prochain cycle, on pourrait attendre un dividende d'au moins $6 par action en 2033. Vu sous cet angle, la proposition d'acquérir des titres aux alentours de $50 fait sens. 

Cette projection prend néanmoins du plomb dans l'aile depuis quelques temps. La génération de cash est en baisse notable sur les derniers exercices, et on entrevoit déjà le risque qu'elle ne couvre plus la distribution de dividendes qui elle doit augmenter chaque année pour satisfaire les exigences des actionnaires. 

Disputé entre Rogers, Telus et Bell, le marché canadien des télécommunications a profité d'une très forte augmentation de la population liée à la politique d'immigration ultra-volontariste du gouvernement Trudeau. Cette dernière est cependant en train d'atteindre un point d'inflexion, causé entre autres par une pénurie critique de l'offre de logements. 

Couplé à des taux de financement qui seront assurément plus élevés sur les prochain cycle qu'au long du précédent, et avec en toile de fond de lourds investissements d'infrastructure requis dans la fibre et la 5G, ce bouleversement risque de compliquer les choses — et de perturber le métronome.