Lorsqu'on compulse le palmarès de la séance boursière du 29 mai à rebrousse-poil, on note la présence d'Edenred, Carrefour et Casino parmi les plus fortes baisses du SBF120, au milieu des valeurs financières et de l'automobile, qui fournissent le plus gros contingent de la belle purge du jour. Depuis l'ouverture, les places européennes sont emportées par la crise politique italienne, qui a contaminé les autres pays du sud, comme le montrent la hausse des rendements des obligations d'Etat de l'Espagne, du Portugal ou de la Grèce. Mais que viennent faire les deux distributeurs et l'ancienne filiale d'Accor dans cette galère ?
La réponse se trouve de l'autre côté de l'Atlantique, plus précisément au Brésil. Le pays traverse une crise institutionnelle sans précédent, qui pèse lourdement sur la performance économique, c'est de notoriété publique. Mais elle est aggravée à quatre mois de l'élection présidentielle par une grève dure des transporteurs routiers. "En proie à des pénuries en tous genres, la crise des routiers qui démontre le manque d’infrastructures d’un pays particulièrement tributaire du transport routier, touche sévèrement la Grande Distribution dans ses approvisionnements, notamment en produits frais et désorganise la gestion de la supply chain", détaille Invest Securities, qui craint que la crise politique et sociale ne dégénère.
Edenred surexposé
Pour Edenred, il suffit de se pencher sur le dernier rapport annuel pour comprendre le problème. En 2017, le Brésil a représenté 385 millions d'euros de chiffre d'affaires opérationnel pour le groupe. C'est 30,3% de l'activité globale de l'entreprise. A titre comparatif, son marché domestique, la France, ne représente que 219 millions d'euros. L'Amérique Latine a dégagé une marge d'Ebit opérationnel de 35,9% (le groupe est présent au Brésil, en Argentine, au Mexique et au Venezuela). L'Europe 27,2%. Au Brésil, la rentabilité est alimentée par les "Solutions de mobilité professionnelle", qui ont représenté 41% de l'activité l'année dernière, alors les "Avantages aux salariés", l'autre grande branche avec 57% du chiffre d’affaires opérationnel, ont souffert du contexte économique.
Edenred, Casino et Carrefour sont donc sous surveillance, avec un risque sur les objectifs qui s'est accru ces derniers jours. La situation est sans doute plus complexe pour le dernier cité, en pleine restructuration, qui cumule les tares : crise politique avérée en Italie, crise politique potentielle en Espagne, Argentine piégée par la hausse du dollar et contexte explosif au Brésil. La nouvelle équipe de direction emmenée par Alexandre Bompard a du pain sur la planche.
Sur un an, le parcours des deux distributeurs français est très éloigné de celui de l'indice SBF120
Carrefour est le n° 1 européen et le n° 2 mondial de la grande distribution. L'activité du groupe s'organise autour de 3 types de magasins :
- hypermarchés : détention, à fin 2023, de 1 182 magasins sous les enseignes Carrefour et Atacadão ;
- supermarchés : détention de 4 146 magasins sous l'enseigne Carrefour Market ;
- autres : exploitation d'un réseau de 8 754 magasins de proximité (enseignes Carrefour Express, Carrefour City, Carrefour Contact, So.Bio, etc.), de 584 magasins Cash & Carry, de 264 points de vente (Soft discount et Sam's Club), et de sites de commerce électronique (Carrefour, Ooshop, Quitoque, etc.).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (45,9%), Europe (28,4%) et Amérique latine (25,7%).