En Europe, la guerre en Ukraine a propulsé le prix du gaz naturel à deux fois le prix payé au Japon et à plus de cinq fois le prix payé aux États-Unis. Mi-2022, le Congrès américain a approuvé l'Inflation Reduction Act, un éventail de mesures chiffré à 386 milliards de dollars sous la forme de subsides et de baisses d'impôts, pour tenter de convaincre les entreprises d'aller produire aux États-Unis. En Belgique vient s'ajouter l'indexation (importante) des salaires. L'industrie à forte intensité énergétique finira-t-elle par déserter l'Europe ?
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Quels sont les dangers qui menacent l'industrie européenne ?

Fin septembre 2022, quatre fédérations sectorielles européennes à forte intensité énergétique ont lancé un appel à l'aide à la Commission européenne : « Nous risquons d'entrer dans l'ère de la désindustrialisation de l'Europe ». Depuis lors, le prix du gaz a sensiblement baissé, mais nous continuons à payer beaucoup plus qu'en Asie et aux États-Unis.

S'y ajoute le plan américain Inflation Reduction Act (IRA). Son objectif consiste à développer, par le biais de subsides et de réductions d'impôts, la chaîne nationale d'approvisionnement de composants pour les panneaux solaires, batteries et voitures électriques produits aux États-Unis. Les Américains dont le revenu est considéré comme faible ou moyen bénéficieront d'une réduction de prix entre 4.000 et 7.500 dollars lors de l'achat d'une voiture électrique - neuve ou d'occasion - produite aux États-Unis.

Avec l'IRA, les Américains veulent réduire leur dépendance envers la Chine. D'après le président français Emmanuel Macron, cela résoudra peut-être les problèmes aux États-Unis, « mais cela aggravera les miens », a-t-il ajouté. Entre-temps, BMW et la société norvégienne Freyr ont annoncé qu'elles comptaient investir dans des nouvelles usines de fabrication de batteries, respectivement en Caroline du Sud et en Géorgie. Et le géant chimique BASF a indiqué qu'il comptait désormais se développer uniquement aux États-Unis et non plus en Europe.

Pour les entreprises belges, l'indexation automatique des salaires vient assombrir davantage le tableau. Au cours de la période 2022-2023, elle devrait générer une différence de salaire cumulée de 5,6 points de pourcentage par rapport à nos trois principaux voisins. En 2024-2025, ce fossé pourrait - du moins nous l'espérons - se réduire à 2,3%.

Quelles sont les lignes de défense mises en place ?

La désindustrialisation belge et européenne est-elle un phénomène inévitable ? Les Américains ne supprimeront pas leur IRA, mais des ajustements devraient être négociés afin que, par exemple, les voitures américaines comprenant des composants européens puissent également bénéficier de crédits d'investissement. La Commission européenne a bien compris le danger. À Davos, la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a promis une « puissance de feu » pour maintenir les entreprises en Europe, comme l'assouplissement des règles en matière d'aides d'État et l'octroi de financements via un fonds souverain européen à créer.

Une deuxième ligne de défense consiste à introduire une taxe carbone aux frontières. De plus en plus d'entreprises européennes paient des droits d'émission de CO2. Dans le secteur sidérurgique, deux tonnes de CO2 sont dégagées par tonne d'acier produite, ce qui représente un surcoût de 194 euros, alors que, dans la plupart des régions en dehors de l'UE, aucune taxe carbone ne s'applique. À partir de 2027, les concurrents étrangers devront payer une taxe carbone pour l'importation en Europe de produits à forte intensité énergétique. Combinée avec la baisse des émissions dans les entreprises européennes, cette mesure devrait améliorer la position concurrentielle de nos entreprises.

Enfin, on assiste à l'émergence d'un marché du GNL mondial au lieu de régional. Les différences de prix par rapport aux États-Unis ne disparaîtront pas mais devraient se réduire au fur et à mesure de la mise en service de nouveaux méthaniers et de terminaux GNL. L'industrie européenne devra encore faire le gros dos pendant quelques trimestres, voire années. Mais cette prise de conscience signifie que tant les entreprises que les autorités européennes feront tout pour remporter cette dure bataille existentielle.

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  • Belgique
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BNP Paribas Fortis SA published this content on 26 January 2023 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 26 January 2023 08:52:00 UTC.