- Klépierre vise une croissance de ses revenus avec Corio malgré une conjoncture défavorable - pdt

- Les premières prévisions pour l'ensemble Klépierre-Corio seront présentées en février

- Klépierre n'observe pas "pour l'instant" de rebond de la consommation en Europe

- Klépierre adapte sa présence géographique et sa stratégie à cet environnement

- Pour Klépierre, l'Allemagne est un marché "ouvert" où il est intéressant d'entrer

- Klépierre n'a pas identifié d'actifs significatifs à céder dans le portefeuille de Corio

- La moitié des synergies de la fusion avec Corio proviendra des économies de coûts

- Ces économies devront intervenir dans un à deux exercices

- Le président du directoire de Klépierre s'exprimait lors d'un entretien avec Dow Jones

Grâce à l'acquisition de Corio (>> CORIO), Klépierre (>> KLEPIERRE) va augmenter de moitié la taille de son portefeuille et espère ainsi accélérer la croissance de ses loyers en dépit d'un environnement de consommation durablement morose, a indiqué le président du directoire de la foncière, Laurent Morel, lors d'un entretien accordé à Dow Jones Newswires.

"Dans un environnement de la consommation qui est à croissance faible voire nulle, l'objectif de Klépierre est de continuer malgré tout à faire de la croissance des revenus", a déclaré le dirigeant. "Le patrimoine de Corio est très intéressant et par bien des aspects, ressemble déjà beaucoup à celui de Klépierre. Ce que nous voulons, c'est (...) délivrer plus de croissance sur un ensemble rassemblé", a-t-il ajouté.

Fin juillet, Klépierre a dévoilé son projet de rachat sur Corio, qui valorise le groupe néerlandais à 7,2 milliards d'euros. L'opération est la plus importante dans le secteur immobilier depuis la fusion en 2007, déjà entre un français et un néerlandais, Unibail et Rodamco.

L'acquisition de Corio va permettre de faire passer le portefeuille de Klépierre de 14 milliards d'euros à 21 milliards d'euros, ce qui en ferait le deuxième groupe immobilier coté le plus important en Europe derrière Unibail-Rodamco (>> UNIBAIL-RODAMCO). Le nouvel ensemble sera présent dans 16 pays et exploitera 182 centres commerciaux.

Accès aux régions les plus dynamiques

Selon les données 2013 en proforma, les deux groupes affichent ensemble des loyers nets de 1,2 milliard d'euros. Pour l'heure, Klépierre ne délivre pas de prévisions chiffrées sur la croissance attendue des revenus locatifs. Le groupe se livrera à cet exercice à l'occasion de l'annonce de ses résultats annuels en février. "Ce sera un moment important, puisqu'il s'agira de la première fois que nous donnerons des prévisions pour l'ensemble Klépierre-Corio", a indiqué Laurent Morel.

Depuis 2008, Klépierre doit faire face à la morosité de la consommation en Europe, qui pèse sur le chiffre d'affaires de ses commerçants et les revenus issus de ses loyers. "Nous attendons tous le rebond (de la consommation, ndlr), mais on ne le voit pas pour l'instant", explique le dirigeant. Dans cet environnement, qui se traduit par une stabilité de la consommation sur plusieurs années, le groupe doit avoir accès aux régions les plus dynamiques et parvenir à attirer dans ses centres commerciaux les enseignes qui se développent pour accroître ses revenus, souligne Laurent Morel.

"L'acquisition de Corio permet à Klépierre d'avoir accès à de nouvelles régions présentant une forte croissance démographique", pointe le dirigeant. La foncière va notamment entrer dans trois nouveaux pays, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Turquie.

"L'Allemagne est évidemment un très grand marché même si c'est aujourd'hui un marché très dispersé. Il n'y a pas du tout d'idées derrière la tête mais c'est un marché relativement ouvert encore, donc il est intéressant d'y entrer", indique le dirigeant. Les Pays-Bas, où Corio est le numéro un du secteur, "est un 'plus' très significatif pour Klépierre", affirme Laurent Morel, citant la croissance démographique et la richesse du pays.

En Turquie, l'exposition de Klépierre sera assez modeste, indique-t-il. "On verra comment on peut tirer parti de la forte croissance démographique pour investiguer ce marché. Pour Klépierre, c'est plutôt une option".

Des cessions d'actifs non stratégiques à venir

L'acquisition de Corio doit également permettre à Klépierre de faire monter en gamme son portefeuille. Corio détient notamment les centres commerciaux les plus connus en Italie et aux Pays-Bas, comme celui de Porta di Roma à Rome et de Hoog Catharijne, à Utrecht, indique Laurent Morel. "Il s'agit de positions dans les grandes capitales européennes quasiment impossibles à reproduire", explique-t-il.

Klépierre, qui a déjà cédé 3,6 milliards d'euros d'actifs depuis 2012, envisage par ailleurs de nouvelles cessions. "Nous sommes dans une permanente recherche de la croissance organique, qui passe par une grand discipline dans l'allocation de capital sur les actifs. Ca s'appliquait à Klépierre avant et ça s'appliquera à Klépierre-Corio après", indique Laurent Morel. "A ce stade, nous n'avons pas identifié une part significative du portefeuille de Corio" susceptible d'être cédée, ajoute-il. Le produit des cessions doit permettre d'alimenter les projets de développements, qui s'élèvent pour le nouvel ensemble à 3 milliards d'euros.

Des synergies attendues d'ici 3 à 5 ans

De sa fusion avec Corio, Klépierre espère générer 60 millions d'euros de synergies par an d'ici trois à cinq ans. La moitié des synergies proviendront des économies de coûts, qui devraient intervenir dans un ou deux exercices, indique Laurent Morel. "Les synergies de revenus seront plus longues à comptabiliser. Les centres commerciaux représentent de très gros actifs pour lesquels les processus d'investissement et de revalorisation prennent du temps", explique-t-il.

L'offre de rachat de Klépierre sur Corio doit être lancée avant la fin du mois d'octobre, avant une finalisation attendue en janvier 2015. La foncière compte lancer ensuite le processus de fusion avec Corio, dont la conclusion est attendue en juin. Pour le moment, Laurent Morel ne souhaite pas communiquer le nom que pourrait prendre le nouvel ensemble.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com

Valeurs citées dans l'article : CORIO, KLEPIERRE, UNIBAIL-RODAMCO